Décryptage

Magic, Lorcana, Altered… Quel jeu de cartes à collectionner est fait pour vous ?

10 septembre 2024
Par Michaël Ducousso
Sorti en boutique ce 13 septembre, “Altered” veut chambouler le monde des JCC grâce à son univers magique et bienveillant.
Sorti en boutique ce 13 septembre, “Altered” veut chambouler le monde des JCC grâce à son univers magique et bienveillant. ©Equinox

Les JCC ou TCG (pour Trading Card Games en anglais) ont la cote, et la sortie d’Altered vient chambouler un marché déjà très concurrentiel. Face à cette pléthore d’offres, quelques conseils sont nécessaires pour bien se lancer dans la partie.

Pas besoin d’être un grand analyste du marché ludique pour s’apercevoir que les jeux de cartes à collectionner ont du succès. Depuis la sortie de Magic: The Gathering (le plus célèbre d’entre eux) en 1993, de nombreux concurrents sont apparus dans ce secteur qui peut se révéler très, très rentable pour les éditeurs. Le dernier en date, Altered, débarque donc sur ce marché déjà bien engorgé, avec l’idée de rebattre les cartes.

Mais d’autres titres comme Lorcana ou Star Wars Unlimited l’ont précédé avec la même ambition et le futur jeu One Piece, attendu en VF en 2025, compte bien être, lui aussi, de la partie. Face à toutes ces offres, on ne sait plus où donner de la tête. Nous vous proposons donc un tour d’horizon des meilleurs jeux de cartes à collectionner (JCC) du moment afin de vous aider à déterminer celui qui correspond le plus à votre profil de joueur.

Magic: The Gathering : pour les puristes aux decks optimisés

Sans lui, le monde des JCC ne serait sans doute pas tel qu’il est aujourd’hui. Le jeu inventé par Richard Garfield a créé une façon de jouer et un modèle commercial qui ont servi de base à tous ses successeurs – qui n’ont pas réussi à le dépasser pour autant. Car, aujourd’hui encore, Magic reste une référence.

Il faut reconnaître que le titre phare de Wizards of the Coast ne s’est pas contenté de se reposer sur ses lauriers. Avec une vingtaine d’éditions différentes et plusieurs dizaines d’extensions (dont quatre rien que depuis le début de l’année 2024), le jeu n’a cessé de s’enrichir. Difficile, donc, de rivaliser avec ce poids lourd. Mais le mastodonte a les défauts de ses qualités. Se lancer aujourd’hui dans Magic revient à plonger dans un monde déjà très riche, peut-être trop.

Toujours aussi dynamique, l’univers de Magic s’enrichira d’une nouvelle extension, le 27 septembre, baptisée Mornebrune.

Et si l’on peut facilement composer quelques decks pour s’amuser grâce aux dernières extensions, un joueur ayant une âme de compétiteur va devoir travailler d’arrache-pied pour rattraper son retard et composer un deck sur mesure en choisissant parmi les dizaines de milliers de cartes existantes.

Si la plupart sont bon marché, le phénomène de spéculation a fait considérablement grimper le prix de certaines cartes indispensables pour optimiser un jeu. Sans parler des œuvres de collection pure, comme l’Anneau unique, qui s’est vendu à plus de 2 millions de dollars.

Pokémon : pour ceux qui veulent les attraper tous

S’il existe une licence qui invite par essence à la collection, c’est bien Pokémon. Depuis l’apparition des 151 premières créatures de Nintendo, en 1996, le cheptel n’a cessé de croître et les dresseurs ne se sont jamais lassés. Plusieurs millions d’entre eux continuent de capturer des Pokémons, que ce soit dans les jeux vidéo ou les boosters de cartes à collectionner.

Plus qu’un simple jeu, les cartes Pokémon sont devenues de véritables objets de collection.©Wachiwit/Shutterstock

Presque aussi âgé que Magic, le JCC dérivé de la licence vidéoludique est également extrêmement populaire, mais plus pour la « collectionnite » qu’il suscite chez les fans que pour ses mécaniques de jeu.

Ce marché est un véritable monde à part, attirant de plus en plus de spéculateurs aux excès très médiatisés, comme lorsque le Youtubeur Logan Paul a acquis le « Graal », à savoir la carte Pikachu Illustrator en version japonaise, pour plus de 5 millions de dollars. Cela en ferait presque oublier que Pokémon JCC reste avant tout un jeu, et plutôt pas mauvais, en plus.

La nouvelle application JCC Pokémon Pocket, annoncée pour le 30 octobre, est un bon moyen de découvrir le jeu de cartes avant d’investir dans des boosters physiques.

Si au départ ses mécaniques étaient un peu trop simplistes pour séduire les plus fins tacticiens, la centaine d’extensions sortie au fil des ans a permis au titre de gagner en complexité, sans devenir pour autant trop compliqué. Si vous ajoutez à cela le caractère transgénérationnel de la licence, vous obtenez le jeu parfait pour se faire plaisir avec des enfants, en rêvant, pourquoi pas, de mettre un jour la main sur une carte d’exception au détour d’un booster.

Lorcana : pour les stratèges qui ont gardé leur âme d’enfant

Quand on voit le succès de Pikachu, on se demande pourquoi Mickey n’a pas suivi ses traces plus tôt sur le sentier des JCC. Mais s’il a pris un peu de retard dans la course, il pourrait bien rattraper la mascotte de Nintendo. Car la sortie de Lorcana, en 2023, a fait l’effet d’un véritable coup de tonnerre dans le monde des jeux de cartes.

Il faut dire qu’avec ce titre, Ravensburger a réussi sur tous les tableaux : il séduit les collectionneurs attirés par des cartes magnifiques représentant des personnages populaires et il plaît aux compétiteurs convaincus par son système de jeu. Celui-ci s’est en effet rapidement illustré par ses qualités tactiques, et on a très vite vu fleurir les tournois un peu partout en France.

Le tout dans un état d’esprit plutôt bon enfant, encouragé par une mécanique de jeu on ne peut plus saine qui invite à gagner non pas en annihilant toutes les créatures invoquées par votre adversaire, mais en récoltant le plus de « points de lore » avant lui, y compris via des méthodes pacifiques.

D’extension en extension, Lorcana explore un peu plus l’univers Disney pour le plus grand bonheur des fans qui retrouvent leurs héros favoris.

Bref, le phénomène Lorcana n’est pas près de s’arrêter et Ravensburger a publié, fin août, un cinquième chapitre (soit une nouvelle extension) qui apporte encore plus de cartes à collectionner et de nouvelles mécaniques pour enrichir les parties. C’est donc le moment parfait pour se jeter dans la partie : le jeu et sa communauté sont suffisamment matures pour offrir des compétitions et un gameplay attractifs, et il n’y a pas encore trop d’extensions qui viendraient perdre les nouveaux joueurs ou les ruiner.

Star Wars Unlimited : pour les wargamers en reconversion

Arrivé ce printemps, Star Wars Unlimited nous avait rendus quelque peu sceptiques à sa sortie, tant la surexploitation de la licence rachetée à George Lucas est lassante. Mais il faut bien reconnaître que cette marchandisation fait presque partie de l’ADN de Star Wars, qui a très tôt donné vie à un marché de la figurine très dynamique.

Et puis, si les films et les séries produits par Disney ne rencontrent pas toujours le succès escompté, les jeux Star Wars du catalogue d’Asmodée, eux, sont plutôt bons, en témoignent Legion et Shatterpoint. Et ce n’est pas un hasard si on cite ces wargames, car Star Wars Unlimited procure les mêmes sensations.

Les fans de Star Wars retrouveront dans ce JCC tous leurs personnages favoris issus des films, séries ou animés. Ahsoka Tano sera un général disponible dans l’extension Crépuscule de la République, annoncée pour le 8 novembre 2024.©Asmodée

Avec son général d’armée, chaque joueur doit remporter une bataille qui se livre tant sur le sol que dans l’espace, grâce à une mécanique bien pensée qui tend vers un Magic modernisé et épuré. En plus, le matériel est aussi plaisant à regarder que pratique à utiliser.

Bref, on aurait eu tort de laisser Star Wars Unlimited de côté, tant ce jeu a du potentiel. Il pourrait même convaincre les wargamers de délaisser leurs figurines au profit des cartes. Une bonne première impression à confirmer avec les futures extensions prévues pour ce titre encore jeune.

Altered : pour ceux qui veulent changer la donne

Avec ses 6 millions d’euros récoltés sur Kickstarter, le nouveau venu d’Equinox a fait une arrivée fracassante sur le marché des JCC avant même sa sortie officielle, ce 13 septembre. Il faut dire que l’on retrouve derrière ce jeu le célèbre Régis Bonnessée, auteur français auquel on doit Dice Forge, mais aussi Dixit, grand succès de ces dernières années. Au-delà de cette prestigieuse caution, ce qui a séduit les joueurs, c’est la promesse d’un jeu beau et novateur.

Avec son monde coloré et fantastique, Altered souhaite plonger les joueurs dans un univers faisant la part belle à la créativité, l’imaginaire et la bienveillance.

Sur l’aspect esthétique, c’est un sans-faute, effectivement. En revanche pour le côté novateur, il y a un petit bémol : Star Wars Unlimited est sorti avant et le gameplay des deux jeux est très similaire, à ceci près que, dans Star Wars, on fait la guerre au milieu des étoiles, tandis que dans Altered, on est lancé dans une course entre explorateurs d’un monde fabuleux. Ici, il n’y a pas de conflit, mais une saine concurrence qui apporte une touche éminemment positive au jeu.

Ajoutez à cela que toutes les cartes possèdent un QR code qui permet de les refaire fabriquer pour les recevoir directement depuis l’usine lorsqu’elles sont abîmées et vous comprenez en quoi ce jeu vient véritablement changer les habitudes des amateurs de JCC. Finie la spéculation débridée pour la moindre carte un peu rare en bon état. L’esprit positif qui anime les parties se retrouve également en dehors, entre collectionneurs. En tout cas, c’est la promesse d’Altered. Il faudra voir si la communauté joue le jeu à l’avenir.

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Article rédigé par
Michaël Ducousso
Michaël Ducousso
Journaliste