Étonnamment, la Cité des Anges n’avait pas encore de musée consacré exclusivement au septième art. C’est à présent chose faite avec le musée des Oscars, un rêve vieux de plus d’un siècle.
Le 30 septembre 2021, le musée de l’Académie des Oscars a pour la première fois ouvert ses portes au public. Ce “Parthénon” du cinéma, ainsi que l’envisage Tom Hanks (Forrest Gump, Seul au monde), membre du conseil d’administration du musée, est un des plus grands musées du monde dédié au septième art et recèle les objets les plus emblématiques de l’histoire d’Hollywood.
Conçu par l’architecte italien Renzo Piano, connu entre autres pour avoir remporté le projet de construction du Centre Pompidou dans les années 1970, le musée des Oscars a pris ses quartiers dans un ancien grand magasin des années 30 auquel l’architecte a adossé une gigantesque sphère de béton et de verre abritant un cinéma d’une capacité de 1 000 places. L’édifice, digne d’un space-opéra, aura coûté pas moins de 484 millions de dollars collectés au fil des années auprès des grands studios d’Hollywood (Netflix, Disney, Warner, etc.) et de personnalités du cinéma, à l’image de Steven Spielberg. Non sans ironie, Renzo Piano a prié les journalistes, lors de la conférence de presse inaugurale, de ne pas l’appeler « l’Étoile noire », en référence à la base lunaire de l’Empire dans la saga Star Wars. On va se gêner…
Un musée aux mille trésors
Les cinéphiles ne seront pas en reste face à l’impressionnante collection d’objets réunis par l’Académie des Oscars. Entrant dans le musée, les visiteurs sont d’emblée accueillis par Bruce, surnom de la maquette originale du requin des Dents de la mer, le blockbuster culte de Steven Spielberg. Une entrée en matière alléchante, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est toute l’Histoire du cinéma qui se déploie sur plus de 28 000m2, des premiers pas du septième art jusqu’à aujourd’hui. On retrouvera, parmi tant d’autres objets cultes, la luge de Citizen Kane, la paire de souliers rouges portées par Judy Garland dans Le magicien d’Oz, les costumes de Dracula, les maquettes de 2001 : l’odyssée de l’espace, la créature d’Alien ou encore la tenue de Jeff Bridges dans The Big Lebowski. Le musée abrite également plusieurs espaces d’expositions temporaires et propose actuellement une plongée onirique dans l’oeuvre du maître de l’animation japonais Hayao Miyazaki (Mon Voisin Totoro, Le voyage de Chihiro).
Le côté obscur d’Hollywood
Contrastant avec la gloire et le succès de ces monuments du cinéma, le musée ne manque pas non plus de mettre en lumière des figures oubliées ou discriminées du cinéma hollywoodien. Des expositions reviendront par exemple sur Oscar Micheaux, considéré comme un pionnier du cinéma afro-américain, ou Anna May Wong, star sino-américaine des années 1920 à qui on refusa de nombreux rôles en raison de ses origines. Le musée revient également sur la pratique du black et du yellow face dans les années 1930-40, sur l’image des Amérindiens dans les westerns et autres stéréotypes véhiculés par les grands films hollywoodiens. Enfin, le musée consacre également une galerie sur les mouvements #MeToo et BlackLivesMatter.
Bien entendu, le musée revêt également un versant commercial – il va bien falloir rentabiliser ces 484 millions dollars – qui propose entre autres au visiteur de tenir dans sa main un véritable Oscar au sein d’une expérience simulant la célèbre cérémonie. À la clé, une vidéo personnalisée prête à se voir propulsée sur les réseaux sociaux, moyennant un supplément de 15$ sur le prix du billet (25$)…