L’auteur est récompensé pour son livre intense Houris (Gallimard) et succède à Veiller sur elle (L’Iconoclaste) de Jean-Baptiste Andrea.
Après plusieurs semaines de sélections et de délibérations, l’Académie Goncourt présidée par Philippe Claudel a annoncé ce lundi 4 novembre le lauréat du prix Goncourt 2024, et a récompensé Kamel Daoud pour son roman Houris, publié aux éditions Gallimard. Dans ce livre, l’auteur dresse le portrait d’Aube, rescapée de la guerre civile des années 1990 en Algérie, et questionne l’identité du pays et de ses habitants, marqués par le conflit et par les traumatismes successifs.
Si en remportant le prix Goncourt, Kamel Daoud gagne une nouvelle reconnaissance — aux yeux des initiés comme du grand public –, sa longue carrière en tant qu’auteur et journaliste a régulièrement été plébiscitée et récompensée, avec notamment le prix Jean-Luc Lagardère du journaliste de l’année en 2016, le prix mondial Simone et Cino-Del-Duca en 2019, le prix de la laïcité 2020 du comité Laïcité République ou encore le Prix Goncourt du premier roman, le Prix François-Mauriac de la région Aquitaine 2014 et le Prix des cinq continents de la Francophonie 2014.
Originaire d’Algérie et rédacteur en chef pendant plusieurs années du Quotidien d’Oran, Kamel Daoud fait sensation avec son roman Meursault, contre-enquête en 2013. Depuis, il signe romans, essais et nouvelles en conservant un regard aiguisé sur les questions politiques, sociales et historiques, et traite régulièrement de son pays d’origine, comme c’est le cas avec Houris.
— Académie Goncourt (@AcadGoncourt) November 4, 2024
La reconnaissance d’un texte engagé
Avec Houris, Kamel Daoud s’est également emparé d’un sujet complexe autour de l’Islamisme radical et traite sans concession de la « décennie noire » en Algérie. Un thème qui fait écho à l’actualité et qui a placé à nouveau l’auteur dans une position délicate, exclu du salon du livre d’Alger et interdit de vente dans son pays natal.
Kamel Daoud est en outre la cible d’une fatwa lancée par un imam salafiste, et n’a jamais hésité à être très critique vis-a-vis de l’interprétation de la religion. Houris traite à la fois d’un pays et de ses habitants, tout en faisant le lien avec la place de la religion et son évolution.
Kamel Daoud, en plus du prix Goncourt, est également en lice pour le prix Goncourt des Lycéens, et figurait dans le carré final du prix Renaudot, remporté pour sa part par Gaël Faye et son roman Jacaranda (Grasset). Le prix Goncourt, la distinction la plus prestigieuse des prix littéraires en France, pourrait bien offrir à Houris un second souffle en librairies. Chaque année, le lauréat du prix Goncourt voit ses ventes se multiplier par dix.
Lors de la sélection finale, Kamel Daoud était face à Sandrine Collette pour Madelaine avant l’aube (JC Lattès), Hélène Gaudy pour Archipels (L’Olivier) et justement, Gaël Faye pour Jacaranda.