Décryptage

Comment Drive to Survive a transformé la F1 en The Real Housewives

06 mars 2025
Par Marion Dos Santos Clara
“Drive to Survive”, saison 7, le 7 mars sur Netflix.
“Drive to Survive”, saison 7, le 7 mars sur Netflix. © Netflix

Lewis, Max, Charles et les autres débarquent pour une septième saison sur Netflix dès le 7 mars prochain. Depuis 2019, la plateforme met en scène les aventures à haute vitesse des 20 meilleurs pilotes du monde à bord de leur Formule 1. Et le succès du show a rendu ce sport aussi addictif qu’une téléréalité.

Les fans attendent avec impatience le retour de Formula One: Drive to Survive, la série documentaire qui dévoile les coulisses du sport mécanique le plus scruté au monde : la Formule 1. Avec son scénario bien ficelé, ses rebondissements et ses histoires de rivalités un poil exacerbées, le show a changé la F1 à jamais. Désormais, le sourire de Daniel Ricciardo et la mauvaise humeur de Max Verstappen s’élèvent au rang de memes sur les réseaux sociaux, au même titre que les scènes cultes des nouvelles séries à la mode.

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Un feuilleton pour rendre la F1 plus accessible

Avant l’acquisition des droits commerciaux par Liberty Media en 2017, la F1 était considérée comme un sport automobile de niche, avec ses concepts d’ingénierie complexes, limitant son audience. Pour attirer les jeunes fans avec une expérience plus immersive et des personnages qu’ils pourraient soutenir, l’entreprise a eu l’idée d’un documentaire sur les coulisses.

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Au départ, Ferrari et Mercedes ont demandé à être exclues du tournage, craignant que leurs stratégies ne soient exposées et préférant se concentrer sur la course. Mais après le succès de la première saison, les deux équipes ont changé d’avis. Elles ont rapidement réalisé que la série ne se concentrait pas sur le jargon technique, mais plutôt sur des récits qui rendaient le sport plus accessible.

Un parti pris que revendiquent James Gay-Rees et Paul Martin, à la tête de Box to box, la société de production aux manettes de Drive to Survive. « C’est un feuilleton, affirme à Insider James Gay-Rees. Dès que l’on s’éloigne de la version des relations publiques du sport moderne et que l’on entre dans la réalité, les gens s’investissent dans les personnages. »

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Sans les deux protagonistes de la course au titre, les producteurs ont dû faire la chronique des hauts et des bas des équipes les moins en vue de la grille, telles que Haas, Renault et Williams. Pour autant, dès la première saison en 2019, le succès était au rendez-vous : la série était, à sa sortie, la cinquième la plus visionnée sur Netflix en France.

Mais c’est la deuxième salve, sortie au moment du confinement, qui a véritablement propulsé l’œuvre et fait décoller les audiences. La saison 5 de la série a cumulé 90,2 millions d’heures de visionnage entre les mois de janvier et juin 2023, soit la 115ᵉ meilleure audience enregistrée par la plateforme de streaming durant ce même semestre.

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En plus d’attirer un nouveau public, plus jeune et plus féminin, l’émission a fait la promotion de ce sport en perte de vitesse. Un sondage réalisé en 2022 auprès de près de 1 900 adultes américains se déclarant fans de F1 a montré que 53 % d’entre eux ont attribué à Drive to Survive la raison pour laquelle ils sont devenus des téléspectateurs de courses de la catégorie.

Personnalités fortes, conflits et rivalités : la F1, une téléréalité comme une autre ?

Dès le départ, la série a cherché à montrer la personnalité des pilotes et à les humaniser. « Le fait que les pilotes soient très accessibles et modernes est une bonne chose », explique Gay-Rees à Esquire. Non plus perçus comme des casques sans âme, mais comme de véritables athlètes aux personnalités diverses et attachantes, les noms de Valtteri Bottas, George Russell et de leurs camarades ont atteint des sphères de notoriété jusque-là réservées aux champions.

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Le monde du sport est une téléréalité comme une autre. Très vite, ceux qui ont compris cela sont devenus les stars du show et de grandes personnalités sont apparues. Le directeur de Red Bull, Christian Horner, a joué un rôle de premier plan en tant que figure de division. Daniel Ricciardo, le pilote australien au sourire ravageur, a davantage brillé par sa sympathie et son énergie que par ses performances en piste, attirant des hordes de nouveaux fans.

La plus grande et la plus inattendue des stars s’est révélée être l’ancien patron de Haas, Günther Steiner. La capacité de l’Italien à trouver de l’humour dans toutes les situations, même les plus désastreuses, lui a rapidement valu un véritable culte. Ses répliques ont donné naissance à toutes sortes de produits dérivés.

Grâce à un mélange de séquences diffusées, d’interviews enregistrées et d’angles de caméras embarquées, la série s’apparente à un affrontement de gros égos, de luttes de pouvoir tendues et de trahisons. « C’est comme Succession ou Billions… Beaucoup d’argent, des gens qui ont des intérêts à défendre et un monde impitoyable, explique Matt Rudge, l’un des showrunners, à GQ. Ce n’est pas le drame sur la piste qui compte. C’est le drame en dehors de la piste. »

Tout fan de The Real Housewives peut déceler la formule d’une franchise idéale : des personnages hauts en couleur, des conflits et rivalités et un peu de rupture du quatrième mur. Le tout sur un fond de jets privés et de yachts, de vêtements de créateurs et montres de luxe, et de retraites dans des maisons de vacances en bord de mer.

Trop de scénarisation et de dramatisation ?

Il n’est pas toujours évident de trouver le juste équilibre entre authenticité et scénarisation dans le montage des épisodes. Parmi les critiques récurrentes, la tendance à la dramatisation dont fait preuve Drive to Survive est pointée du doigt. Personne n’a autant exprimé ce point de vue que le quadruple champion du monde en titre de Formule 1, Max Verstappen, qui a refusé de répondre aux interviews de la production pendant la saison 2021.

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Le Néerlandais avait dénoncé la fâcheuse tendance à la dramatisation dont elle fait preuve. Auprès de l’agence Associated Press, il accusait DTS d’avoir « inventé beaucoup de choses » et « créé des rivalités qui n’existent pas vraiment ». Le pilote, déjà peu bavard avec les médias, avait stoppé toute interview avec l’équipe de Netflix, avant d’opérer un bref retour dans la saison 5, puis de retourner sa veste.

« C’est une série télé. C’est comme les Kardashian sur roues, et on passe très vite du statut de héros à celui de méchant », avait, quant à lui, déclaré Christian Horner dans une interview avec The Standard avant le Grand Prix d’Azerbaïdjan en avril 2023.

Certains spectateurs, qu’il s’agisse d’anciens pilotes ou de chroniqueurs de sport automobile, ont également exprimé le soupçon que les décisions au sein du sport soient prises en tenant compte de leur valeur de divertissement, en particulier après la fin controversée de la saison 2021, lorsque Verstappen a arraché le titre à Hamilton dans le dernier tour. Une chose est sûre : la saison 7, qui revient sur les moments marquants de 2024, promet déjà son lot de rebondissements.

Quelles ont été les coulisses du transfert du siècle de Lewis Hamilton chez Ferrari ? La rupture nette entre Ocon et Alpine sera-t-elle abordée ? En saura-t-on davantage sur les tensions entre Russell et Verstappen ? Une mise en bouche parfaite avant le début de la saison 2025, dont le coup d’envoi sera donné lors du Grand Prix d’Australie du 14 au 16 mars.

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