Décryptage

Comment Dynasty Warriors a créé un genre à part entière qui passionne encore les joueurs

13 janvier 2025
Par Valérie Précigout (Romendil)
“Dynasty Warriors : Origins”, le 17 janvier sur PC, PS5 et Xbox Series.
“Dynasty Warriors : Origins”, le 17 janvier sur PC, PS5 et Xbox Series. ©KOEI TECMO GAMES CO., LTD.

Remis au goût du jour plus de 25 ans après ses débuts, le concept de Dynasty Warriors a réussi à créer et à pérenniser un nouveau genre : le « musô ». Déclinée dans des dizaines de titres inspirés de licences fortes, la formule revient à ses origines dans un épisode qui fait figure d’événement.

La sortie de Dynasty Warriors: Origins est l’aboutissement d’un parcours mouvementé qui s’étale sur presque trois décennies. Si l’on veut revenir aux origines véritables de cette franchise, il nous faut rappeler qu’elle commence en 1997 sur PlayStation. À l’époque, le titre du studio Omega Force, édité par Koei, est encore très loin de revêtir la forme singulière qui fera sa renommée dès l’épisode suivant. Il s’agit en effet d’un jeu de combat classique en un contre un, qui ne se distingue pas encore par ses batailles à très grande échelle.

L’évolution de la saga Dynasty Warriors depuis 1997.

Il faut attendre l’arrivée du deuxième opus sur PS2 en 2000 pour que la franchise Dynasty Warriors acquière enfin ses particularités. Intitulé Shin Sangoku Musô dans son pays d’origine, le soft invente alors un genre inédit sur la scène des jeux d’action : le « musô ». En s’inspirant du célèbre classique chinois L’histoire des trois royaumes, la saga d’Omega Force invite les joueurs à revivre des batailles épiques dont l’objectif est la conquête de la Chine.

La carte du monde de Dynasty Warriors: Origins intègre aussi des missions d’escarmouche.©KOEI TECMO GAMES CO., LTD.

La guerre des trois royaumes

Les royaumes de Wei, Shu et Wu s’affrontent sans merci dans des batailles à grande échelle impliquant plusieurs centaines d’unités. Généraux et fantassins doivent remplir des objectifs précis qui gagneront en subtilité au fil de l’évolution de la franchise. La technologie aidant, la représentation des batailles deviendra également plus crédible, les cavaliers pouvant même combattre depuis leurs montures.

Dynasty Warriors: Origins donne encore plus de dimension aux batailles à grande échelle.©KOEI TECMO GAMES CO., LTD.

La possibilité de choisir des commandants prestigieux parmi plusieurs dizaines de héros a aussi contribué à renforcer l’attrait de la série auprès des connaisseurs. En Occident, l’exotisme des batailles historiques menées par Liu Bei, Cao Cao ou Sun Jian trouve rapidement son public. La liberté offerte par la taille des environnements 3D ainsi que la qualité des animations de combat en temps réel exercent une certaine fascination sur les joueurs.

Tous les fondamentaux de la série sont de retour dans Dynasty Warriors: Origins.

La série renferme surtout une vraie part de stratégie dans la manière de mener les batailles, qui ne se résume pas à occire des ennemis par centaines. La prise de forts et la protection des avant-postes imposent une lecture minutieuse de la carte. Le joueur doit être prêt à tout moment à revoir ses priorités en changeant d’objectif dès que nécessaire. Cette composante clé de la formule Dynasty Warriors sera plus ou moins bien exploitée dans les dizaines de spin-offs qui verront le jour par la suite.

Dynasty Warriors: Origins permet de choisir librement ses alliés.©KOEI TECMO GAMES CO., LTD.

À chacun son “musô”

Pour éviter que le rythme intensif de sortie des épisodes de la saga Dynasty Warriors ne finisse par lasser les fans, Koei tente assez rapidement de proposer des crossovers basés sur d’autres licences fortes. La première à vraiment marquer les esprits convoque les méchas de la série Gundam dans une réécriture SF de la franchise. Mais transposer ce concept dans un univers aussi éloigné nécessite des modifications considérables que le studio est encore loin de maîtriser.

Dynasty Warriors: Gundam ouvre la voie aux spin-offs les plus improbables.

La formule mettra ainsi des années à évoluer avant de réussir à convaincre les joueurs que la démarche du crossover n’est pas seulement opportuniste. Le jeu One Piece: Pirate Warriors et ses suites s’efforcent par exemple de retracer une bonne partie du manga en calquant leur design sur celui de l’anime. En conservant la logique de prendre un maximum de territoires pour remporter la partie, le soft ne trahit ni ses origines ni la licence dont il s’inspire, chaque zone étant défendue par les plus grands antagonistes du manga.

One Piece: Pirate Warriors 4 peut compter sur de nombreux packs de personnages.©KOEI TECMO GAMES CO., LTD.

Zelda et Dragon Quest en invités d’honneur

Le tournant s’opère vraiment en 2014 avec le lancement d’Hyrule Warriors. L’annonce d’une fusion entre Dynasty Warriors et The Legend of Zelda ne manque pas de diviser le public, mais ceux qui daignent s’y essayer peinent à décrocher… Car ce spin-off réalisé par Omega Force et la Team Ninja est un hommage sincère à l’univers du titre de Nintendo. Les routines tactiques du musô y sont exploitées de manière pertinente pour rendre les batailles captivantes de bout en bout. Il ne se passe pas cinq minutes sans que des imprévus nous obligent à revoir les priorités de nos objectifs de mission, ce qui rend la progression extrêmement prenante.

Hyrule Warriors: Definitive Edition est l’un des spin-offs les plus complets à ce jour.

Le succès n’arrivera cependant qu’en 2020, lorsque Hyrule Warriors : l’ère du fléau s’appuiera sur la renommée sans précédent de Zelda: Breath of the Wild pour convaincre les plus réticents de venir s’y plonger. Entre-temps, d’autres crossovers viennent marquer les esprits. Si les adaptations inspirées des mangas Arslan et Berserk sont plutôt à oublier, ce n’est pas le cas des deux épisodes de Dragon Quest Heroes qui mettent en avant le bestiaire légendaire de la saga dans un titre qui multiplie les clins d’œil aux différents volets.

Dragon Quest Heroes 1 et 2 sont un concentré de pur fan service.

Dans tous ces jeux, la quête du 100 % aide à pallier la répétitivité d’une formule qui continue de se bonifier au fil des années. Les parties en coopération se révèlent aussi bien plus fun que les batailles en solo, même si cela se fait souvent au détriment de la fluidité des animations, comme dans la série des Fire Emblem Warriors.

Fire Emblem Warriors combine son esprit tactique à la formule musô.

Même si l’exploitation de la formule est quelque peu abusive, le pari de recréer la frénésie des champs de bataille en proposant des objectifs ciblés pour chaque groupe d’unités continue de démontrer son efficacité.

Le juste retour aux origines

Le retour aux sources opéré par l’intermédiaire de Dynasty Warriors: Origins intervient alors que la licence est en perte de vitesse. Cette sortie est donc à la fois légitime et risquée, dans le sens où il est devenu urgent de redéfinir un cap pour les prochaines itérations. Afin de convaincre les joueurs que la série ne reste pas campée sur ses acquis, ce nouvel opus mise donc sur une plus grande technicité des affrontements via le contrôle d’un avatar personnalisable.

Présentation des particularités de Dynasty Warriors: Origins.

Le titre gagne ainsi en immersion, nous faisant côtoyer les plus grandes figures de la période des trois royaumes dans des joutes moins surréalistes que par le passé. Il est même possible de défier des officiers ennemis en duel. Le maniement des armes passe par différents niveaux de maîtrise, impliquant une palette de compétences particulièrement étoffée. Quant au moral des troupes, il constitue toujours un élément décisif susceptible de renverser le cours des batailles.

Les pertes se comptent par centaines dans Dynasty Warriors: Origins.©KOEI TECMO GAMES CO., LTD.

Sachant que l’histoire s’étend de la rébellion des Turbans jaunes à l’apogée de la bataille de Chibi, cette plongée au cœur de la Chine ancestrale devrait s’imposer comme la recréation la plus épique de l’Histoire des trois royaumes sur PC et consoles.

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