David Letterman revient le 12 juin sur Netflix pour une nouvelle saison de son émission à succès. L’occasion pour nous de retracer son parcours et les raisons qui ont fait de lui le roi des nuits télévisuelles aux États-Unis.
Lorsque les Américains allument leur télévision en ce soir d’avril 2014, l’impensable se produit : David Letterman annonce sa retraite. Apprenant cette nouvelle, l’ancien punk rocker écossais Craig Ferguson, qui animait l’émission qui lui succédait chaque soir avec brio, décide de tirer également sa révérence dans la foulée. C’est la fin d’une époque pour les amateurs de programmes nocturnes : la subversion était sur le point de quitter les late shows américains. Car si Letterman est devenu une institution du divertissement télévisuel, il y avait une époque où ce dernier était plus que le grand-père rigolo qui s’invitait dans les foyers américains en fin de soirée.
Humour nocturne
Avant lui, le légendaire Johnny Carson (qui animait le Tonight Show sur NBC) semblait indétrônable avec ses 29 ans de carrière. Il sera surpassé par son ami et disciple David Letterman lorsque ce dernier dépassa les 30 ans à l’antenne, faisant du présentateur de The Late Show l’animateur à la plus importante longévité des États-Unis. Mais ce qui le sépare le plus des autres personnes ayant officié à ce même poste, c’est le goût de Letterman pour la subversion.
En invitant dès les années 1980 des personnalités aussi abrasives qu’Howard Stern (alors que ce dernier est encore une figure controversée de la radio) ou le scénariste d’American Splendor Harvey Pekar, il contribue à mettre en lumière des figures de la contre-culture américaine. La même décennie offre aux spectateurs noctambules des moments d’anthologie comme « l’affrontement » en direct entre Andy Kaufman et le catcheur Jerry Lawler et d’autres séquences cultes de pur chaos comme celle où Crispin Glover (éternel George McFly du premier Retour vers le futur) se fait virer du plateau après avoir voulu faire une démonstration de karaté sous acide en direct.
S’il paraît plus détaché qu’avant, les dernières années de Letterman sur CBS ne sont pas en reste lorsqu’il s’agit de scènes qui manquent cruellement aux late shows américains contemporains, parfois trop policés. Entre controverses et prises de position audacieuses (il n’hésite pas, à titre d’exemple, à pointer du doigt les coups de poignard dans le dos métaphoriques infligés par Jay Leno à Conan O’Brien en 2010), Letterman quitte la scène comme il y était entré, accompagné des frasques extravagantes de Bill Murray.
Après quelques rares apparitions dans lesquelles il arborait une longue barbe et un style décontracté, l’animateur sort de sa retraite en 2018 avec un nouveau format sur Netflix : Mon prochain invité n’est plus à présenter. Pour l’occasion, il réinvente totalement sa façon de travailler. Si l’humour qui le caractérise est toujours présent, il n’hésite pas à aborder des sujets plus profonds avec ses invités de marque (tels que Robert Downey Jr, Billie Eilish ou Barack Obama). Sa prochaine saison avec Charles Barkley et Miley Cyrus, disponible dès demain sur Netflix, devrait continuer à mêler conversations informelles et instants plus intimistes dans le quotidien de ces personnalités publiques.