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Twitter Blue, vecteur de désinformation

07 avril 2023
Par Kesso Diallo
Des tweets contenant de fausses informations ont été vus près de 27 millions de fois en une semaine.
Des tweets contenant de fausses informations ont été vus près de 27 millions de fois en une semaine. ©XanderSt / Shutterstock

Selon une étude de Newsguard, la formule payante du réseau social permet aux diffuseurs de fausses informations de gagner en crédibilité et en visibilité.

Auparavant un signe d’authenticité, les badges bleus sur Twitter sont désormais une aubaine pour les colporteurs d’infox. C’est ce qu’indique Newsguard, startup spécialisée dans l’évaluation des fake news, dans une nouvelle étude. Pour rappel, avec l’arrivée d’Elon Musk à la tête du réseau social, une nouvelle formule Twitter Blue a été déployée. En échange d’une dizaine de dollars par mois, elle offre plusieurs avantages aux abonnés, notamment la fameuse coche bleue, qui était autrefois attribuée en fonction de l’authenticité, de la notoriété et de l’activité d’un profil.

Des tweets problématiques vus 27 millions de fois

Entre le 1er et le 7 mars, NewsGuard a analysé 25 comptes sur le réseau social diffusant de la désinformation et certifiés par Twitter Blue. Au total, ils ont posté ou retweeté 176 publications contenant des affirmations fausses, trompeuses ou infondées au cours de cette période. Dans le détail, les 141 tweets qu’ils ont publiés ont été vus près de 27 millions de fois, mais aussi « aimés » et retweetés plus de 760 000 fois.

Les fausses informations concernaient trois sujets : le Covid-19, la politique américaine et la guerre en Ukraine. La pandémie est celui qui a donné lieu au plus grand nombre de fausses allégations, avec 66 tweets et retweets. Parmi ces publications, 15 comptes ont affirmé sans preuve que les vaccins étaient dangereux ou avaient provoqué des décès massifs, le sida ou encore des accidents vasculaires cérébraux.

Des désinformateurs certifiés

Newsguard précise que sur les 25 comptes, 10 ont été réinstaurés sous Elon Musk, après avoir été suspendus par les anciens dirigeants de Twitter. La startup indique aussi que plusieurs des colporteurs d’infox sur Twitter se sont abonnés à Twitter Blue alors qu’ils n’étaient pas vérifiés par le passé. En plus du badge bleu, ces comptes bénéficient d’une meilleure visibilité, leurs publications étant considérées comme prioritaires par le réseau social. Ils apparaissent ainsi plus haut dans le fil d’actualité des utilisateurs.

De l’autre côté, Twitter a annoncé que les coches obtenues avec l’ancienne politique de certification seront progressivement supprimées à partir du 1er avril, signifiant que les abonnés Twitter Blue seront bientôt les seuls comptes à être vérifiés. Bien que la plupart des anciens badges soient toujours présents, le réseau social ne permet plus de distinguer les anciens comptes certifiés des abonnés à la formule payante.

Des garde-fous pas très efficaces

Alors que la désinformation pullule sur la plateforme à cause de Twitter Blue, l’entreprise dispose de quelques garde-fous pour lutter contre ces infox. Elle a notamment déployé un nouvel outil en décembre : les « notes de la communauté ». Cette fonctionnalité permet aux utilisateurs de commenter un tweet pour y ajouter du contexte ou dénoncer le caractère trompeur des informations. Ces commentaires apparaissent en tant que notes à côté des tweets s’ils sont jugés utiles.

Pourtant, sur les 176 tweets publiés ou partagés par les 25 comptes analysés par NewsGuard, aucun n’a été identifié par la plateforme pour y ajouter du contexte. La startup précise que seulement quatre présentaient des notes de la communauté au 27 mars et que deux d’entre elles avaient disparu quelques jours après.

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste