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Qui sont les « lecteurs en sensibilité » qui corrigent les manuscrits ?

22 février 2023
Par Edouard Lebigre
Les "sensitivity readers" traquent les mots offensants ou discriminatoires.
Les "sensitivity readers" traquent les mots offensants ou discriminatoires. ©Shutterstock/Lamai Prasitsuwan

Dans les maisons d’édition, les « sensitivity readers » relisent les manuscrits pour supprimer les stéréotypes. Une pratique très répandue aux États Unis et encore marginale en France

À l’image du correcteur, le « lecteur en sensibilité » relit les manuscrits pour déceler et remplacer les mots jugés offensants ou problématiques. Ces consultants, embauchés par les maisons d’édition, interviennent notamment sur les descriptions des personnages, afin de s’assurer qu’elles ne véhiculent pas de clichés discriminatoires. La médiatisation de cette pratique commence en 2016 lorsque deux « sensitivity readers » corrigent le manuscrit de l’autrice Keira Drake, épinglée sur les réseaux sociaux pour des descriptions jugées racistes. Le phénomène a depuis pris de l’ampleur, les maisons d’édition souhaitant éviter tout procès ou polémique.

Une pratique bientôt française ?

Encore marginale en France, l’utilisation des « lecteurs en sensibilité » est très populaire aux États-Unis, où les maisons d’éditions s’assurent que leurs best-sellers n’attirent pas la foudre des réseaux sociaux. Les détracteurs de cette pratique dénoncent une forme de censure, un moyen pour déposséder les auteurs de leur texte. Pour d’autres, il s’agit d’une forme d’aide pour les écrivains afin de conseiller les auteurs sur les sujets qu’ils abordent et les cultures qu’ils décrivent. Il arrive aussi que les auteurs eux-mêmes fassent appel à ces consultants, parfois bien avant le rendu du manuscrit.

La question des « sensitivity readers » s’est récemment posée après l’annonce de l’éditeur Puffin que des mots offensants seront retirés des prochaines éditions des livres de Roald Dahl. Les mots « minuscules » et « gros » seront ainsi corrigés pour proposer un texte plus inclusif. La décision de l’éditeur a provoqué de nombreuses réactions, dont celles du Premier ministre britannique Rishi Sunak et de l’écrivain Salman Rushdie qui dénonce une « censure absurde ». En France, la directrice des éditions Gallimard Hedwige Pasquet assure « qu’aucune modification ne sera apportée à la traduction des textes de Roald Dahl ».

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