Article

Solo Leveling : du web novel à l’anime, comment la saga est devenue un véritable phénomène

04 janvier 2024
Par Samuel Leveque
Illustration du web novel “Solo Leveling” par Dubu.
Illustration du web novel “Solo Leveling” par Dubu. ©Kakaopage/D&C

Comment une série de romans autopubliés sur Internet en Corée du Sud a-t-elle pu devenir un phénomène mondial adapté dans un anime à gros budget ? Retour sur le parcours étonnant de Solo Leveling, véritable carton commercial.

En Corée du Sud, le fait de consommer, depuis son smartphone, des romans autopubliés sur des plateformes spécialisées est une pratique courante, voire banale, depuis longtemps. Mais, dans les centaines de séries publiées chaque mois sur des services comme KakaoPage, peu atteignent le niveau de notoriété stupéfiant de Solo Leveling, qui a depuis été adapté dans de nombreux autres formats. Et pour cause, la saga du très discret Kisoryong Chugong a acquis dès sa publication en 2016 un statut d’ovni du genre dont le succès ne faiblit pas avec les années.

Un récit aussi simple qu’efficace

C’est probablement le style percutant et direct de Chugong qui, en premier lieu, a attiré l’attention des amateurs de romans d’action feuilletonnants. Dans Solo Leveling, on suit les aventures de Sung Jinwoo, un chasseur de monstres notoirement faible et inefficace, qui se retrouve soudainement doté de la capacité surpuissante de dresser les monstres vaincus ainsi que de « gagner en niveau », à la manière d’un personnage de jeu vidéo.

L’auteur s’inspire des codes des médias modernes pour construire une histoire bourrée de références aux jeux de rôle, aux anime et aux séries d’action. La recette, simple, mais super efficace, est embellie par des illustrations superbes de Dubu (un dessinateur depuis décédé dans des circonstances tragiques). De plus, l’action parvient à renouveler de manière assez surprenante les enjeux d’une intrigue dont l’apparente simplicité cache en réalité un univers assez élaboré.

La saga reçoit très rapidement l’attention d’un éditeur, D&C média, qui s’assure de l’impression et de la diffusion du roman en Corée, dont les droits sont vendus à l’étranger pour une traduction dans une vingtaine de langues, y compris le français. Le premier volume relié, très attendu, sortira d’ailleurs en librairie chez KBooks en février 2024.

La version webtoon a été remarquée par la richesse de sa mise en page.©Kakaopage/D&C

Conformément à l’essentiel des succès de ce genre en Corée du Sud, il était peu probable que l’éditeur s’en tienne à une simple publication de courts romans : immédiatement après la parution du dernier tome de Solo Leveling en 2018, D&C et la plateforme Kakao décident d’en publier une nouvelle version, cette fois sous forme de webtoon, ces BD adaptées pour la lecture sur smartphone.

Une stratégie multimédia à toute épreuve

C’est cette version en bande dessinée qui va donner entre 2018 et 2020 une notoriété spectaculaire à l’œuvre de Chugong, qui arrive en pleine explosion mondiale du webtoon sud-coréen. Un carton qui se confirme vite en France, où l’œuvre est diffusée sur les plateformes Verytoon et Piccoma… Ainsi que dans les librairies traditionnelles, une version retravaillée et imprimée du roman ayant été réalisée pour certains pays.

En parallèle, un jeu vidéo est mis en chantier, ainsi qu’un drama. Tout semble bon pour continuer à surfer sur ce qui est l’une des plus grosses hypes de la pop culture asiatique depuis des années, dont les lectures cumulées en ligne auraient dépassé les 12 milliards de vues.

©Solo Leveling Animation Partners

Et même si Chugong avait confié en 2022 « ne plus rien avoir à raconter dans cet univers » après la publication du dernier chapitre des romans, il s’est récemment remis à la tâche avec de nouveaux récits annexes, Solo Leveling Side Stories. Une nouvelle série régulière, Solo Leveling Ragnarok, est également en préparation pour 2024.

Une version animée à grand spectacle très attendue

Néanmoins, 2024 sera avant tout l’année du passage à la version animée pour la série. Une adaptation loin d’être anecdotique à deux titres : d’abord parce qu’elle s’intègre dans une stratégie de synergie de production des industries culturelles en Asie, qui conduit de plus en plus de manhwas et de webtoons sud-coréens à recevoir une adaptation animée par des studios japonais. Après The Tower of God, The God of High School ou encore Noblesse, c’est donc au tour de Solo Leveling de recevoir les honneurs d’une adaptation en japanime.

©Solo Leveling Animation Partners

Mais surtout, c’est l’ambition de cette adaptation qui retient l’attention. Signée par le prestigieux studio A1 Pictures, elle s’est assuré une diffusion mondiale par Sony (via Aniplex et Crunchryroll) et aligne une équipe impressionnante : Shunsuke Nakashige à la réalisation (Sword Art Online), Hiroyuki Sawano à la musique (Gundam, L’Attaque des Titans…) ou encore Chiaki Furuzumi au character design (Nanatsu no Taizai, Le Château solitaire dans le miroir…).

Les premiers épisodes que nous avons pu visionner ne déçoivent pas : Solo Leveling version anime est aussi percutant, intense et rapide que son modèle. On est sur de la japanime à très grand spectacle, faisant la part belle à des combats de monstres particulièrement spectaculaires. À n’en pas douter, cette nouvelle version (diffusée sur Crunchyroll dès le 6 janvier et en mars sur Netflix) n’aura aucun mal à trouver son public et à remettre une pièce dans la machine : Solo Leveling, sous toutes ses formes, nous allons en entendre parler pendant encore de longues années !

À lire aussi

Article rédigé par