Selon un rapport publié par le réseau d’associations ECPAT, la plupart des Européens estiment qu’il est impossible pour les enfants d’aller en ligne sans être contactés par des délinquants sexuels.
Renoncer à un droit pour le bien des enfants. C’est ce que la plupart des Européens seraient prêts à faire selon une enquête commandée par l’ECPAT, un réseau mondial dédié à la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants. Elle a été menée par l’institut YouGov* auprès d’environ 9 500 personnes en France, en Allemagne, en Espagne, en Suède, en Italie, aux Pays-Bas, en Pologne et en Hongrie. Elle montre que 76% des personnes interrogées ont déclaré être prêtes à « renoncer à une partie de leur vie privée en ligne pour permettre l’automatisation des outils technologiques permettant d’analyser et de détecter les images d’abus sexuels sur des enfants et d’autres formes d’exploitation sur eux ».
Si la plupart d’entre eux ont affirmé cela, c’est aussi parce qu’ils sont nombreux, 68 % précisément, à considérer que la confidentialité en ligne n’existe pas. Les Européens s’inquiètent pour la sécurité des enfants en ligne : ils sont 73 % à penser que les enfants ne peuvent pas aller en ligne sans être approchés par des adultes cherchant à leur nuire.
Les Européens en faveur d’une loi sur la détection de pédopornographie en ligne
Les résultats de cette enquête interviennent dans un contexte d’augmentation du contenu pédopornographique sur Internet. En juillet dernier, le Parlement européen a approuvé des règles temporaires permettant aux fournisseurs de services (courrier électronique, conversation en ligne, messagerie) d’utiliser des technologies pour détecter, supprimer et signaler volontairement les contenus à caractère pédopornographique. La Commission européenne est censée proposer une solution plus permanente pour lutter contre ces crimes cette année. Dans le cadre de l’enquête menée par YouGov, 68 % des personnes ont d’ailleurs affirmé soutenir les projets de l’Union européenne visant à introduire une nouvelle législation sur la détection de contenus pédopornographiques par des entreprises privées.
Ces projets de l’UE, mais aussi de sociétés privées, suscitent pourtant des inquiétudes de la part des militants pour la protection de la vie privée. En août dernier, Apple a, par exemple, présenté de nouveaux outils permettant de mieux repérer les images à caractère sexuel impliquant des enfants sur ses appareils (iPhone et iPad) aux États-Unis. Un mois après, la firme californienne a dû suspendre ses projets à cause des critiques : « Sur la base des commentaires des clients, des groupes de défense des droits, des chercheurs et d’autres, nous avons décidé de prendre du temps supplémentaire au cours des prochains mois pour recueillir des commentaires et apporter des améliorations ».
*Enquête réalisée entre le 2 et 11 septembre 2021.