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Le Sundance prend position pour l’inclusion et contre la sexualisation

23 janvier 2023
Par Stéphanie Estournet
Brooke Shields, au festival Sundance, lors de la présentation de "Pretty Baby : Brooke Shields", de Lana Wilson.
Brooke Shields, au festival Sundance, lors de la présentation de "Pretty Baby : Brooke Shields", de Lana Wilson. ©AFP

À peine inauguré, après trois ans d’absence, et le Festival Sundance fait déjà parler de lui. Brooke Shields a révélé dans un documentaire avoir été violée tandis qu’un jury a protesté contre l’absence de sous-titres à destination des personnes sourdes.

Alors que le festival américain du film indépendant a ouvert ses portes post-pandémie, le 19 janvier, ce après trois ans d’absence, deux moments forts ont marqué le week-end des festivaliers.

Objectification et procès perdu

C’est d’abord la projection du documentaire de Lana Wilson, Pretty Baby : Brooke Shields, qui a lancé un pavé dans la marre du monde du cinéma. L’actrice et anciennement top-model de 57 ans y raconte son parcours de petite fille objectifiée devant la caméra, notamment dans le film de Louis Malle, La Petite (Pretty Baby, en anglais, 1978), où elle interprète une jeune prostituée, nue et « objet de désir », alors qu’elle a à peine 11 ans.

A propos du documentaire Pretty Baby : Brooke Shields, sur Good Morning America.

Plus tard, alors qu’elle est déjà mondialement connue – mais n’a que 16 ans – un photographe avait tenté de vendre des clichés d’elle nue qu’il avait réalisés alors qu’elle avait 9 ans. Le procès, intenté par la mère de l’ado star a été gagné… par le photographe.

Face à la caméra de Lana Wilson, l’actrice révèle également avoir été violée peu après avoir décroché son diplôme à l’université – gardant secrète l’identité de son agresseur. Alors qu’elle croyait se rendre à un casting, elle s’est retrouvée « complètement pétrifiée » dans la chambre d’hôtel de l’homme qui l’a agressée sexuellement. Brooke Shields n’avait jusqu’alors jamais évoqué publiquement ces épisodes traumatiques.

Erreur de sous-titres

Marlee Matlin au festival Sundance, vendredi 20 janvier.©DR

Autre coup de gueule à Sundance : à l’occasion de la première du deuxième long-métrage de Elijah Bynum, Magazine Dreams, vendredi 20 janvier, les jurés se sont levés avant de quitter la salle. Suite à un incident technique, les sous-titres à destination des personnes sourdes et malentendantes étaient en effet dysfonctionnels. Et il se trouve que l’une des jurés n’était autre que Marlee Matlin, première actrice sourde à avoir reçu un oscar en 1987 pour son rôle dans Les Enfants du silence de Randa Haines, et récemment vue dans Coda, l’Oscar du Meilleur Film en 2022.

Les jurés ont ensuite demandé par écrit à la direction du festival que tous les films soient sous-titrés à destination du public sourd et malentendant. Une demande heureusement bien reçue par la présidente du festival, Joana Vicente, qui a déploré un « incident technique » et assuré « travailler à l’accessibilité pour tous » dans le cadre de Sundance.

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