Colliers GPS, distributeurs de croquettes connectés, abreuvoirs intelligents, caméras dédiées, jouets robotisés… Nos compagnons à quatre pattes aussi ont droit à leurs appareils high-tech. Mais sont-ils bien utiles et valent-ils vraiment la dépense ?
Les foyers français comptent environ de 7,5 millions de chiens et 15 millions de chats (Statista, 2021). Et, dans bon nombre d’entre eux, ces boules de poils sont considérées comme des membres de la famille, pour lesquels on est parfois prêt à dépenser beaucoup. Le marché des aliments et accessoires pour les animaux de compagnie est d’ailleurs juteux – évalué à plus de 5 milliards d’euros par an (Promojardin-Prom’animal), constamment en hausse. Aussi voit-on se développer des services dédiés (assurances, mutuelles, services funéraires…), de la nourriture haut de gamme (bio, sans céréales, à base d’insectes…), ainsi que des accessoires. Parmi ceux-ci, un certain nombre usent de nouvelles technologies – on parle de « pet tech ».
La tech pour sécuriser
Au fil de nos pérégrinations sur le Web, nous avons lu un certain nombre d’avis et étudié les fiches produits de nombreux accessoires technologiques pour les animaux. Nous aurions tendance à les classer dans différentes catégories : ceux qui ont une utilité concrète, ceux qui ont été augmentés de fonctions intelligentes ou connectées, et ceux qui relèvent du jouet ou du gadget.
Parmi ceux que nous sommes tentés de classer dans la catégorie des objets pratiques, il y a par exemple les colliers GPS. Ils peuvent selon nous être pertinents pour les chiens fugueurs ou chats qui sortent librement et ont tendance à s’éloigner un peu trop de la maison. Certains de ces équipements permettent d’ailleurs de délimiter un périmètre (le collier vibre alors pour « sonner le rappel » quand l’animal en sort). Cela peut se révéler utile en zone urbaine, par exemple pour éviter qu’un chat s’approche d’une route dangereuse. Cela sécurise l’animal et rassure son maître ou sa maîtresse.
De la même manière, si votre chat sort et rentre librement dans la maison dans un quartier très fréquenté par les félins, une chatière équipée d’un lecteur de puce peut vous éviter de vous retrouver avec un intrus poilu installé dans votre canapé ou votre lit.
À noter que, parmi les colliers connectés, certains proposent également un suivi de l’activité de l’animal, comme pour les êtres humains (distance parcourue, suivi du sommeil, calories brûlées…) – des fonctionnalités qui nous laissent un peu plus sceptiques.
Contrôle connecté de la nourriture et de l’eau
Il existe également des distributeurs automatiques de nourriture connectés pour chiens et chats. Le principe ? L’appareil est généralement connecté au wifi. Depuis un smartphone, on programme la quantité de nourriture dispensée, ainsi que les horaires. La promesse : éviter de décaler les heures des repas de l’animal quand on a un planning irrégulier et éventuellement s’assurer qu’il est nourri si l’on s’absente pendant un ou deux jours.
Seulement voilà, la connectivité a tendance à faire grimper l’addition. En effet, quand les simples distributeurs programmables à partir d’un écran sont accessibles à partir d’une soixantaine d’euros, il faut compter quasiment le double (un peu plus d’une centaine d’euros au moins) pour offrir à son animal un modèle connecté.
Dans la même veine, les fabricants proposent également des abreuvoirs connectés. Ces fontaines intelligentes, qui peuvent aussi être utilisées par les chiens, se destinent principalement aux chats qui ont parfois tendance à bouder l’eau qui « stagne » dans un bol (ce qui peut engendrer à terme des problèmes de reins).
Attention toutefois, tous ne proposent pas les mêmes fonctionnalités. Dans certains cas (l’abreuvoir intelligent Pixi de Catit par exemple), l’application ne sert qu’à envoyer des rappels à l’utilisateur lorsqu’il faut remettre de l’eau, changer le filtre ou entretenir la pompe, permettant aussi d’enclencher à distance un mode éco ou une minuterie. Des fonctions connectées dont la plupart des utilisateurs pourront sans doute se passer. Surtout quand on sait que le modèle connecté coûte 130 € contre 50 € pour la version non connectée. La Smart Pet Foutain de Xiaomi, qui assure les mêmes fonctions de rappel, est un peu plus accessible (70 € environ).
Certains abreuvoirs proposent plutôt de surveiller si l’animal boit correctement et à quelle fréquence (comme le distributeur d’eau connecté de Felaqua), l’application indiquant quelle quantité d’eau le chat a bu, combien de fois il s’est abreuvé dans la journée et affichant un historique pour savoir si ses habitudes ont changé. Là encore, comptez entre 100 et 150 euros. Ce sera à l’utilisateur de s’interroger sur la pertinence d’un tel équipement en fonction des conditions et de son animal (cela peut peut-être plus se justifier dans le cas d’un animal malade ou vieillissant).
Néanmoins, il ne faudrait pas non plus que de telles solutions se substituent à un soin quotidien de l’animal.
Jouets et gadgets
Enfin, parmi l’offre pléthorique d’accessoires pour animaux, on trouve des jouets technologiques voire connectés tels que des lasers robotisés pour les chats ou des lanceurs de balles automatiques pour les chiens. Vous pouvez toujours offrir des jouets de ce genre à votre animal. En ce qui concerne les félins, ils s’amusent souvent avec un rien (bouchons en liège, boîtes à chaussures…) et vous courez d’ailleurs le risque que l’intérêt de Félix ne soit pas à la hauteur de la dépense. Quant à Médor, c’est bien de vouloir l’occuper, mais jouer à la balle avec lui, ça crée du lien aussi.
Que penser des caméras dédiées aux animaux avec fonction audio bidirectionnelle, dont la promesse est de pouvoir observer l’animal dans la journée et lui parler pour le rassurer s’il s’ennuie ? Cela rassure sans doute tout autant le maître que l’animal. Si après réflexion vous comptez vous en équiper, sachez que certains modèles « markettés » pour les animaux domestiques nous semblent un peu chers au vu de leur fiche technique (pas tous, par exemple la caméra dédiée Petcube est vendue à une cinquantaine d’euros). Dans tous les cas, n’hésitez pas à comparer et « piocher » dans les caméras traditionnelles qui feront le job pour un prix parfois plus raisonnable.
Quid du suivi de la santé de l’animal et de son bien-être ?
Pour finir, nous nous sommes interrogés sur l’intérêt potentiel de la collecte de données pour le suivi vétérinaire et sur le bien-être de l’animal (qui, contrairement à nous, d’ailleurs, ne peut pas choisir de donner son consentement à la collecte de « ses » données). Comme nous l’évoquions précédemment, il n’est pas souhaitable que la multiplication de ces objets connectés ou automatisés se substitue au lien entre l’animal et son humain, que le chat ou le chien en soit systématiquement réduit à être nourri par un distributeur automatique, jouer avec un robot…
Le comité d’éthique du Conseil national des Ordres des vétérinaires consacre un avis à ces questions. Il explique notamment que « lorsqu’ils sont bien conçus et bien utilisés, les objets connectés peuvent être d’une grande utilité en santé animale » – pour les animaux, leurs propriétaires et les vétérinaires. Par exemple « une litière connectée pourra détecter des biomarqueurs de maladie dans l’urine d’un chat ». Toutefois, on manque de garanties quant à la précision et à l’exactitude des données – il ne faudrait pas que le propriétaire passe à côté de signes de maladie par excès de confiance, par exemple.
Le comité estime aussi qu’on manque de recul quant à l’impact de ces dispositifs sur la relation entre humains et animaux. « Les effets d’une automatisation ou une délégation systématique de tâches à des machines sur la santé psychique des animaux interrogent et peuvent inquiéter pour des animaux développant un fort attachement à leur maître ou exprimant d’importants besoins d’interactions. » Déplorant l’absence d’encadrement législatif et réglementaire, il appelle les autorités publiques à se saisir de la question.
Nous laisserons le mot de la fin à la Fondation Droit Animal Ethique & Sciences, qui conclut qu’en l’état actuel des connaissances, « au plan éthique, vis-à-vis du bien-être animal, ces objets connectés ne sont ni bons ni mauvais. Ils sont, comme toute avancée scientifique et technologique, ce que l’on veut en faire, ce que l’on doit en faire ». Et nous ne pouvons qu’encourager les possesseurs d’animaux à s’interroger sur les besoins de leur compagnon, sans anthropomorphisme, avant de céder aux sirènes de la pet tech.