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Plus un enfant a son premier smartphone tôt, plus sa santé mentale est fragile

31 mai 2023
Par Kesso Diallo
Les jeunes ayant eu leur premier smartphone à leur majorité ont un meilleur bien-être mental.
Les jeunes ayant eu leur premier smartphone à leur majorité ont un meilleur bien-être mental. ©De Visu / Shutterstock

Selon une récente étude, l’âge auquel les jeunes acquièrent leur premier smartphone impacte leur santé mentale, notamment chez les femmes.

Une étude qui ne rassure pas à une époque où les jeunes utilisent un smartphone de plus en plus tôt. Réalisée par Sapien Labs, une plateforme de données neurologiques et cognitives, elle s’est intéressée au lien qui pouvait exister entre l’âge du premier smartphone ou de la première tablette chez les 18-24 ans et l’apparition de certains problèmes psychiques. 

Dans le cadre de celle-ci, elle a étudié les données de 27 969 jeunes adultes. Les chercheurs ont ainsi constaté que l’âge auquel a été reçu le premier smartphone ou la première tablette avait un impact sur leur santé mentale. Autrement dit, plus les participants avaient eu leur appareil tôt dans l’enfance, plus leur santé mentale était en danger, ces derniers étant plus susceptibles d’éprouver des pensées suicidaires, des sentiments d’agressivité envers les autres et un sentiment de détachement de la réalité.

Une santé mentale plus fragile

Cette corrélation est plus forte chez les femmes que chez les hommes. Le pourcentage de femmes souffrant de problèmes de santé mentale était de 74% pour celles ayant eu un smartphone ou une tablette à l’âge de 6 ans. Ce chiffre diminue avec l’âge, s’élevant à 46% pour celles qui ont eu leur premier appareil à 18 ans. Du côté des hommes, ce pourcentage est passé de 42% pour ceux ayant reçu un smartphone ou une tablette dès leurs 6 ans à 36% pour ceux qui l’ont eu à leurs 18 ans.

L’âge d’acquisition aurait aussi un lien avec les pensées suicidaires, les sentiments d’agressivité envers les autres et le sentiment d’être détaché de la réalité. Les notes relatives à ces problèmes diminuent en effet systématiquement à mesure que l’âge auquel les jeunes reçoivent leur premier appareil augmente. Les pensées et les intentions suicidaires avaient par exemple une note globale moyenne de 5,8 (sur une échelle de 9 points, 1 correspondant à « ne cause jamais de problèmes » et 9 à « un impact constant et grave sur la capacité de fonctionner ») pour les femmes ayant reçu leur premier smartphone à 6 ans. Elle diminue avec l’âge, étant de 3,6 pour celles l’ayant acquis à leur majorité. Chez les hommes, cette note est passé de 4,1 à 3,2.

Ainsi, « plus l’âge auquel ces jeunes adultes ont reçu pour la première fois dans l’enfance un téléphone ou une tablette qu’ils pouvaient emporter avec eux était tardif, meilleur était leur bien-être mental à l’âge adulte », ont déclaré les chercheurs. « Ces résultats décrivent également un déplacement progressif de la population mondiale vers une population qui a une capacité sociale et une résilience réduites, et qui abrite des pensées suicidaires et des sentiments d’agression plus fréquents envers les autres, à mesure que l’âge moyen de la première acquisition du smartphone devient plus jeune », ont-ils alerté.

Reconnaissant que « ces résultats reflètent des tendances démographiques et des corrélations qui ne fournissent pas de preuve définitive de causalité », ils prévoient de continuer à explorer ces tendances avec des ensembles de données plus importants, notamment en cherchant à mieux comprendre les relations entre les smartphones et d’autres facteurs culturels et environnementaux.

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Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste
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