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Pour s’informer, les internautes préfèrent les réseaux sociaux aux médias

15 juin 2023
Par Kesso Diallo
Utilisant les réseaux sociaux pour s'informer, les internautes sont tout de même conscients du risque de désinformation.
Utilisant les réseaux sociaux pour s'informer, les internautes sont tout de même conscients du risque de désinformation. ©Rohane Hamilton / Shutterstock

Selon un rapport de l’institut Reuters, les internautes accordent plus d’attention aux influenceurs ou aux célébrités sur les réseaux sociaux pour s’informer. À noter, l’importance croissante de TikTok comme canal d’accès à l’information.

Les jeunes ne sont pas les seuls à privilégier les réseaux sociaux pour s’informer. C’est ce que souligne le rapport annuel de l’institut Reuters sur l’information numérique publié mercredi. S’appuyant sur des sondages en ligne menés par la société YouGov auprès de plus de 93 000 personnes dans 46 pays, il révèle que les influenceurs et les célébrités sur ces plateformes sont considérés comme de meilleures sources par le public, qui dit accorder plus d’attention à ces derniers qu’aux journalistes. 

Dans le détail, c’est le cas de la majorité des utilisateurs de TikTok (55%), Snapchat (55%) et Instagram (52%). À l’inverse, les médias et les journalistes sont toujours au centre de la conversation sur Facebook et Twitter, plateformes qui sont moins utilisées par les jeunes. « Les plus jeunes générations, qui ont grandi avec les réseaux sociaux, accordent souvent davantage d’attention aux influenceurs ou aux célébrités qu’aux journalistes, même quand il s’agit d’information », indique le rapport.

Un bouleversement de la hiérarchie entre réseaux sociaux

Cette attention grandissante accordée aux influenceurs et aux célébrités sur les réseaux sociaux est l’un des effets du bouleversement de la hiérarchie entre ces plateformes. Désormais, les réseaux traditionnels comme Facebook et Twitter sont en perte de vitesse, étant ringardisés par ceux fondés sur la vidéo, à l’image de TikTok, YouTube, Instagram et Snapchat. Si « Facebook reste l’un des réseaux sociaux les plus utilisés dans l’ensemble », il « devient beaucoup moins important comme canal d’accès à l’information », précise le rapport. Alors que 42% des sondés déclaraient accéder aux infos via la plateforme de Meta en 2016, ils ne sont plus que 28% en 2023.

Cela est lié au « désengagement » de Facebook du secteur de l’information, mais aussi aux « nouveaux défis » auxquels la plateforme est confrontée avec les réseaux sociaux fondés sur la vidéo qui « accaparent de plus en plus l’attention des plus jeunes ». Le rapport pointe d’ailleurs l’importance croissante de TikTok comme canal d’accès à l’information. Le réseau social chinois touche 44% des 18-24 ans sur tous les marchés et connaît aussi la croissance la plus rapide en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

Un public conscient du risque de désinformation

Si les sondés sont de plus en plus nombreux à s’informer via les réseaux sociaux, ils sont tout de même conscients du risque de désinformation. Sur l’ensemble des marchés, 56% des personnes interrogées se sont déclarées inquiètes concernant la distinction entre vraies et fausses informations sur Internet. De plus, les sondés utilisant principalement ces plateformes pour s’informer étaient beaucoup plus inquiets à ce sujet (64%) que ceux qui ne les utilisent pas du tout (50%). « Cela ne veut pas dire que l’utilisation des réseaux sociaux cause de la désinformation, mais des problèmes documentés sur ces plateformes et une plus grande exposition à un plus large éventail de sources semblent avoir un impact sur la confiance que les gens accordent aux informations qu’ils rencontrent », précise le rapport.

Les sondés se sont également dit sceptiques envers les algorithmes de sélection des informations utilisés par les moteurs de recherche, réseaux sociaux et autres plateformes. Seuls un tiers ont déclaré qu’une sélection d’actualités pour eux basée sur leur consommation précédente est un bon moyen d’obtenir des infos. Malgré cela, les internautes préfèrent encore légèrement les actualités sélectionnées à l’aide de ces systèmes que celles choisies par les rédacteurs ou les journalistes. Selon l’institut, cela « suggère que les inquiétudes concernant les algorithmes font partie d’une préoccupation plus large concernant les actualités et la manière dont elles sont sélectionnées ».

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste