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Le smartphone peut dormir sur ses deux oreilles : l’AI Pin est un fiasco

14 avril 2024
Par Pierre Crochart
Le smartphone peut dormir sur ses deux oreilles : l'AI Pin est un fiasco
©Humane

Les premiers verdicts commencent à tomber et ils ne sont guère reluisants pour le pin’s connecté de Humane.

Elle aura fait tourner quelques têtes le temps d’un salon ou deux. L’AI Pin, cette broche connectée alimentée par ChatGPT qui voulait ni plus ni moins remplacer les smartphones, se heurte brutalement au mur de la réalité après que la presse américaine lui a refait le portrait dans des tests peu engageants.

Trop cher, trop limité

La presse américaine (le produit n’est lancé qu’aux États-Unis) est unanime : à 700 $ la broche, auxquels il faut ajouter un abonnement cellulaire (4G) de 24 € par mois, l’AI Pin ne fait tout simplement pas le poids pour venir chatouiller le smartphone.

Pour rappel, l’originalité du produit connecté de Humane est de ne pas disposer d’écran, et de tourner sur un système propriétaire appelé CosmOS, lequel repose essentiellement sur ChatGPT d’OpenAI. Tout se pilote à la voix et via quelques tapotements sur la surface tactile. Le hic, c’est que la broche peine à comprendre la plupart des requêtes qui lui sont adressées et que la connexion 4G se révèle souvent trop lente pour obtenir des résultats rapides.

David Pierce, qui a testé le produit pour The Verge, sanctionne ce qu’il décrit comme un « smartphone sans écran » qui « ne fonctionne tout simplement pas ». En particulier, le journaliste s’étonne que certaines fonctions absolument basiques soient si mal prises en charge : 6 secondes pour obtenir la météo du jour, 9 secondes pour envoyer un simple SMS, un message d’erreur pour lire une chanson du dernier album de Beyoncé, 12 secondes pour identifier le pont de Brooklyn… Même Siri fait mieux !

Une autonomie risible et un projecteur gadget

Plus que les fonctionnalités vocales de l’AI Pin, Humane a beaucoup insisté sur la fonctionnalité de picoprojecteur de son appareil. Malheureusement, c’est une nouvelle fois une déception. L’affichage (en monocouleur) est trop sombre pour permettre une lecture confortable (ou parfois même la lecture tout court) en extérieur. De plus, il apparaît qu’il faille mettre sa main très proche du projecteur pour que le texte demeure lisible. Pas la meilleure expérience qui soit — et certainement pas de quoi remplacer une dalle de plus de 6 pouces rétroéclairée.

Côté autonomie, l’AI Pin n’arrange pas le bilan, avec une batterie incapable de tenir une journée entière. Précisons par ailleurs que la batterie (qui sert aussi d’aimant pour attacher l’AI Pin à un vêtement) a tendance à chauffer. Pas au point que cela soit désagréable, mais suffisamment pour que cela se remarque au fil de la journée. A-t-on vraiment envie de coller une batterie au lithium sur sa peau à longueur de journée ?

Malheureusement, si vous êtes de celles et ceux qui se lassent des smartphones et attendent avec impatience « the next big thing », ce n’est probablement pas vers l’AI Pin qu’il faudra se tourner. On pourra toutefois reconnaître l’audace de Humane, qui a voulu être la première à capitaliser sur la « puissance » de l’intelligence artificielle embarquée. Intelligence artificielle qui, lorsqu’elle ne sait pas répondre, recommande à l’utilisateur d’utiliser Google Lens, et donc de sortir un smartphone de sa poche.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste