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Voyage au bout de l’effort

24 mai 2023
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Gratien Tonna affronte Rodrigo Rocky Valdez pour le titre mondial de poids moyen.
Gratien Tonna affronte Rodrigo Rocky Valdez pour le titre mondial de poids moyen. ©AFP/Archives

Trois romanciers se glissent dans la peau de sportifs de légende et racontent leur combat pour la gloire.

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les liens qu’entretiennent le sport et la littérature. Les écrivains se passionnent pour ce milieu comme s’ils en faisaient partie. Comme si l’effort du sportif avait quelque chose de comparable avec l’effort littéraire. Une affaire de souffle, de rythme, de choc. Parce qu’il est question de dépassement de soi, de rivalité, de courage, de passion, de désillusion, le sport est le lieu le plus humain qui soit.

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Le cyclisme avec Les Forçats de la route d’Albert Londres, consacré aux premiers illuminés du tour de France, le football avec Rouge ou mort de David Peace, déclaration d’amour au club de Liverpool et à Bill Shankly, et même la course à pied avec La Solitude du coureur de fond d’Allan Silitoe : nombreux sont les livres qui ont marqué l’histoire. Voyage sur les pas des champions avec trois nouveaux chefs-d’œuvre de littérature sportive.

Le Nageur, de Pierre Assouline

L’admiration est un puissant moteur en littérature. C’est avec ce sentiment chevillé au corps que Pierre Assouline s’est lancé dans l’écriture de son nouveau roman, Le Nageur. Adepte de brasse coulée, qu’il pratique tous les matins, le membre de l’Académie Goncourt a toujours voué un culte obsédant à un maître incontesté des lignes d’eau, un champion de natation à la destinée hors du commun. Son nom : Alfred Nakache. Une légende, ballotée comme tant d’autres par les drames du XXe siècle, un héros pour la France et pour la communauté juive.

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Dans ce récit biographique haletant, on sent toute la passion de Pierre Assouline pour l’enquête. Recueillir des témoignages, fouiller dans les archives pour croquer au plus près le portrait de ce poisson d’eau douce. L’irrésistible ascension d’un garçon modeste de Constantine, en Algérie, qui devient le recordman du monde de natation, la fierté d’un sportif juif qui défend la France aux Jeux olympiques de Berlin en 1936, la dénonciation, la déportation et la mort de sa femme et de sa fille dans ses bras à Auschwitz, la revanche lorsqu’en rescapé, il représente à nouveau la France aux JO de Londres 1948 : l’écrivain retrace avec minutie cette vie follement et tragiquement romanesque. Tout au long du récit, il tire un fil trépidant. La rivalité avec Jacques Cartonnet, le coéquipier que Nakache a toujours soupçonné de l’avoir dénoncé. Et une première phrase qui reste longtemps en mémoire, celle que se répétait Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz, dans son baraquement : « Si je le ­revois, je le tue. »

Boxer comme Gratien, de Didier Castino

Dans le genre de la littérature sportive, il y a un champion incontesté, une compétition qui cristallise toutes les passions : la boxe. Parce qu’un ring, c’est une scène de théâtre, un parfait décor où l’on joue avec la vie, avec la mort. Norman Mailer, Joyce Carol Oates, Jack London : les plus grand·e·s écrivain·e·s ont enfilé les gants pour comprendre ce qui se cachait dans la tête de ces gladiateurs de temps modernes, pour raconter le destin de combattants hors du commun. Aujourd’hui, c’est au tour de Didier Castino de se frotter à l’exercice de l’uppercut littéraire. Le romancier marseillais rend un hommage touchant à une légende de la ville, une force de la nature à la tronche de voyou : Gratien Tonna. Un gamin de Tunis qui a appris à se battre dans la rue, une brute en manque de technique, mais dotée d’une puissance dévastatrice qui deviendra un des plus grands boxeurs français, mais échouera plusieurs fois à conquérir le titre mondial.

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Au-delà de la gloire sportive et des exploits du boxeur, c’est à l’homme que Didier Castino s’intéresse. L’écorché vif brisé par la mort de son frère, la vedette qui flambe et se consume dans l’alcool et les filles, le voyou à la petite semaine accusé de proxénétisme et passé par la case prison. On se prend d’affection pour ce champion oublié, un colosse humain trop humain qui vit désormais loin de la civilisation, sans doute pour fuir ses propres démons.

Le Plus Gros Jeu, d’Al Alvarez

Injustement méconnu en France, le journaliste britannique Al Alvarez est un éblouissant romancier du réel qui transforme ses passions, ses obsessions et sa vie de baroudeur en une grande aventure littéraire. Dans Nourrir la bête, paru il y a deux ans, il racontait son amitié haute en couleur avec la légende de l’escalade Mo Anthoine. Il retraçait le parcours hors du commun d’un ado anglais devenu un virtuose de la grimpe à la recherche des sommets les plus escarpés, un trompe-la-mort devenu doublure de Stallone dans Rambo alors qu’il a toujours préféré la magnésie à la gloire.

L’alpiniste Mo Anthoine et l’écrivain Al Alvarez.©John Cleare

Avec Le Plus Gros Jeu, il confronte le lecteur à un tout autre vertige, celui des jetons, des paires d’as, des dollars et des casinos de Las Vegas. Un peu à la manière du grand Norman Mailer, envoyé par le magazine Playboy à Kinshasa pour suivre en 1975 Le Combat du siècle Ali-Foreman pour le titre de champion du monde poids lourd de boxe et qui en a tiré l’un des plus grands livres jamais écrit sur le sport, Al Alvarez est envoyé par le New Yorker dans la ville du vice pour suivre les championnats du monde de poker 1981.

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Et, comme chez Mailer, le décor devient personnage. Paradis du jeu et de l’argent-roi, ville de toutes les promesses comme de tous les excès, le Las Vegas des années 1980 est un monde à part qui attire tous ceux qui espèrent changer de vie. Joueur lui-même, Al Alvarez nous plonge surtout dans les arcanes d’un jeu complexe. Entre les stratégies, le bluff et la chance, il compose un haletant western sur tapis vert où la défaite est un crève-cœur et la victoire une incroyable jouissance : « Le sexe, c’est bien, mais le poker, ça dure plus longtemps. »

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