Critique

Conclave avec Ralph Fiennes : profession de foi ?

05 décembre 2024
Par Lisa Muratore
Ralph Fiennes dans “Conclave”, le 4 décembre au cinéma.
Ralph Fiennes dans “Conclave”, le 4 décembre au cinéma. ©Diamond Films

Attendu ce mercredi 4 décembre, Conclave peut compter sur l’interprétation pleine de foi de Ralph Fiennes pour donner vie à ce thriller raffiné qui nous plonge dans les coulisses du Vatican.

Outre Wicked, adaptation cinématographique de la comédie musicale culte de Broadway, et celle du prix Goncourt 2018, Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu, les sorties du 4 décembre ont également été marquées par celle de Conclave. Réalisé par Edward Berger, le long-métrage nous entraîne dans les coulisses du Vatican alors que le Pape vient de mourir. Un conclave doit rapidement être organisé afin de savoir qui deviendra son successeur. À partir de cet instant, plusieurs jeux de pouvoir se mettent en place avec en leur centre le cardinal Lawrence, incarné par l’impeccable Ralph Fiennes (The Constant Gardener, Harry Potter, Le Menu…).

Ce dernier démontre une nouvelle fois toute l’envergure de son jeu, mais prouve aussi qu’il sait manier le costume comme personne. En effet, après s’être grimé de façon magistrale pour camper dans la saga Harry Potter le terrifiant Voldemort, c’est dans celui d’un homme de l’Église catholique qu’évolue l’acteur britannique. Enfermé dans sa robe rouge, comme étriqué par le serment qui le lie à Dieu, Ralph Fiennes incarne avec émotion et dualité le second du Pape, qui va remettre en question ses croyances après une révélation inattendue.

Dans les coulisses du Vatican

À ce propos, celle-ci fait l’objet d’un véritable retournement de situation qui interroge les principes de l’Église de nos jours et donne ainsi un relief particulièrement contemporain au long-métrage. Car, outre l’aspect thriller, qui nous embarque de façon passionnante dans les arcanes du pouvoir papal, entre magouilles politiciennes et votes corrompus, Conclave interroge la notion même de foi.

John Lithgow dans Conclave.©Focus Features

Un principe que défendait dans un tout autre registre, il y a quelques semaines, le film Heretic, thriller psychologique brillamment porté par un Hugh Grant pervers. Ici, avec son nouveau long-métrage, Edward Berger s’approprie la question de la religion en lui donnant un cadre plus formel, moins proche du pur divertissement que celui défendu par la création A24 de Scott Beck et Brian Woods.

Après s’être illustré avec À l’Ouest rien de nouveau, Oscar du meilleur film international en 2022, Edward Berger continue son étude sociologique en appliquant son cinéma non pas au monde de la guerre, mais à celui toujours aussi duel de la foi et de l’Église.

Du point de vue de la mise en scène, il confronte ainsi son personnage principal à son intime conviction, en utilisant le symbole du huis clos, du conclave, mais aussi l’habit du cardinal, comme pour signifier l’enfermement ainsi que le dilemme qui s’imposent à lui. Pour cela, et comme dans À l’Ouest rien de nouveau, le réalisateur allemand prend son temps pour poser un cadre sophistiqué et donner à sa scénographie toute la puissance qu’elle mérite.

Ainsi, les couleurs rouges, blanches et noires offrent à la photographie un pouvoir incroyable, particulièrement graphique, bien que le film peine parfois à dépasser son simple cadre contemplatif pour offrir un thriller haletant sur les coulisses de la chrétienté.

Isabella Rossellini dans Conclave.©Focus Features

Fort heureusement, malgré quelques longueurs, Conclave peut également compter sur les talents de son casting secondaire, au sein duquel on retrouve Stanley Tucci, John Lithgow ou encore Isabella Rossellini.

Enfin, l’adaptation du roman de Robert Harris est brillamment menée par le scénariste Peter Straughan, auteur entre autres du script de La Taupe, en 2012, film d’espionnage finalement de la même trempe que Conclave aujourd’hui. Autrement dit, un long-métrage qui, au-delà de reposer sur les talents épatants de sa distribution, offre un drame construit et raffiné, à découvrir dans les salles obscures à partir du 4 décembre.

Bande-annonce de Conclave.

Conclave d’Edward Berger, avec Ralph Fiennes, Stanley Tucci, John Lithgow et Isabella Rossellini, 2h00, le 4 décembre 2024 au cinéma.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste