Le nouveau film de Claude Barras, découvert au Festival d’Annecy 2024, traite de la déforestation en conservant son approche innocente et enfantine.
En 2016, Claude Barras fait sensation avec son premier long-métrage d’animation co-écrit avec Céline Sciamma, Ma vie de Courgette, et remporte le Cristal du long-métrage ainsi que le César du meilleur film d’animation. Huit ans plus tard, le cinéaste est de retour au Festival d’Animation d’Annecy pour présenter son nouveau projet, Sauvages. Le film suit la vie d’un bébé singe recueilli par une jeune fille et son père, alors que la déforestation de la jungle proche de Bornéo par une entreprise cupide menace les habitants natifs de disparaitre.
En touchant encore à des sujets forts et importants sans dévier du point de vue — le film est toujours à hauteur de l’enfant –, Claude Barras livre une nouvelle œuvre intimiste aussi touchante que tendre et marque une nouvelle fois le cinéma d’animation, dès son second long-métrage.
Avec une approche quasi-minimaliste autour de la vie des protagonistes et une animation toujours aussi réussie en stop-motion, Sauvages arrive à traiter de thèmes essentiels et à questionner via la naïveté et la simplicité de l’enfant. Les jeunes personnages se révèlent être parfois plus pertinents que les adultes et tout au long du film, la question de l’abandon revient. Abandonner le combat, renier ses convictions par fatigue ou par désespoir, alors que la fougue de la jeunesse montre la voix.
Sauvages parle d’écologie, de déforestation, d’extermination animale — avec des scènes sous-entendues assez dures –, mais aussi du sort des natifs de la jungle, qui risquent de disparaitre avec la destruction de leur habitat. En abordant la notion d’héritage et de transmission, Sauvages a en lui une incroyable densité de thèmes et de propos, que Claude Barras parvient à entre-lier sans jamais perdre son fil conducteur.
L’authenticité de la prestation
Comme sur Ma Vie de Courgette, l’enfant est au centre, et l’interprétation vocale des comédiens est une nouvelle fois réussie.
À travers le texte, les hésitations, et la façon dont les acteurs le délivrent, les personnages prennent vie et gagnent en authenticité et crédibilité. Le film est tantôt drôle — car les enfants restent des enfants et savent faire preuve d’espièglerie –, mais aussi émouvant en abordant d’autres thèmes autour du deuil, de la reconstruction et de l’engagement social et politique.
Continuant d’explorer ses propres obsessions sans jamais perdre de vue que le film est avant tout à destination des enfants, Claude Barras réalise avec Sauvages un long-métrage encore plus abouti que son précédent, que cela soit visuellement ou dans le fond.
Un bel accomplissant tendre et élégant, qui montre à quel point l’animation est en mesure de traiter de tous les sujets, même les plus complexes.
Sauvages, de Claude Barras, avec les voix de Benoît Poelvoorde, Martin Verset et Laetitia Dosch, 1h27, au cinéma le 16 octobre 2024.