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Émotion du monde du cinéma après la condamnation du réalisateur iranien Saeed Roustaee

17 août 2023
Par Edouard Lebigre
Le réalisateur est coupable de "contribuer à la propagande de l'opposition contre le système islamique".
Le réalisateur est coupable de "contribuer à la propagande de l'opposition contre le système islamique". ©Borna_Mirahmadian/Shutterstock

Le réalisateur de La Loi de Téhéran a été reconnu coupable d’avoir projeté son film Leïla et ses frères à Cannes en 2022.

Figure du nouveau cinéma iranien, le réalisateur Saeed Roustaee a été condamné par un tribunal de Téhéran. En cause : la projection de son dernier film Leïla et ses frères au Festival de Cannes en 2022. Le film, interdit en Iran depuis sa sortie l’année dernière, dressait le portrait d’une famille au bord de la rupture, dans un pays en pleine crise économique. Selon les autorités, le cinéaste a enfreint la loi « en participant sans autorisation à des projections à Cannes, puis à Munich ».

Saeed Roustaee et son producteur, Javad Norouzbeigui, sont reconnus coupables de « contribuer à la propagande de l’opposition contre le système islamique ». Le quotidien réformateur iranien Etemad signale néanmoins que les deux hommes ne devraient passer que neuf jours en prison, tandis que le reste de leur activité « sera suspendu pendant cinq ans ». Ils ne pourront donc pas travailler pendant cette période.

Une mobilisation du monde du cinéma

Saeed Roustaee est connu pour avoir réalisé La Loi de Téhéran (2019), plongée au cœur du trafic de drogue au sein de la capitale iranienne. Après une standing ovation lors de sa présentation au Festival de Venise, le long-métrage était devenu le film dramatique le plus rentable de l’histoire de son pays. Son film suivant, Leïla et ses frères avait été ajouté à la sélection officielle du Festival de Cannes en 2022. Désormais condamné pour cette participation, Saeed Roustaee peut faire appel de la décision, dans « les 20 jours suivant sa notification » selon Etemad.

Plusieurs voix s’élèvent contre la condamnation du cinéaste, notamment celle du Festival de Cannes qui dénonce « une grave atteinte à la liberté d’expression ». L’organisation du Festival Nouvelle Vague de Biarritz, dont Saeed Roustaee vient de présider le jury de la première édition a quant à elle, « appeler à l’annulation de la condamnation de Saeed Roustaee dans les plus brefs delais ». Le Festival « s’engage indéfectiblement auprès de la jeunesse, pour la liberté d’expression, la liberté artistique, et auprès des artistes et peuples menacés parce qu’ils s’en saisissent. »

À l’internationale, Martin Scorsese a notamment partagé sur sa page Instagram une pétition réclamant la libération du réalisateur afin que lui et son producteur « puissent continuer à être une force du Bien dans ce monde. »

Depuis la Révolution islamique iranienne de 1979, aucun film iranien ne peut être tourné sans autorisation. La condamnation de Saeed Roustaee rappelle celle d’autres cinéastes iraniens comme Asghar Fahradi et Jafar Panahi, dont les oeuvres sont censurées par le gouvernement en place. En 2022, l’actrice Taraneh Alidoosti avait été arrêtée le samedi 17 décembre en Iran, après avoir pris position sur les réseaux sociaux contre le régime iranien.

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