Critique

Le jeu eFootball 2022 est-il vraiment si mauvais ?

23 octobre 2021
Par Alexandre Manceau
“Pro Evolution Soccer” est mort, place à “eFootball” chez Konami.
“Pro Evolution Soccer” est mort, place à “eFootball” chez Konami. ©Konami

Après 20 ans d’existence, la mythique franchise PES s’en est allée, laissant place à eFootball, un successeur basé sur le principe de free-to-play. Nous avons testé la nouvelle mouture de la franchise Konami. On vous explique pourquoi elle peine à convaincre…

Pro Evolution Soccer. À ces trois mots, des milliers de souvenirs jaillissent dans l’esprit des gamers des années 2000. Avant l’avènement et le règne sans partage d’Electronic Arts avec FIFA, qui pourrait bientôt changer de nom, la référence du jeu de football était à chercher du côté de Konami. Si l’origine de la licence remonte à 1985, c’est bel et bien en 2001 que PES est né, avec la sortie de Pro Evolution Soccer sur PlayStation 1 et PlayStation 2. Axé principalement sur la simulation et le caractère très pointu des actions à mener pour réussir à mettre le ballon au fond des filets, la licence s’impose de plus en plus jusqu’à ce que sorte le Graal : Pro Evolution Soccer 5.

L’histoire d’une licence culte

Considéré par beaucoup comme le meilleur opus de la licence et l’un des meilleurs jeux de foot de tous les temps, PES 5 va permettre à la licence d’entrer à jamais dans le cœur des fans. Avec PES 5 et PES 6, Konami offre ce qui reste sans doute la meilleure simulation de football : personnalisation totale du jeu pour qu’il soit au goût de chaque utilisateur, Ligue des Masters, différents modes d’entraînement à disposition et même des options loufoques comme des tenues de pingouins ou de dinosaures à la place des maillots officiels… Autant de souvenirs qui ont fait la légende de Pro Evolution Soccer.

Avec 5,76 et 6,53 millions de ventes pour PES 5 et PES 6, Konami était alors le roi incontesté. Mais un règne n’est jamais éternel. Petit à petit, PES s’est écroulé, pendant que FIFA montait en puissance. Il restait peu d’espoir pour un come-back digne de ce nom, mais, en juillet dernier, Konami a fait une annonce forte : PES, c’est fini, place à eFootball (un free-to-play proposant des achats par micropaiement aux utilisateurs). Plutôt qu’un nouvel épisode chaque année, le jeu évoluera régulièrement et les choses sérieuses commencent dès cet automne, avec la saison 2021-2022.

Beau jeu rime-t-il avec bon jeu ?

Après de nombreuses interrogations sur l’héritage et l’avenir de cette licence emblématique qu’était Pro Evolution Soccer, l’heure est venue de se faire un avis sur ce fameux eFootball 2022. Disponible depuis le 31 septembre dernier, le titre a énormément fait parler de lui sur Twitter quelques heures après sa sortie. De nombreux internautes ont en effet affiché leur déception et leur mécontentement envers un titre qui ne semblait pas fini, indigne d’un jeu de 2021 et qui affichait des graphismes affreux. Face à cette vague de colère, une seule question se posait : cet eFootball 2022 est-il vraiment si mauvais que ça ? Autant ne pas y aller par quatre chemins : ce n’est pas cette année que FIFA perdra son trône. Après une longue prise en main, plusieurs points viennent en effet confirmer l’idée que les critiques sur Twitter n’étaient pas (du tout) exagérées.

Cristiano Ronaldo est un monstre physique, mais peut-être pas à ce point.©Konami

Tout d’abord, d’un point de vue visuel, le titre de Konami n’incite pas forcément le joueur à s’attarder plusieurs heures dessus. Avec une musique de fond vite redondante et énervante, et un menu aussi sommaire que celui d’une borne d’arcade, eFootball a clairement mis de côté l’aspect glamour. Heureusement, la partie s’améliore une fois le match lancé : arrivée des joueurs, échauffement, entrée des deux équipes sur la pelouse… eFootball joue à fond la carte de l’ambiance et ça fait son petit effet. Si on ajoute les chants de supporters, qui sont aussi très doués pour siffler, et les séquences d’interviews après les matchs, on obtient une ambiance digne des grands rendez-vous de football. Sans oublier le duo de commentateurs, Grégoire Margotton et Darren Tulett, présents depuis 2013 et qui fonctionne plutôt bien en mêlant analyses et anecdotes tout au long du match. L’ambiance entre deux sessions de jeu, c’est bien, mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit d’utiliser la manette ?

Un gameplay inacceptable en 2021

Tel Docteur Jekyll et Mister Hyde, le jeu de Konami devient un véritable calvaire une fois la manette en main. La volonté de PES, et désormais d’eFootball, a toujours été de proposer un jeu où la construction des actions était nécessaire, là où FIFA permet d’aller très vite et tout droit pour espérer marquer. Dans eFootball, prendre le temps de construire son action à coup de passes et décalages sera nécessaire et cela aurait pu être un très bon point, si le jeu n’était pas d’une lenteur à peine croyable. Les joueurs paraissent lourds et le simple fait de contrôler et de prendre une autre direction semble prendre une éternité. Si faire une passe est un véritable geste technique, ici, il faut faire preuve d’une très grande application pour une simple passe à trois mètres. Et encore, il peut arriver que le ballon n’aille pas dans la direction voulue et se retrouve dans les pieds adverses. Qu’il s’agisse du déplacement des joueurs ou de l’intensité des matchs, le tout est extrêmement lent et cela permet malheureusement de mieux admirer les défauts visuels du jeu.

L’idée de Défense physique (R1) est bonne, mais le résultat est trop souvent aléatoire.©Konami

Car non, les bugs hilarants que nous pouvions retrouver sur Twitter n’étaient pas du tout exagérés. Un contact épaule contre épaule entre Cristiano Ronaldo et un défenseur argentin nous a par exemple permis d’admirer le bras totalement déboîté de la star portugaise, comme si de rien n’était. De même, lorsque, après avoir marqué, celui-ci continue de courir contre le panneau publicitaire, le temps que le ralenti se lance. Si les visages sont loin d’être aussi ressemblants que ce qui était promis avec le moteur Unreal Engine 4, ils ne sont toutefois pas aussi choquants que certains screens visibles sur les réseaux sociaux. De plus, on notera le bon niveau des gardiens, qu’il est de plus en plus difficile de tromper, même sur une puissante frappe à bout portant.

Un contenu terriblement vide

Dans les faits, eFootball serait en fait une confiserie à l’aspect plutôt séduisant, mais qui, une fois en bouche, se révélerait plutôt fade. Un constat d’autant plus saisissant lorsqu’il s’agit d’aborder le contenu du jeu de Konami. Si celui-ci est amené à grandir avec l’arrivée de futures mises à jour, le contenu actuellement disponible est d’une faiblesse rare. Neuf clubs, parmi lesquels le Barça et le Bayern Munich, et six stades sont disponibles pour des parties qu’il est possible de disputer dans un match contre l’IA ou avec un ami hors-ligne. Enfin, des événements en ligne hebdomadaires, intitulés Partners Club, où le but est de remplir certains défis avec des équipes précises vont permettre au joueur de remporter des GP, les fameuses récompenses virtuelles d’eFootball. Et c’est tout, pour le moment. Après le tollé sur les réseaux sociaux lors du lancement, Konami avait dévoilé un premier communiqué pour présenter ses excuses, avant qu’un second communiqué annonce cette fois l’arrivée de la première grosse mise à jour.

Un nombre très faible d’équipes pour disputer de simples matchs entre amis.©Konami

Vivement le 28 octobre pour la première mise à jour !

Attendue le 28 octobre, celle-ci devrait normalement corriger plusieurs bugs déjà aperçus et, surtout, apporter un peu plus de contenu au titre. Plusieurs modes de jeu sont en effet attendus, comme Équipe créative, où le joueur devra créer sa propre équipe, l’entraîner et partir défier des joueurs du monde entier. De plus, les modes Ligue créative eFootball, Circuit, Défi, Match rapide en ligne et Lobby match en ligne seront aussi lancés à l’occasion de cette mise à jour, qui permettra aussi au jeu de devenir entièrement cross-plateforme. S’il n’est pas certain que cette seule mise à jour suffise à transformer le décevant jeu actuellement disponible, toutes ces nouveautés attendues devraient offrir un nouveau regard au jeu de Konami, et donc une seconde chance dans quelques semaines.

De nouveaux modes de jeu sont attendus dans les prochaines semaines pour faire d’eFootball un vrai jeu de foot.©Konami

Ce test a été réalisé sur PS4 Slim.

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Article rédigé par
Alexandre Manceau
Alexandre Manceau
Journaliste