Article

J’ai testé pour vous : Genario, l’IA qui aide à écrire des histoires

28 février 2023
Par Marion Piasecki
J'ai testé pour vous : Genario, l'IA qui aide à écrire des histoires
©ProStockStudio/Shutterstock

Et si l’IA, au lieu de remplacer les écrivains, pouvait les aider ? Là est l’enjeu du « Copilote » de la plateforme Genario.

Parlez de ChatGPT à des écrivains ou des rédacteurs, ils ne seront probablement pas ravis. L’angoisse d’être un jour remplacé par une intelligence artificielle est bien là. Cependant, elle pourrait aussi leur rendre la vie plus facile. C’est pour cela que le site Genario a nommé son outil IA Copilote.

Faire des recherches sans se laisser distraire

Le site est composé de plusieurs parties : Projets (pour vos romans et scénarios), Bibliothèque (pour des références et analyses littéraires) et Plateforme (pour partager ses œuvres avec les autres utilisateurs du site afin d’avoir des avis et de s’entraider). Pour accéder à l’intelligence artificielle de Genario, il faut d’abord créer un projet puis utiliser l’outil « Copilote ».

Ce dernier est lui-même divisé en quatre types de requêtes. « Demander » sert à faire des recherches rapides – pratique si on veut vérifier une information sans prendre le risque de se perdre et de procrastiner sur Google ou Wikipedia. Cependant, des intelligences artificielles comme ChatGPT font parfois des erreurs, donc je ne l’utiliserais que comme outil de recherche temporaire pour ne pas m’arrêter dans mon écriture, quitte à compléter avec des recherches plus approfondies plus tard.

Une IA générative correcte, mais frustrante

La deuxième fonction de l’IA est « générer » : elle permet d’obtenir un résumé d’histoire (court ou long) en entrant le pitch, une tonalité et des sens comme la vue ou le toucher. Je n’ai pas été convaincue par cet outil : j’ai tenté plusieurs fois de générer une histoire comique et les réponses de l’IA étaient particulièrement terre-à-terre. Je lui ai par exemple demandé de m’écrire un synopsis sur une bande d’aventuriers à la recherche d’un artefact magique, sauf qu’ils ne sont pas très doués et ne cessent de faire des erreurs absurdes. En réponse, l’IA m’a simplement proposé une histoire à base de combats avec diverses créatures et la seule erreur commise par certains protagonistes a été de se perdre dans la forêt interdite.

Les deux dernières fonctions, « continuer » et « réécrire », parlent d’elles-mêmes : elles servent à continuer une histoire à partir de quelques phrases ou à réécrire un passage existant. Si le style d’écriture de Genario est plus précis et sophistiqué que celui de ChatGPT, j’ai eu cette même impression que l’IA faisait un peu ce qu’elle voulait et ne prenait pas forcément tout en compte. J’ai voulu la tester en lui proposant de continuer un extrait de la fable Le Corbeau et le Renard pour voir si elle allait écrire en rimes. Voici un extrait de sa réponse :

Cette fois-ci, le corbeau n’est pas dupé par les flatteries du renard. Cependant, l’IA a oublié d’écrire sa version en rimes.

L’aspect frustrant de cette IA est là : elle saisit bien le sens de l’extrait et a la capacité d’écrire des textes cohérents et assez bien écrits, mais ne prend pas nécessairement en compte le style et ne change pas beaucoup d’une tonalité à l’autre.

Le labo, pour retravailler chaque aspect de l’histoire

En plus du Copilote qui présente ces quatre fonctions, l’onglet « Labo » a un outil d’IA plus poussé, puisqu’il permet de renseigner beaucoup plus d’éléments de base : une idée de départ, un protagoniste, un allié, un ennemi, un élément déclencheur, un objectif, un plan et des obstacles. Pour chaque élément complété, il est possible de demander à l’IA de faire des suggestions. Par exemple, pour « une comédie sur une bande d’aventuriers à la recherche d’un artefact magique », elle me propose cinq idées, dont celle-ci :

Mona est une aventurière intrépide qui se lance à la recherche de l’artefact magique le plus précieux de tous. Elle devra se battre contre des ennemis impitoyables et affronter les forces cachées de ce royaume mystérieux. Lorsque Mona découvre un indice avant-coureur d’un grand danger, elle est forcée de faire équipe avec un groupe d’anciens voleurs pour sauver le monde et récupérer l’artefact magique.

L’IA peut vous suggérer plusieurs idées d’histoire. Si vous changez d’avis, il est toujours possible d’éditer son prompt et de laisser l’IA s’adapter.

Encore une fois, l’intelligence artificielle semble avoir du mal avec les comédies. Je continue tout de même et demande à Genario de m’en dire plus sur notre protagoniste Mona :

Mona est une aventurière intrépide à la recherche d’un artefact magique. De petite taille, elle a un visage anguleux et des yeux vert émeraude qui brillent d’intelligence et de détermination. Elle porte une casaque verte, un pantalon et des bottes noires usées par les voyages, et elle ne se sépare jamais de son chapeau de cuir brun. Mona a grandi dans une famille modeste et a été témoin de la tragédie qui affecta sa famille lorsqu’elle était enfant. À cause de cet événement, elle souffre d’une profonde anxiété chaque fois qu’elle s’aventure très loin de chez elle. Mais cela ne l’empêche pas d’être toujours prête à relever de nouveaux défis et à tenter des aventures audacieuses. Son but ultime est de trouver l’artefact magique afin de devenir la plus grande aventurière de la région. Elle est très perspicace et sait prendre des décisions rapides. Son esprit vif et sa détermination font d’elle une leader naturelle qui ne perd jamais courage en face des dangers.

À partir de là, il est également possible de demander à l’IA de nous créer un allié et un ennemi, même si l’on a pas d’idée. Mona se retrouve donc avec un allié nommé Tim pour se battre contre le chef d’une organisation criminelle internationale nommé Dron. En écrivant l’élément déclencheur et l’objectif des protagonistes, l’IA générera aussi un plan pour que les héros l’atteignent. Ce plan est très résumé, en plusieurs étapes, pour donner une idée du voyage que nos héros pourraient faire et quels ennemis ils pourraient affronter. J’ai bien plus apprécié ce laboratoire, puisqu’il décompose l’histoire en gros blocs et montre à l’auteur quel aspect peut être retravaillé ou vu différemment, sans écrire un synopsis complet à sa place.

La force de Genario ? Son aspect collaboratif

Loin des IA pensées pour remplacer les auteurs, celle-ci sert donc à aider les débutants à se lancer, comme l’explique le fondateur David Defendi : « À l’instar de l’imprimerie qui a démocratisé la manière de lire, les IA vont donner des clés de compréhension narrative à des auteurs (amateurs) jusqu’alors exclus du processus de l’édition et de la production. La plupart des romanciers et des scénaristes ont fait de grandes écoles et sont privilégiés. L’IA va permettre à une nouvelle génération d’auteurs (plus jeunes, moins scolarisés) de comprendre plus rapidement les schémas narratifs, la construction des personnages et de l’intrigue, et ainsi d’exprimer des réalités sociales et intimes avec plus de pertinence. » C’est pour cette raison que Genario s’est entouré de grandes maisons d’éditions et de producteurs pour organiser un concours mensuel de synopsis, afin d’accompagner des auteurs amateurs mais prometteurs.

La plateforme comprend un moteur de recherche pour lire les synopsis publiés par d’autres utilisateurs, les « liker » et les commenter.

Cependant, l’IA ne risque-t-elle pas de créer des histoires très formatées, basées sur des biais qui existent déjà dans la littérature ? « Les IA vont enrichir les histoires et les scénarios en offrant une diversité d’intrigues et de formats narratifs, estime David Defendi. Les maisons d’édition et de production reçoivent chaque jour des romans et des scénarios très formatés. Les humains qui n’ont pas la connaissance des schémas narratifs tombent dans les clichés. Les IA vont justement éviter ces travers des écrivains amateurs. »

Le fait de travailler chaque aspect de l’histoire dans le laboratoire permet aussi de savoir plus facilement ce qu’on veut ou pas et ce qu’on trouve trop cliché. Par exemple, l’IA ne m’a donné que des personnages avec une enfance malheureuse. Il est possible pour un auteur débutant de faire cette erreur parce qu’il ne crée pas de fiche personnage pour se rendre compte de ces similitudes. Voir tous les personnages à la suite les rend beaucoup plus évidentes et permet d’affiner soi-même sa vision du personnage et de laisser l’IA s’adapter.

En résumé, si vous êtes le type de personne qui rêve d’écrire un roman mais qui a peur de se lancer par manque d’expérience, cette intelligence artificielle peut être le coup de pouce dont vous avez besoin, sans faire tout le travail à votre place.

À lire aussi

Article rédigé par
Marion Piasecki
Marion Piasecki
Journaliste
Pour aller plus loin