Homejacking est l’un de nos coups de cœur de Series Mania. Le show, diffusé ce 7 avril sur OCS, est une vraie pépite qui nous surprend à chaque épisode et renferme de nombreux secrets. Révélation de cette minisérie, Merwane Tajouiti a relevé un grand défi : assurer une interview sans spoiler.
Homejacking débute avec l’intrusion d’un agresseur cagoulé dans une maison habitée par un couple. Est-ce le genre de scénario qui vous passe par la tête, quand vous êtes seul chez vous ?
Non ! Je vais plutôt imaginer des scénarios horrifiques avec des fantômes, des esprits ou des sorcières. Quand je suis seul chez moi, les choses qui me font flipper ne sont pas concrètes ; elles appartiennent plutôt au monde du surnaturel. Si je vérifie que ma porte est bien fermée, c’est plus par peur de voir un esprit de la forêt entrer qu’un cambrioleur (rires) !
Vous avez fait vos premières armes au théâtre. Vous êtes passé par le théâtre national de Bretagne et apparteniez à la première promotion de la Jeune troupe de La Colline. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous tourner vers le milieu des séries ?
J’ai toujours eu envie d’être sur un plateau de tournage. En réalité, ça remonte à l’enfance. Cependant, ma rencontre avec le milieu artistique et professionnel ne s’est pas faite immédiatement. J’ai arrêté mes études très tôt, j’étais vendeur à Marseille, puis j’ai commencé la pratique du théâtre. De fil en aiguille, je me suis retrouvé au théâtre national de Bretagne où j’ai fait la rencontre du metteur en scène Wajdi Mouawad.
J’ai eu un énorme coup de foudre pour son travail, donc j’ai décidé de passer le concours de la Jeune troupe du théâtre de La Colline, qu’il dirige. Il m’a ensuite intégré à son dernier spectacle, Racine carrée du verbe être, puis j’ai commencé à passer d’autres auditions, pour le cinéma et les séries. J’adore tourner, mais le théâtre reste très important pour moi. Il occupe une grande place dans ma vie, encore aujourd’hui.
Qu’est-ce qui vous a plu dans le projet Homejacking ?
J’adore les scénarios, les histoires et les personnages qui interrogent et qui ne donnent pas forcément de solution. Je pense que c’est dans ces endroits de flou qu’on peut trouver la poésie – même dans la vie réelle. Homejacking pose de nombreuses questions, comme la morale… [Il s’arrête, réfléchit et rit, ndlr] C’est là que je dois m’arrêter pour ne pas trop en dire ! Je ne peux pas non plus vous parler de mon personnage, car j’aurais trop peur de vous spoiler, mais j’ai eu un vrai coup de cœur pour lui à la lecture du script. Il m’a permis d’explorer des thématiques très intéressantes durant ce travail, comme l’obsession, le fantasme et le rêve.
Avez-vous besoin de vous reconnaître dans les personnages que vous jouez pour pouvoir les incarner ?
C’est plus flou et complexe. C’est un peu fleur bleue dit comme ça, mais je crois qu’on peut se retrouver dans chaque humanité. On peut toujours se trouver un point commun ou une ressemblance avec les autres. Quand j’incarne un rôle, j’essaie de me “sortir de moi”, de me mettre à sa place, d’avoir de l’empathie pour des situations ou des drames que je n’ai jamais vécus. Je pense que notre imaginaire est tellement vaste qu’on peut tous se reconnaître dans énormément de personnages, si on fouille un peu.
Y a-t-il des rôles que vous ne pourriez jamais interpréter, comme des personnages qui sont à l’opposé de vos convictions ?
Absolument pas ! Au contraire, ce type de rôle est encore plus intéressant, car il nous permet de nous explorer encore plus. On s’interroge sur ce que l’on était avant qu’on nous dise ce qu’on doit être et devenir. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles j’adore ce métier : il nous aide à prendre conscience de nombreuses choses et à relativiser. Je pense que je pourrais tout jouer, à partir du moment où je suis avec une équipe bienveillante, qui travaille dans le respect des autres, dans l’écoute et dans le sens artistique. Aujourd’hui, on est tous à Series Mania pour défendre Homejacking. C’est mon premier festival de cette envergure et c’est aussi intimidant qu’excitant. Ça m’émeut d’être en contact avec le public et de sentir cette énergie d’engouement. On la ressent dans l’air, c’est vraiment palpable.
Les personnages tombent dans un cercle vicieux et prennent toutes les mauvaises décisions. Avez-vous déjà eu la sensation de perdre le contrôle ?
Dans la vie ? Évidemment ! Plein de fois, tout le temps, même ! J’ai l’impression qu’on essaie d’avoir le contrôle, mais qu’en réalité, on en a très peu. Je pense que je suis simplement une petite feuille posée sur un océan, qui dérive au gré des courants et c’est très bien. Je le vis plutôt bien (rires) !
Avant de nous quitter, je vais vous demander l’impossible : quel est votre top 3 de vos séries préférées de tous les temps ?
Waouh, je vais devoir me concentrer là (rires) ! Mon top 1, c’est définitivement Euphoria parce que j’aime ce que dit cette série. Elle a ouvert un champ des possibles pour notre génération et nous a donné la légitimité d’être et d’aller explorer des zones que la société et nos familles ne nous offraient pas forcément. J’adore aussi sa musique, son identité, ses acteurs, ses costumes… Tout !
Pour le top 2, je vais dire la première saison de True Detective pour le duo Woody Harrelson-Matthew McConaughey, son mysticisme et son côté thriller. Je vais achever ce top avec la série Netflix Acharnés, car ça fait du bien de voir des contenus comme celui-là et des acteurs de la communauté asiatiques qui n’incarnent pas des personnages stéréotypés. On est complètement en empathie avec eux.