Entretien

Rencontre : Élodie Font, créatrice du podcast Coming In, tout juste adapté en roman graphique

14 octobre 2021
Par Clara Authiat
Élodie Font.
Élodie Font. ©Astrid di Crollalanza

Élodie Font, journaliste radio et créatrice de podcasts, vient de publier Coming In (Payot et Arte éditions, 2021), un roman graphique qui revient sur la découverte et l’acceptation de son homosexualité.

Entre la sortie de son roman graphique et son récent statut de mère, le temps d’Élodie Font est précieux – mais elle n’en est pas avare. Elle prévient d’emblée : « Les petits bruits derrière moi, c’est parce que je donne le biberon à mon bébé. » Elle estime d’ailleurs que l’homoparentalité mérite davantage de visibilité.

Coming In, c’est votre histoire. Comment est-ce qu’on en vient à partager son intimité quand on est journaliste ?

Je n’avais pas anticipé de faire ça un jour, ça m’est un peu tombé dessus, au cours d’une conversation avec Silvain Gire, le directeur d’Arte Radio, qui voulait un podcast qui explorait la thématique de l’acception de soi et de son homosexualité. Moi, j’avais envie de raconter des histoires et je me suis rendu compte que cette réflexion autour du cheminement, des identités, de qui on est, pourquoi on est comme ça… traversait tout mon travail.

Comment passe-t-on du podcast au roman graphique ?

Alors on n’y passe pas tout de suite ! Quand j’ai sorti le podcast, on m’a directement proposé d’en faire un livre. J’avais l’impression d’avoir tout dit dans le podcast, et donc je n’étais pas du tout prête à ça. Je pense que j’ai eu besoin d’un temps de digestion du podcast, puis de ma vie. Écrire ce genre de format, bande dessinée ou podcast, nécessite aussi une certaine maturation pour savoir ce qu’on veut raconter et comment. Donc j’ai attendu, la vie a continué… et puis l’opportunité s’est présentée. Je me suis rendu compte que j’avais évolué et que j’avais, à nouveau, la ressource mentale pour reprendre l’histoire autrement. Je voulais être aussi sincère dans la bande dessinée que je l’avais été dans le podcast, et il fallait que je me laisse le temps de l’être. Donc, évidemment, il y a des ressemblances dans la bande dessinée, mais il y a surtout des évolutions : j’ai dû reprendre l’écriture de A à Z.

Comment trouve-t-on le dessinateur ou la dessinatrice pour raconter son histoire ?

Alors, ça a été dur, sans vraiment l’être. J’aimais beaucoup le travail de Carole Maurel. J’aimais les couleurs, la manière dont elle représentait les émotions. Quand le projet de bande dessinée s’est concrétisé, j’ai tout de suite pensé à elle. Mais écrire un mail à quelqu’une pour lui dire qu’on adore son travail et lui demander si elle serait partante pour raconter notre vie est une démarche très bizarre ! J’ai fait plusieurs tentatives avec d’autres dessinateurs, mais je n’y arrivais pas, car, pour moi, Coming In c’était Carole. J’avais déjà des dessins en tête et je n’arrivais pas à imaginer ça autrement que sous son trait à elle.

Quelle intention se cache derrière l’adaptation en bande dessinée ?

Avec une bande dessinée, on peut se retrouver dans les lycées, dans les médiathèques. Donc on peut aller toucher des gens qui n’écoutent pas de podcasts. Et puis, deuxième raison, c’est qu’après le podcast, je pensais que parler de l’acceptation de son homosexualité n’était plus vraiment nécessaire, mais les nombreux messages que j’ai reçus par la suite m’ont convaincue du contraire. C’est un sujet dont il faut parler et la bande dessinée a aussi cette vocation.

Votre prochain bébé, c’est un roman graphique ou un podcast ?

Chaque chose en son temps : je suis en congé maternité jusqu’à la fin de l’année. Mon grand projet de l’année c’était d’accoucher et cette maternité me donne des envies que je n’avais pas avant. Donc je suis dans les starting-blocks, j’ai vraiment envie de continuer à écrire des scénarios. J’ai aussi d’autres projets de bandes dessinées et de podcasts à venir… mais c’est encore balbutiant, donc secret.

Coming In d’Élodie Font et Carole Maurel, Payot, 2021, 144 p., 19 €.

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