Diffusé ce vendredi 26 janvier sur Canal+, L’Éclaireur avait pu découvrir durant son avant-première cannoise, Le Cadran de la destinée, le nouveau chapitre d’Indiana Jones avec Harrison Ford. Critique.
Ce matin, L’Éclaireur a pu découvrir au cœur du Théâtre Lumière Indiana Jones et le Cadran de la Destinée. Présenté à l’issue de la montée des marches, à la suite de quoi Harrison Ford a reçu une Palme d’or d’Honneur, le long-métrage filme le retour de l’acteur dans le costume de l’aventurier, 15 ans après le quatrième volet, Le Royaume du Crâne de Cristal (2008).
Le film s’ouvre avec une scène d’exposition dynamique, dans la lignée de la saga. Action, personnages et enjeux archéologiques sont au cœur de cette séquence inédite durant laquelle les spectateurs retrouveront un Harrison Ford rajeuni de manière convaincante, contrairement à ce qu’avait pu offrir Netflix avec The Irishman par rapport au personnage incarné par Robert De Niro.
On découvre alors l’objet de toutes les convoitises, Le Cadran de la Destinée, élaboré par Archiméde il y a 2000 ans, mais aussi son antagoniste principal en la personne de Mads Mikkelsen. L’acteur danois incarne ici un ancien agent SS et un scientifique nazi, bien décidé à utiliser le cadran pour remonter dans le temps et faire en sorte que l’armée allemande remporte la Seconde Guerre mondiale.
Harrison Ford de retour, Mads Mikkelsen déçoit
Ce n’est pas la première fois que Mads Mikkelsen incarne un ennemi. De James Bond aux Animaux Fantastiques, le comédien est passé maître dans l’art d’incarner les méchants du grand écran. Alors quand Disney a annoncé qu’ils avaient mis la main sur l’acteur pour interpréter Voller, pour les cinéphiles, ce choix n’a pas été une surprise. Or, force est de constater que les talents de l’acteur n’ont pas été suffisamment exploités par James Mangold et son équipe. Le scénario survole ce qui anime véritablement le personnage, le dénaturant de toute envergure dramatique, terrifiante voire hilarante ; trois aspects qu’insufflait la franchise Indiana Jones à ses précédents antagonistes.
Si son jeu est convaincant, Voller manque de charisme dans l’écriture et se voit rapidement éclipsé par Harrison Ford, encore une fois magistral dans le rôle de l’archéologue américain. L’aventurier n’a rien perdu de son charme, et de son courage. Des traits que l’on craignait voir disparaître, le comédien reprenant son rôle culte à 80 ans, 42 ans après la sortie du premier volet. Fort heureusement, Indiana Jones n’est pas devenu Papy Indy. L’évolution du personnage est davantage en lien avec sa profondeur, et les blessures du passé.
On doit aussi citer la prestation de Phoebe-Waller-Bridge, élément comique du long-métrage et side-kick d’Indiana Jones dans cette nouvelle aventure. L’actrice britannique distille une bonne humeur communicative et une légèreté qui contraste brillamment avec la gravité d’Indiana Jones.
Un James Mangold en demi-teinte
Malgré un casting en demi-teinte parmi lequel on croisera un Antonio Banderas oubliable, un Toby Jones toujours aussi excellent et John Rhys-Davies, atout fan-service du film, on sent l’amour de James Mangold pour la franchise. La réalisateur connaît les codes de la saga entre action et émotion : il envoie ses personnages parcourir le monde, toujours poursuivis par des nazis, avec pour climax final un parcours du combattant dans une grotte, le tout accompagné par la musique de John Williams et des gros plans sur son chapeau et le fouet.
Pour autant, Indiana Jones 5 ne réinvente pas la franchise, comme avait pu le faire Mangold sur Logan (2017). Il se contente d’offrir des adieux sans particulières effusions et bien que celles-ci soient à l’image du personnage – sans remous – on attendait plus du réalisateur. Le script manque d’épaisseur et souffre de plusieurs raccourcis, sa conclusion offrant un final aussi surprenant que poussif, loin de l’émotion qu’aurait mérité notre cher Indy.
On retiendra alors de ce dernier chapitre le charisme d’Harrison Ford, toujours intact, mais aussi des scènes d’action brillamment chorégraphiées, ainsi que l’excitation de la chasse au trésor. Malgré ses défauts, le film de James Mangold aura au moins le mérite de nous faire oublier le douloureux souvenir que représentait Le Royaume du Crâne de Cristal, et c’est déjà très bien.
Indiana Jones et le Cadran de la destinée de James Mangold avec Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge et Mads Mikkelsen, 2h34, le 28 juin 2023 au cinéma.