Critique

Eric, la nouvelle série thriller qui brise les frontières entre fiction et réalité

29 mai 2024
Par Léa Vincent
“Eric” sera disponible sur Netflix dès le 30 mai.
“Eric” sera disponible sur Netflix dès le 30 mai. ©Netflix

Dans les années 1980, un célèbre marionnettiste new-yorkais cherche désespérément à retrouver son fils disparu. Livré à lui-même et face à ses addictions, il sombre dans l’alcool et finit par trouver des réponses dans la marionnette Eric, que son fils avait imaginée. Par son atmosphère anxiogène, presque glaçante, et son casting de prestige, la minisérie révèle un décor bien plus sombre, où les inégalités sociales sévissent.

Retrouver son âme d’enfant. En apparence, il semblerait que ce soit la promesse de la nouvelle série thriller Eric, disponible le 30 mai sur Netflix, où la réalité se confond avec la fiction. Plongés dans le paysage new-yorkais des années 1980 aux nuances rétro, Cassie (Gaby Hoffmann) et Vincent, incarné par l’acteur Benedict Cumberbatch (Sherlock, Le Hobbit), se lancent à la recherche de leur enfant, Edgar, âgé de 9 ans, disparu sur le chemin de l’école. Célèbre marionnettiste, Vincent crée Eric, un monstre bleu imaginé par son fils, qui l’accompagne dans sa quête de vérité, où les forces de l’ordre et les médias ne trouvent jusqu’à maintenant aucune piste sérieuse.

Au fil de son enquête, chaque partie de sa vie est mise en péril : cocréateur d’une célèbre émission pour enfants, Good Day Sunshine, le père de famille perd pied, refusant de se plier au jeu des politiques, et se fait petit à petit évincer. Autodestructeur, Vincent se retrouve seul, face à ses addictions. Les contours de la réalité deviennent flous et il ne voit qu’une seule manière de retrouver son fils, qui, selon lui, s’est enfui : faire vivre Eric à travers le petit écran.

En charge de l’enquête, le détective Michael Ledroit, joué par McKinley Belcher III, déjà connu pour ses talents d’agent dans la série Ozark, est quant à lui réprimé dans son investigation, faisant face à des discriminations. Presque impassible devant ces menaces, il se laisse guider par ses intuitions qui le conduiront tout droit vers l’embrasement. Les six épisodes de ce thriller psychologique s’élancent à un rythme effréné à la poursuite de la vérité, mêlant plusieurs enquêtes, qui se révèlent bien plus sinistres que prévu. 

Regard sur la “Big Apple” des années 1980

L’angle principal du show reste la disparition d’Edgar, mais l’enquête va mener le détective Michael à élargir son champ d’action, révélant un New York en pleine crise, en proie à de nombreuses tensions sociales : homophobie, racisme, proxénétisme ou encore lutte des classes.

Au fil des épisodes, deux camps se dessinent. D’un côté, Vincent, à la dérive, cherche à retrouver son fils, convaincu qu’il est responsable de sa disparition, en donnant vie à l’imaginaire d’Edgar. De l’autre, Michael regroupe ses investigations, flirtant dangereusement avec des pans de sa vie privée, dénonçant la corruption et l’homophobie qui règnent, en pleine épidémie de sida

©Netflix

La prouesse de cette série reste l’illustration d’un système au bord de la déroute où le choix du fantastique permet de mettre en lumière deux monstres : Eric, aux poils bleus, souvent ronchon, mais peu menaçant, face aux institutions new-yorkaises, plus sournoises et armées. 

Loin d’une simple enquête policière à l’américaine, le scénario se porte davantage sur le système judiciaire et les conséquences d’un tel événement, que sur le(s) potentiel(s) ravisseur(s). 

Cette nouvelle production Netflix renouvelle les intrigues autour des disparitions, peignant le portrait d’un système brisé, où la folie créative de Benedict Cumberbatch, constamment au bord de l’implosion, lui sied parfaitement. Chaque plan et chaque personnage semblent avoir été faits sur mesure, pour illustrer ce chaos ambiant. 

À la question « Faut-il s’accrocher au pouvoir des rêves pour fuir une réalité parfois brutale ? », la scénariste Abi Morgan (The Split, River) semble partagée, nous invitant à voir comment ces deux axes peuvent parfois être complémentaires.

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