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Face au changement climatique, quel avenir pour les sports d’hiver ?

02 février 2023
Par Marion Piasecki
Neige, remontées mécaniques… Cette piste de ski n'est pas dans les Alpes, mais à Dubaï ! Une aberration qui fait grincer les dents des écolos.
Neige, remontées mécaniques… Cette piste de ski n'est pas dans les Alpes, mais à Dubaï ! Une aberration qui fait grincer les dents des écolos. ©Rob Crandall/Shutterstock

Pour des questions de météo ou de budget, il n’est pas toujours possible de faire du ski à la montagne. Tour d’horizon des alternatives aux sports d’hiver classiques.

Chaque année, c’est l’angoisse des amateurs (et pros) de ski et de snowboard : y aura-t-il assez de neige ? Avec le changement climatique, avoir de la bonne neige – en particulier en début de saison – n’est plus garanti. Il existe néanmoins des alternatives pour continuer à profiter de ces sports, chacune avec leurs avantages et leurs inconvénients.

Les pistes de ski d’intérieur, ennemies des écolos ?

L’idée des pistes de ski d’intérieur entièrement artificielles est née dans les années 1920, mais ce n’est que depuis les années 1990 qu’elles sont composées uniquement de « vraie » neige, sans additifs, fabriquée par des canons à neige. Pour que cette neige ne fonde pas, il est donc nécessaire que le lieu soit en permanence maintenu à une température inférieure à 0°C. Un moyen de profiter des vraies sensations de la neige – voire de la découvrir, dans les pays chauds –, mais qui a un énorme coût énergétique et économique. La première piste de ski d’intérieur, ouverte en Australie en 1987, a ainsi dû fermer ses portes en 2005, car elle coûtait trop cher. En France, le seul centre de ce type, situé à Amnéville, a failli fermer pour les mêmes raisons avant d’être racheté par la société néerlandaise SnowWorld.

Au SnowWorld d’Amnéville, la piste de 620 mètres de long a même des niveaux de dénivelé pensés pour les skieurs et snowboarders expérimentés.©SnowWorld Amnéville

Ces centres ont tendance à être considérés comme des aberrations environnementales, mais cela ne leur empêche pas d’être populaires. Il y a aujourd’hui plus de 110 pistes dans le monde, principalement en Europe de l’Ouest, mais aussi en Chine et même dans des pays plus chauds comme l’Égypte ou les Émirats arabes unis.

Face à leurs détracteurs, les promoteurs de ces centres ont bien un argument écologique : cela polluerait moins que des milliers de personnes qui prennent la voiture ou l’avion pour aller à la montagne, où des canons à neige sont aussi utilisés. Pas sûr que cela leur donne une image de loisir vert…

Les pistes de ski sèches : le plastique, c’est fantastique ?

Besoin d’une solution démontable, à l’air libre pour profiter des paysages, sans utiliser ni climatisation ni canons à neige, peu importe la saison ? C’est là que les pistes de ski sèches, aussi appelées ski d’été, peuvent être utiles. Ce type de pistes étant encore récent, les matériaux ne cessent d’évoluer pour obtenir le niveau de friction le plus proche de la vraie neige. Il s’agit généralement de plastique, parfois associé à d’autres matériaux comme l’aluminium, selon les entreprises, arrangé sous forme de brins dressés à la verticale pour imiter les sensations de glisse.

Du ski sans canon à neige, mais avec du plastique vert fluo qui gâche un peu la vue.©Val d'Allos

Malgré les qualités de ce type d’installation, elles peuvent tout de même faire polémique auprès des riverains. Fin juillet dernier, une piste de ski sèche a été installée dans la station de ski de la Foux d’Allos, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Ce long ruban vert fluo détonne sur la prairie qui sert déjà de piste de ski l’hiver, et ce n’est pas du goût de certains habitants interrogés par France 3 : « Il faut prendre conscience qu’ils détruisent un trésor. C’est la biodiversité de la prairie [qui est menacée], les végétaux, mais aussi les animaux, les insectes », déclare ainsi la géomorphologue Mireille Provansal, qui habite non loin de là. Son mari, François Provensal ajoute : « Sans compter que le plastique libère des microparticules quand les gens glissent dessus et que ça pose question sur leurs dépôts dans le Verdon. » Des déclarations démenties par le président de Val d’Allos Loisirs Développement : « Les engins qui ont été utilisés pour les travaux sont beaucoup moins lourds que les dameuses utilisées l’hiver. Tandis que les particules de plastique, elles, sont très infimes. »

Les pistes infinies, pour les amateurs de tapis de course

Il existe aussi une variante des pistes de ski sèches : les pistes infinies. Derrière ce nom qui fait rêver se cache en réalité un grand tapis roulant, long de plusieurs mètres et suffisamment large pour skier à plusieurs et slalomer tranquillement.

Une idée qui intéressera sûrement les débutants qui veulent rapidement s’initier et apprendre à faire des virages, ou encore les férus de cardio qui veulent autre chose que les sempiternels tapis de course et vélos elliptiques. Mais les skieurs plus expérimentés seront peut-être frustrés par le fait que ce soit la même piste à l’infini et qu’il n’y ait pas de bosses. Il est néanmoins possible d’adapter l’inclinaison selon le niveau.

Les simulateurs : plus d’immersion, mais moins de glisse

Dans cette rubrique, nous adorons parler des possibilités de la réalité virtuelle. Il est donc indispensable de savoir si les technologies immersives s’approprient aussi l’expérience du ski alpin. Non seulement il est possible de porter un casque de réalité virtuelle pour avoir l’impression de dévaler une piste à toute allure, mais il existe aussi des simulateurs sous différentes formes.

Ils font généralement chausser des skis aux utilisateurs, mais ont différentes priorités en termes de sensations. Certains comprennent la ventilation et des vibrations pour la sensation de vitesse, mais restent fixes, tandis que d’autres, plus pensés comme une activité physique à part entière, fixent les skis ou le snowboard sur des rails pour que l’utilisateur puisse slalomer. Ce dernier type n’inclut pas la réalité virtuelle, mais un énorme écran panoramique courbé, de quoi être immersif tout en permettant aux athlètes de s’entraîner en portant leur vrai casque. Un autre avantage de ces simulateurs est de pouvoir partager l’expérience de ces sports avec des personnes âgées ou en situation de handicap.

Plusieurs alternatives existent donc aux sports d’hiver en montagne, à chacun de choisir sa préférée en fonction de ses priorités : toucher de la vraie neige, profiter des paysages ou s’entraîner aussi longtemps que possible ? Quant aux amateurs de réalité virtuelle, ils pourront s’imaginer skieurs de haut niveau sans risquer de se blesser ni même d’avoir un rhume.

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Article rédigé par
Marion Piasecki
Marion Piasecki
Journaliste
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