En quelques années seulement, Vivan Maier s’est imposée comme l’une des plus grandes photographes du XXe siècle. Son travail est actuellement à découvrir au musée du Luxembourg, à Paris.
Vivian Maier est née à New-York en 1926. Elle a commencé à exercer le métier de gouvernante d’enfants dès 1951, d’abord à New-York, puis à Chicago jusque dans les années 90. Quelques années après sa mort, en 2007, les négatifs de ses très nombreuses photographies sont découverts par deux collectionneurs. La qualité de ces images les frappe immédiatement : le travail de Vivian Maier est enfin révélé au grand jour. Depuis, de nombreuses expositions ont été consacrées à l’artiste dans le monde entier ; le mystère qui entoure sa vie et sa pratique est aussi fascinant que le sont ses photographies. L’exposition du Musée du Luxembourg, à Paris, consacre en ce moment et jusqu’au 16 janvier prochain une rétrospective complète à cette photographe sans pareille.
Un parcours atypique
Gouvernante et nourrice à domicile, Vivian Maier semble avoir consacré le moindre de ses moments de liberté à la photographie. Parcourant les villes dans lesquelles elle a vécu – New York et Chicago – et celles qu’elle a visité – Paris et Los Angeles – elle ne s’est pas lassée d’immortaliser les visages croisés, les gestes aperçus, les bâtiments longés : elle a ainsi réalisé plus de 150 000 clichés. Durant toute sa vie pourtant, les photos de Vivian Maier sont restées inconnues et non publiées – un grand nombre de négatifs n’ayant par ailleurs même pas été développés par l’artiste.
Une œuvre inestimable
Pourtant, les photographies de Vivian Maier sont aussi puissantes que belles. Témoignant d’une extraordinaire attention aux autres, chacun de ses clichés s’intéresse, d’une façon ou d’une autre, à celles et ceux qui habitent les villes et les rues que la photographe parcourt inlassablement. Artiste désormais emblématique de la photographie dite « de rue », son travail ne peut ainsi manquer d’évoquer celui de Diane Arbus, de Robert Frank, de Helen Levitt ou encore de Garry Winogrand.
Dès les premières images, c’est un vocabulaire propre à l’artiste qui se dévoile : une façon de raconter son époque par des scènes de rues et des portraits de personnes rencontrées – le plus souvent dans les quartiers populaires. Un geste, une expression, une situation lui suffisent à raconter son époque.
Au coeur de la recherche de Vivian Maier, aussi, le thème de l’identité, qu’elle travaille à partir de ses nombreux autoportraits, qui se déclinent sous de multiples typologies, formant une véritable mise en abîme du dédoublement.
Une exposition exceptionnelle
La retrospective du Musée du Luxembourg donne pour la première fois accès à des archives inédites de la photographe. Le public peut ainsi y découvrir de nouvelles analyses scientifiques, des photographies tirées par l’artiste elle-même, des films super 8, ou encore des enregistrements audio. Cet ensemble de documents nous renseigne sur la recherche et sur la pratique de Vivian Maier, et lève le voile sur les nombreux aspects de sa création. Ses appareils photo sont aussi présentés, ainsi que l’un de ses emblématiques chapeaux, et des photographies issues de sa propre collection – qui permettent de comprendre ses intérêts et ses possibles influences. L’exposition présente ainsi non seulement la partie visible de l’oeuvre, mais aussi son archéologie – une façon de percer, au moins un peu, le mystère qui entoure cette photographe énigmatique.
Pour prolonger l’expérience
Deux expositions en Bretagne :
Vivian Maier e(s)t son double, au Musée de Pont-Avent, du 04/02/2022 au 29/05/2022.
Vivian Maier, New York – Chicago, au Musée des beaux-arts de Quimper, du 04/02/2022 au 29/05/2022
Un livre de photographie, une biographie et une bande-dessinée :
Vivian Maier révélée. Enquête sur une femme libre, d’Ann Marks (Delpire, 2021).
Vivian Maier, en toute discrétion, de Françoise Perron (Loco, « Histoires de photographes », 2021).
Vivian Maier, À la surface d’un miroir, de Paulina Spucches (Steinkis, 2021).
