Sous la Seine est disponible depuis ce 5 juin sur Netflix. À cette occasion, L’Éclaireur revient sur cette sortie tant attendue aussi surprenante que trouble.
Un mois avant les Jeux olympiques de Paris, Netflix et Xavier Gens jouent avec ironie sur l’actualité. Baignade dans la Seine, préparation des JO dans la capitale, dépollution du fleuve… tout y passe. Enfin, à ceci prés que dans le film disponible depuis ce mercredi 5 juin, un requin géant se balade dans la Seine et menace la compétition de triathlon organisée par la mairie de Paris prête à tout pour maintenir sa réputation et faire en sorte que le rendez-vous sportif ait lieu.
Le long-métrage porté par Bérénice Bejo (OSS 117 Le Caire Nid d’Espions, The Artist…) et Nassim Lyes (Farang), joue, en effet, avec le postulat suivant : que se passerait-il si un requin géant venait à pénétrer dans un endroit où on ne l’y attend pas ? Fidèle aux codes des films de requins, véritable genre à part entière dans le 7e art, Sous la Seine ne renie jamais d’où il vient et rappelle à nos mémoire le chef d’œuvre du genre, Les dents de la mer (1975) de Steven Spielberg, dans lequel un grand requin blanc menaçait la paisible station balnéaire d’Amity.
Cependant, si plusieurs bains de sang sont au programme le film surprend en réactualisant les enjeux qui entourent la bête. Dans les années 1970, puis dans les blockbusters qui ont suivi — on ne peut que penser à la saga The Meg portée par Jason Statham — le grand requin blanc est un animal dangereux qu’il faut à tout prix abattre. Sous la Seine inverse la tendance. Si le monstre marin est toujours aussi terrifiant et assoiffé de sang, le comportement des humains change. Le film adopte ainsi un thème contemporain, celui de la projection des espèces aquatiques, remettant en question notre perception de ces créatures.
Réhabiliter les grands requins
C’est peut-être sur ce point que Sous la Seine trouve sa plus grande qualité. Véritable film de genre, dans la plus pure tradition du style, le long-métrage porte en lui un sous-texte écologique. Comme bon nombre de films avant lui — on pense par exemple à Acide (2023) avec Guillaume Canet — la création de Gens vise à faire passer un message sur notre comportement et nos sociétés à travers un film dans lequel la réalité s’entrechoque avec une certaine dystopie. Les dégâts des Hommes influencent l’écosystème jusque dans les profondeurs de l’océan au point de défier les lois de la nature, et d’amener le monstre dans nos villes.
La tribune pro-écolo offerte par le film n’est pas le seul lien avec notre présent. En choisissant évidemment de montrer une compétition de triathlon qui vire au drame, mais surtout l’acharnement des politiques publiques pour maintenir les apparences malgré le coût financier et humain qui se dessine, le film apparaît comme un sacré pied de nez aux politiques actuelles. Sous la Seine ou la satire de Xavier Gens vis-à-vis de la Marie de Paris à un mois des JO ? On y croit ! D’autant plus qu’Anne Marivin incarne à merveille l’élue exaspérante, butée et aveugle face aux alertes des spécialistes.
Une production qui se noie ?
Sous la Seine n’en reste pas moins un film de divertissement qui profite de plusieurs scènes sous haute tension. Avec cette production Netflix, Xavier Gens montre, en effet, qu’il sait manier le suspense et le malaise avec panache. On notera ainsi une scène d’exposition crispante, mais surtout une séquence de mise à mort dans une crypte aussi violente qu’asphyxiante.
Ceci étant dit, ces scènes n’apparaissent que comme de simples fulgurances à travers le film. Bien que la dynamique des personnages incarnés par Bérénice Bejo et Nassim Lyes soit convaincante — chacun d’eux cherchant dans leur mission une forme de rédemption — le long-métrage souffre de plusieurs défauts notamment dans la linéarité de son histoire, ses dialogues flottant avec le nanar ou encore ses effets visuels peu convaincants.
Il en ressort un film de genre en demi-teinte qui malgré des élans de tension, de divertissement et le fond de son propos parvient à nous convaincre avant de nous entraîner dans les profondeurs troubles d’une production Netflix aux moyens techniques et scénaristiques parfois décevants. Elle trouve ici ses limites et se noie, dommage !
Sous la Seine de Xavier Gens avec Bérénice Bejo et Nassim Lyes, 1h41, le 5 juin sur Netflix.