Entretien

On a rencontré Flavien Berger avant son concert à Solidays

28 juin 2024
Par Marina Viguier
Flavien Berger va se produire à Solidays ce dimanche 30 juin.
Flavien Berger va se produire à Solidays ce dimanche 30 juin. ©Inès Karma

À quelques jours de Solidays, qui se déroule du 28 au 30 juin à l’Hippodrome de Longchamp, L’Éclaireur a rencontré l’une des têtes d’affiche du festival, Flavien Berger, pour évoquer ses derniers projets, son univers, mais aussi son concert programmé dimanche.

L’été s’est longtemps fait désirer, mais le voilà enfin prêt, paré de ses plus beaux rayons pour ouvrir son bal estival avec le plus grand festival de l’été : Solidays. Pour la première fois de sa carrière, Flavien Berger sera présent le dimanche 30 juin sur les pelouses de l’Hippodrome de Longchamp. Pour fêter ce concert exceptionnel, L’Éclaireur a échangé avec cet alchimiste de la musique.

Vous avez dévoilé l’année dernière votre troisième opus, véritable succès critique. Récemment, vous avez aussi sorti Contrebande 02. Quel est le propos de ce “contre-album” ? 

J’ai déjà sorti trois disques qui ont chacun abouti à trois contre-disques. Les contre-albums sont souvent, par opposition à ceux qui les précèdent, des objets plus bruts, plus directs, sans trop de tergiversations. Ce sont souvent des bouts de morceaux, des essais qui traînent sur mes disques durs et que je retravaille, puis compile. Le processus est plus rapide, plus spontané.

Plongereuse de Flavien Berger.

J’y raconte des choses simples que j’aime, au premier degré de ma vie, comme aller à la rivière, faire du vélo, manger des betteraves, fabriquer du savon… Le travail a été de retranscrire des émotions, des ressentis en musique et non pas des images. J’avais habitué mon public à des choses plus complexes, avec des métaphores, des paraboles. Sur les contre-disques, la démarche est différente.

Le thème de la rivière, de l’eau, est récurrent dans vos chansons. Y a-t-il une raison particulière à cela ?

Pour moi, c’est le fait d’aller à la rivière plus que la rivière en elle-même qui est déterminant. Le mouvement pour aller à la rivière est plus sauvage. C’est une démarche différente, se baigner dans la rivière, trouver le bon endroit. C’est aussi une écoute différente de l’environnement. Quand on va à la rivière d’année en année, on voit l’écosystème qui se transforme, s’il y a plus ou moins d’eau, la densité de la végétation autour, la quantité de libellules…

« Je rêve que ma musique puisse alimenter des causes et participer à quelque chose de plus grand. »

Flavien Berger

C’est un rapport plus proche de l’environnement que les grandes plages. Le morceau Plongereuse, par exemple, est un assemblage de vieilles bribes de chansons pour parler d’un souvenir avec mon meilleur ami quand on avait 16 ans, lorsqu’on s’amusait à la rivière à sauter de hauteurs qui nous apparaissaient dantesques. C’est une idée de lâcher-prise, se laisser rêver, sentir le contraste de l’eau froide avec les températures d’été.

Avez-vous certaines habitudes quand vous composez et écrivez vos musiques ?

La création se passe de mille manières, il y a plusieurs de façons de faire. Je n’ai pas de modus operandi précis, je prends les choses comme elles viennent. Souvent, je pars de mes instruments, puis je les traduis dans l’ordinateur pour les ressortir sur un disque.  

Vos pochettes d’albums sont uniques, ce sont des œuvres qui se ressemblent. Quel est le processus créatif pour ces artworks ?

Pour Contrebande 02, c’est un poisson fabriqué à partir de savon. L’œuvre est signée de l’artiste Juliette Gelli. Je fabriquais beaucoup de savons à l’époque, que je vendais ensuite à la fin de mes concerts. Juliette Gelli crée mes pochettes depuis le début, elle fait aussi ma scénographie. Le poisson, c’est un peu une figure que l’on suit tout au long de ce disque, il est présent à plusieurs moments. C’est amusant, car elle aussi part de la matière brute, avant de numériser l’image. On travaille de la même façon, on aime bien partir de la matière, de l’analogique, pour ensuite digitaliser, transformer notre travail dans les machines. 

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Vous serez à Solidays le dimanche 30 juin pour la première fois. Comment appréhende-t-on un si grand concert ?

Je n’appréhende jamais aucun concert, je ne réfléchis pas vraiment à ce moment. Pour moi, ce n’est pas le point culminant. Ce que j’aime c’est retrouver mon équipe en tournée, comme si on vivait une aventure ensemble. Le concert, gros ou petit, n’est pas une fin en soi, j’ai juste envie de m’amuser avec mes copains. Partir en tournée, c’est un peu comme prendre un bateau, se laisser voguer. 

Solidays est un festival qui récolte des fonds pour l’association Solidarité Sida. Qu’est-ce que ça fait de participer à cet élan solidaire en particulier ?

C’est vrai qu’on a tendance à oublier que Solidays, c’est pour une bonne cause. Je rêve que ma musique puisse alimenter des causes et participer à quelque chose de plus grand. Œuvrer pour la justice sociale est essentiel. Je ne fais pas de la musique pour moi, même si je suis centré sur ma pratique, je suis dans une réflexion de justice sociale plus globale. J’essaie de me réinventer pour œuvrer à autre chose qui va dans le sens de l’égalité. Solidays est une initiative tellement importante par les valeurs qui y sont défendues.

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Pour rappel, le festival Solidays récolte chaque année entre 1 et 2 millions d’euros pour l’association Solidarité Sida. Depuis sa création, les recettes du festival ont permis de mettre en place plus de 2 550 programmes de prévention et de soutien aux personnes malades et vulnérables dans plus de 42 pays grâce au soutien apporté à 250 associations dans le monde, dont l’objectif est de réduire les inégalités d’accès à la prévention et aux traitements. Par un travail coordonné avec un réseau d’associations locales, souvent les plus à même de répondre aux besoins quotidiens des malades, Solidarité Sida agit au plus près du terrain et des populations les plus vulnérables.

Solidays, du 28 au 30 juin à l’Hippodrome de Longchamp, à Paris. Billetterie par ici.

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