Le collectif Les Frangines, pôle jeunesse de l’association Osez le féminisme ! publie un guide à l’usage des filles et des femmes. Un ouvrage généraliste et indispensable.
S’il est un livre à mettre entre les mains de toutes les adolescentes, à l’aube de leurs premières expériences sexuelles, ce pourrait être ce guide aussi pratique que théorique, signé des Frangines – ce collectif qui rassemble une dizaine de jeunes femmes de la vingtaine, toutes membres de l’association Osez le féminisme !. Leur Petit guide déploie de façon pédagogique et vulgarisée toutes les étapes, aussi redoutables qu’excitantes, qui constituent pour les filles et les femmes une entrée réussie dans la vie sexuelle.
« On voulait donner toutes les informations auxquelles on aurait aimé avoir accès lorsqu’on avait la rage », raconte Alyssa Ahrabare, la porte-parole du collectif. Mues par une envie de transmission, elles ont pris la plume pour apporter des réponses aux adolescentes à partir de 12 ans.
La sexualité, abordée par le prisme de la mise en garde et aussi du plaisir
Si la plupart de ces sujets sont aussi discutés sur les réseaux sociaux aujourd’hui, l’ouvrage a le mérite d’aborder la sexualité « aussi bien sous le prisme du plaisir que de la mise en garde » : du désir au consentement, en passant par les violences et la pression, le sexe n’est pas présenté comme une fin en soi, mais plutôt comme une option à choisir… ou non.
Le livre conçu par les Frangines se lit et se découvre à petites doses. Pas besoin de le dévorer d’une traite : sa structure permet de le parcourir au gré des interrogations personnelles – un chapitre sur le corps à lire depuis sa salle de bain, un miroir dans une main et le livre dans l’autre, afin de suivre pas à pas les descriptions anatomiques de la vulve, un chapitre sur la contraception à découvrir peut-être avec son ou sa partenaire ? Sur le fond, les autrices ratissent large : définition de la santé sexuelle, précis d’anatomie, témoignages sur les règles, conseils relatifs à la masturbation, statistiques sur l’obésité… L’éducation à la sexualité « ne se résume pas à l’acte sexuel », explique Alyssa. Tout le reste a un impact sur la façon dont on vit la sexualité ».
Ainsi, les Frangines sortent aisément du rapport sexuel pour aborder d’autres questions sociales – non moins intéressantes – liées à la publicité ou encore aux représentations des femmes noires dans la pop culture, par exemple. Le guide nous promène dans tous les sens ; quitte à nous perdre par moments, tant il est difficile de condenser autant de sujets en seulement 200 pages.
Sexualité et handicap, la fin des tabous
Avec douceur et pédagogie, les Frangines rappellent les évidences incontournables quand il s’agit de sexualité. Le consentement étant « indispensable mais pas suffisant, seul le désir plein et entier » doit constituer la base de toute relation sexuelle. Avec intelligence, elles déconstruisent plusieurs mythes comme celui des besoins sexuels masculins ou la pression de devoir envoyer des photos de nu à un interlocuteur sur les applications de rencontre.
L’autre apport de leur travail réside dans le caractère inclusif du projet : entre les femmes hétérosexuelles, lesbiennes, bisexuelles, blanches, noires, arabes, atteintes de handicap, minces ou grosses, presque personne n’est laissé sur le carreau. Dans le chapitre « Sexualité et handicap », des témoins rappellent par exemple à juste titre que le principal tabou autour des personnes en situation de handicap concerne justement… la sexualité. En revanche, le Petit guide pour une sexualité féministe et épanouie fait l’impasse sur la sexualité des femmes trans. « On souhaitait principalement nous concentrer sur le corps des femmes cis, puisqu’on parle surtout de vulve, de règles et de clitoris. » Si les premières concernées s’aventurent à le lire, elles ne découvriront rien à leur sujet – et on peut le regretter.
