Après avoir conquis les sommets avec Kaizen, Inoxtag se lance dans une autre ascension : celle du manga. Instinct, son premier shōnen, mélange thriller fantastique et surnaturel dans un univers sombre.
Dès son annonce, le projet avait de quoi attiser la curiosité. Après avoir marqué les esprits en septembre avec la sortie de son documentaire sur l’ascension de l’Everest, Inoxtag réalise un autre rêve en novembre 2024 : la publication de son premier manga, Instinct. Paru le 21 novembre aux éditions Michel Lafon, l’ouvrage est le fruit d’une collaboration avec Basile Monnot et Charles Compain, co-auteurs et illustrateurs. Avec ses plus de 200 pages, ce shōnen à la française revendique une ambition claire : se mesurer aux mangas japonais, en proposant un thriller fantastique et surnaturel original. Et le résultat ne manque pas de panache.
Un héros singulier dans un monde dévasté
L’histoire suit Haki, un jeune homme doté d’une capacité singulière : il peut percevoir l’aura et les intentions des personnes qui l’entourent. Ce don, qu’il vit comme une malédiction, le confronte constamment à la part sombre de la nature humaine, le poussant à une vie isolée, avec son père.
En parallèle, une maladie incurable appelée « noctus » frappe la société. Transmis dans des conditions mystérieuses, le virus marque ses victimes de taches noires sur la peau et réduit leur espérance de vie à neuf mois. Haki, lui-même touché par ce mal, découvre que le noctus n’apporte pas que des contraintes : il amplifie certaines capacités physiques et sensorielles, conférant à ceux qu’il atteint des aptitudes hors du commun.
Un scénario intriguant et plein de promesses
Bien que son résumé puisse paraître plutôt classique, ce premier tome pose les bases d’une histoire riche et complexe. La vie de Haki bascule lorsqu’il rencontre Luna, habitante d’un monde souterrain appelé « Agartha », peuplé de malades du noctus dotés de pouvoirs extraordinaires.
En parallèle, un étrange protagoniste flottant, armé d’un parapluie, fait une apparition marquante lors d’un attentat dont Haki est accusé à tort. Dès lors, le jeune homme devient un fugitif traqué par la police – une intrigue qui n’est pas sans rappeler Deadman Wonderland.
Ce premier volume laisse entrevoir plusieurs pistes captivantes : les secrets d’Agartha, les pouvoirs liés au noctus, l’identité du mystérieux antagoniste, ou encore les origines du don unique de Haki, qui semble échapper à toute catégorisation. Chaque élément enrichit un suspense habilement entretenu, promettant de multiples lectures et rebondissements.
Une esthétique et une ambiance réussies
Côté visuel, Instinct s’inscrit dans la pure tradition des shōnens, où les émotions des personnages sont finement retranscrites. Certaines doubles-pages particulièrement saisissantes renforcent l’intensité dramatique des scènes, tandis que la palette sombre accentue la violence et la dureté de l’univers.
Haki est, lui aussi, dans le sillage d’un archétype bien connu : celui du héros, à la fois faible et porteur d’une force insoupçonnée, incompris et voué à un destin exceptionnel. Si ce choix peut paraître classique, il est efficacement compensé par un scénario original et une exécution maîtrisée, qui évitent l’écueil de la redondance.
Un premier tome prometteur
Avec Instinct, Inoxtag signe une entrée remarquée dans le monde du manga. Ce premier tome pose les bases solides d’un thriller fantastique qui ravira les amateurs du genre. Rythmé et empreint de mystère, il réussit à capter l’attention tout en suscitant l’envie d’en découvrir davantage. Quant au titre, son sens se révèle dans une conclusion percutante, qui le répète comme une clé à déchiffrer. En refermant ce volume, une chose est sûre : on a hâte de découvrir la suite.