Jusqu’au 5 janvier 2025, le festival Planches Contact transforme Deauville en lieu d’expositions à ciel ouvert. Le public peut notamment y découvrir une partie du fonds photographique de la Fnac ainsi que les œuvres de la lauréate du prix Tremplin Jeunes Talents, Cloé Harent.
En ce moment même, Planches Contact bat son plein. Lors de leurs déambulations sur le bord de mer, aux Franciscaines ou au Point de Vue, les Deauvillais de toujours ou de passage peuvent alors se laisser porter par des photographies. Ces dernières ont été réalisées par de grands noms du milieu et des talents émergents. Présentées sur des cimaises d’exception, à l’instar de cubes disposés sur la plage, elles sont le fruit de rencontres avec le territoire normand et les populations qui l’animent au quotidien. Au gré des expositions, le passé et le présent s’entremêlent pour esquisser de nouvelles perspectives. Le rêve s’infuse dans la réalité et insuffle davantage de poésie.
L’évolution du concept de vacances
Parmi les grands évènements à retrouver se compte Le Siècle des vacances. De la villégiature au tourisme de masse, aux Franciscaines. L’exposition, qui s’accompagne de la parution de Regards, présente des tirages issus du Fonds photographique de la Fnac. La scénographie se veut discrète. Elle s’efface presque au profit des œuvres, qui se suffisent à elles-mêmes. En noir et blanc ou en couleurs, elles sont signées Berenice Abbott, Édouard Boubat, Brassaï, Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, Elliott Erwitt, Harry Gruyaert, Karl Lagerfeld, Janine Niépce, ou encore Man Ray, pour ne citer que quelques noms. À l’image, l’évolution du concept de vacances se déploie ainsi. Il témoigne en creux des changements au sein de la société.
« Chaque transformation sociale s’accompagne d’un langage et de codes esthétiques spécifiques ; chaque époque a ses auteurs, ses historiens et, aujourd’hui, ses photographes. En offrant des aperçus de l’histoire intime du XXe siècle, l’exposition raconte également l’histoire et l’évolution de la photographie », explique ainsi Laura Serani, commissaire et directrice des galeries photo et de la collection Fnac de 1985 à 2005. Malgré la dimension documentaire des clichés, les regards contemporains les appréhendent différemment, sans doute avec une certaine nostalgie pour ces instants qui peuplent les souvenirs ou les imaginaires de ceux qui ne les ont pas vécus.
De nouvelles visions de la Normandie
Par l’entremise de Planches Contact, la Fnac poursuit également son rôle de mécène en soutenant le prix Tremplin Jeunes Talents. En janvier dernier, cinq photographes ont été invités en résidence sur le territoire normand. À la suite de la restitution de leurs projets, le jury, présidé par Sarah Moon, a désigné sa lauréate, qui n’est autre que Cloé Harent. En récompense, elle bénéficiera d’une nouvelle résidence artistique et d’une exposition, en 2025, au festival InCadaquès, en Espagne.
Sa série primée, Bruit rose, s’intéresse à la puissance et la fragilité de la biodiversité présente sur les estrans normands et donne à voir ce que la mer rejette chaque jour à l’issue des marées. « C’est au cours d’une promenade sur la plage avec Laura [Serani, NDLR], le premier jour, qui était aussi mon anniversaire, que j’ai été éblouie par tout ce que je voyais autour de moi. À ce moment-là, je travaillais sur des portraits, et j’essuyais beaucoup de refus. Je suis hypersensible : cette période fut donc très compliquée pour moi. J’ai alors pris refuge dans la mer, au bord de l’eau, sur la plage. Ici, personne ne pouvait me dire non », nous explique-t-elle en riant. Cette esthétique poétique diffère de son approche documentaire habituelle. Elle nous incite finalement à prendre le temps de contempler le paysage alentour, tout comme le festival Planches Contact nous offre, plus largement, de nouvelles visions de la Normandie.
