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Les grandes tendances de la tech à suivre en 2023

18 janvier 2023
Par Benjamin Logerot
Cette année 2023 devrait encore une fois se révéler très dynamique, dans la continuité de 2022.
Cette année 2023 devrait encore une fois se révéler très dynamique, dans la continuité de 2022. ©LookerStudio/Shutterstock

2023 a débuté sur les chapeaux de roue avec le CES de Las Vegas. Le plus grand salon de la tech au monde est, comme chaque année, un excellent révélateur des tendances du secteur à suivre dans l’année qui arrive. Mais il n’est la seule boussole du marché.

Si un mot devait définir ce que risque d’être 2023, ce serait « continuité ». 2022 a vu des innovations importantes transcender les barrières du simple monde de la tech et commencer à s’installer auprès du grand public. Mais ces innovations, pour certaines, n’en sont encore qu’à l’état, si ce n’est embryonnaire, de prototypes, de preuves de concept. On souhaite que cette année leur permettre d’entrer dans une phase de maturité.

Le métavers

Il est à présent clair et définit que le métavers a été l’une des grosses déceptions de 2022 pour ses acteurs, Meta en tête. Le géant dirigé par Mark Zuckerberg a vécu l’une des pires années financières de son histoire. Les investisseurs perdent confiance malgré les promesses des équipes de Reality Labs, le pôle dédié au métavers. Si les résultats ne sont pas encore au rendez-vous, Meta compte tout de même continuer ses investissements massifs cette année dans le développement de ses mondes virtuels. Des mots d’Andrew Bosworth, le directeur technique de l’entreprise, les investissements liés au métavers représentaient 20 % du budget du géant au troisième trimestre 2022.

L’arrivée d’Apple dans la réalité virtuelle cette année est suivie de rumeurs. Des messes basses, encore non vérifiées, mais qui feraient état du développement d’un monde virtuel par le géant à la pomme. Si cette information venait à s’avérer, une concurrence de taille pour Meta entraînerait peut-être un regain d’intérêt pour les mondes virtuels, à la fois chez les investisseurs mais aussi chez le grand public et les plus petites entreprises engagées dans le milieu.

La réalité virtuelle, mixte ou augmentée

Le marché de la réalité virtuelle aujourd’hui est sans conteste dominé par Meta. Le géant a su proposer au public des casques de grande qualité comme ses Meta Quest 2 et Meta Quest Pro. Cette année, nous devrions voir arriver le successeur du casque grand public, le Meta Quest 3. Les premières rumeurs nous promettent un appareil bien plus puissant que son grand frère sorti en 2020. Pico pourrait cependant se trouver en embuscade, la marque ayant sorti récemment son nouveau casque Pico 4 dont les capacités et le prix viennent rivaliser sérieusement avec le casque VR de Meta.

L’année 2023, c’est aussi l’année d’arrivée de cette arlésienne qu’est le casque de réalité mixte d’Apple. Après sept ans de développement, l’objet en serait aux dernières étapes de sa conception. Il pourrait être annoncé au mois de juin, juste avant l’événement Worldwide Developers Conference (WWDC), pour des livraisons débutant dès cet automne. Il ne faudra pas se faire trop d’espoir cependant, le prix du casque étant estimé à 2 000 ou 3 000 dollars. D’ailleurs, l’année 2023 ne sera malheureusement pas l’année des casques abordables.

Pico 4 VR test
Le Pico 4, certes sorti en 2022, est un concurrent sérieux au Meta Quest 2. ©Pierre Crochart/L'Éclaireur

HTC continue d’être présent sur le marché et a dévoilé au CES son nouveau Vive XR Elite, qui sortira en février au prix de 1 399 €. Le PlayStation VR 2 arrive lui aussi très bientôt et sera plus cher qu’une PlayStation 5. Le segment de la réalité augmentée devrait lui aussi être bien rempli cette année avec, par exemple, la sortie au premier trimestre des lunettes connectées RayNeo X2 de TCL pour près de 500 €.

L’intelligence artificielle

Ici, nous ne parlerons pas de la technologie de l’intelligence artificielle en elle-même, mais plus précisément du segment de la génération d’images et de textes par IA. Elle a occupé l’espace médiatique en fin d’année dernière et cela risque de se poursuivre en 2023. Les outils de génération d’image ou de texte ont très clairement prouvé qu’ils étaient efficaces et aboutis. Aucun doute là-dessus, et c’est bien pour ces raisons que leur popularité a explosé. Midjourney truste la première place en termes de popularité pour les images, suivi de DALL-E 2, et ChatGPT est LE nouveau phénomène de mode.

Mais leur cote de popularité et leur utilisation de plus en plus régulière par des personnes toujours plus nombreuses provoquent une énorme vague d’inquiétude. De la part des artistes d’abord. Ceux-ci demandent plus de régulations et un véritable encadrement légal autour de l’IA, entraînée en utilisant des œuvres déjà existantes sous copyright. Même son de cloche pour la génération de texte. Qu’en est-il du travail des écrivains ou des journalistes lorsqu’un robot peut le faire ? On en vient même à se reposer des questions philosophiques de premier ordre : qu’est-ce que l’art ?

Quoi qu’il en soit, les outils de génération d’image font partie de ces innovations qui doivent entrer dans leur âge de la maturité. Finies les expérimentations, la découverte et l’excitation de la nouveauté. Il est temps désormais d’y apporter un véritable encadrement. Assistera-t-on à des discussions concrètes ou les outils continueront-ils de s’affiner librement et indépendamment ? Certains ont déjà choisi leur camp. Il y a quelques jours, trois artistes réputés d’Internet ont monté un recours collectif aux États-Unis contre Midjourney, Stability AI et DeviantArt. Les mois à venir risquent d’être déterminants.

La santé connectée

Le secteur de la santé connectée a explosé depuis la pandémie de Covid, il y a trois ans maintenant. Une période qui a vu naître cette volonté chez un grand nombre de personnes de suivre leur bien-être au quotidien. Évidemment, la mode n’est pas spécifiquement liée au Covid, puisque le marché des montres et bracelets connectés était déjà bien installé. Mais il a encore pris de l’ampleur. Il existe désormais des wearables pour tout : faire du sport, surveiller les battements du cœur, suivre le cycle menstruel ou le sommeil, etc.

Les appareils de monitoring au quotidien se diversifient et s’installent durablement, dans nos foyers aussi. On retrouve désormais un peu partout des balances connectées, des frigos connectés et même des outils d’analyse d’urine, comme celui dévoilé par les Français de Withings lors du CES 2023. Les smartphones commencent, eux aussi, à embarquer des options de suivi de la santé et des modes d’urgence qui peuvent détecter des accidents. 2023 ne devrait évidemment pas s’arrêter en si bon chemin, le marché continuant de croître au fil des mois.

Les smartphones pliants

Pour le moment, du moins en France, le leader incontesté du smartphone pliant est bien Samsung. La marque sud-coréenne propose avec ses Galaxy Z Fold 4 et Z Flip des smartphones puissants à la technologie quasiment impeccable. Cette année 2023, l’entreprise pourrait être bousculée sur son terrain par des acteurs déjà installés ou même des nouveaux. Honor, Oppo, Motorola et même Google ont gros à jouer cette année.

écran samsung pliant
Samsung Display a présenté un écran OLED capable d’être plié d’un côté et déroulé de l’autre. ©Samsung Display

La marque chinoise Oppo s’apprête à sortir sur le territoire son smartphone Find N2 Flip, mais c’est surtout Google qui est attendu. Le géant de Mountain View devrait présenter son premier smartphone pliant, possiblement appelé Pixel Fold, dès le deuxième trimestre. Un appareil qui figure sur la liste des smartphones les plus attendus de l’année. De son côté, Samsung ne se repose évidemment pas sur ses acquis et continue de développer, par l’entremise de sa filiale Samsung Display, sa maîtrise de l’écran pliant, comme nous avons pu le voir lors du CES 2023.

L’entreprise compte proposer son savoir-faire aux nombreuses marques de smartphones qui occupent le paysage et démocratiser l’utilisation du pliant. 2023 devrait donc voir son lot d’appareils débarquer. Cependant, leur positionnement tarifaire sera déterminant. Les smartphones pliants sont encore très haut de gamme et leur prix de vente se chiffre bien au-delà des 1 000 €. La tendance se poursuivra-t-elle ?

La technologie OLED

2022 a vu l’arrivée sur le marché des premiers moniteurs PC OLED performants. Les ordinateurs portables aussi commencent à être équipés de cette technologie d’affichage en vogue, réputée pour offrir des couleurs plus éclatantes et plus justes. La barrière que rencontrait l’affichage était celle du taux de rafraîchissement. La technologie OLED était en effet réputée pour être difficile à maîtriser lorsqu’il s’agissait d’afficher des images fluides. Une barrière désormais franchie par des marques comme Alienware, LG ou encore Samsung, qui ont chacune proposé leurs modèles l’année dernière.

En 2023, la présence de moniteurs PC OLED sur le marché devrait encore augmenter. Un grand nombre de marques ont décidé de présenter leurs derniers bébés lors du CES qui s’est clôturé il y a quelques jours. On retiendra l’arrivée prochaine du Samsung Odyssey OLED G9, rafraîchi à 240 Hz, parfait pour les amateurs et amatrices de gaming. La question qui reste en suspens est une nouvelle fois celle de leur accessibilité pour le grand public. Ces modèles de moniteurs OLED se vendent encore très cher ; il n’y a bien que le LG OLED 27GR95QE-B qui soit proposé sous la barre des 1 000 $. Une addition déjà salée.

Les PC portables à écran OLED se préparent, eux aussi, à envahir le marché. La marque Asus compte bien asseoir sa domination en la matière, elle qui occupe 65 % du marché de l’OLED sur ordinateur portable. L’entreprise a annoncé au CES l’arrivée de nombreux modèles de PC portables OLED, dont deux autorisant un effet 3D sans lunettes.

Les technologies d’infodivertissement des voitures connectées

2023 devrait être une année d’importance pour les voitures connectées. Jamais leurs systèmes n’ont été aussi avancés : les technologies qu’embarquent les véhicules, surtout électriques, sont de plus en plus impressionnantes et s’affinent au fil des ans. BMW, avec son prototype i Vision Dee présenté au CES, propose l’affichage du tableau de bord directement sur le pare-brise. Même Sony a décidé d’apporter son savoir-faire en matière d’informatique et de divertissement en s’alliant avec Honda pour construire une voiture électrique ultraconnectée. Certes, cette voiture ne sortira pas cette année, mais les innovations en termes de système apportées par celle-ci pourraient s’illustrer un peu plus, comme pour le partenariat entre Renault et Google.

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Sony et Honda ont officiellement présenté au début de l’année leur marque de voiture électrique ultra-connectée : Afeela. ©Shm

De son côté, le géant Stellantis (groupe résultant de la fusion de Fiat Chrysler avec PSA Peugeot Citroën) mise beaucoup sur la connectivité de ses voitures. À tel point que l’entreprise a annoncé la création d’un pôle exclusivement dédié à la vente de données directement importées de ses voitures. Objectif : apporter 20 milliards de dollars de revenus supplémentaires. Qui a dit que les tendances ne devaient qu’être vertueuses ?

Enfin, on pourra citer également Qualcomm qui, non content de dominer le marché du smartphone avec ses puces, propose des SoC (comme son Snapdragon Ride Flex annoncé au CES) pour les voitures autonomes et les cockpits de voitures toujours plus poussés.

Le protocole Matter

Le protocole de communication unique des objets connectés Matter, développé pendant plusieurs années par un gigantesque regroupement des plus grandes entreprises de la tech et de la maison connectée au monde, a été lancé en fin d’année dernière. Si l’arrivée d’un tel protocole est censé faciliter et déployer plus largement l’utilisation des objets connectés dans la maison, celui-ci n’offrait pas un grand nombre d’objets compatibles à son lancement.

Le CES a été l’occasion de balayer bien des doutes et de présenter des plans sur le plus long terme de la part des différentes marques. En général, 2023 devrait voir une avancée notable du déploiement de ce protocole dans le monde. Amazon, Google, Apple, Philips Hue et bien d’autres ont annoncé lors du salon de Las Vegas préparer, d’une part, des mises à jour d’objets de leur catalogue existants. D’autre part, elles comptent sortir de nouveaux produits compatibles dans le commerce.

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Matter vise à donner un nouvel élan à la maison connectée et à l’Internet des objets en général. ©Samsung

L’adoption du protocole Matter semble donc s’accélérer, mais il faudra patienter encore quelques mois pour avoir de véritables propositions en nombre et constater l’efficacité ou non du protocole dans la vie de tous les jours. Le support de Matter sur iOS manque également encore à l’appel (à part chez Apple, évidemment). Bref, là encore, une année de la maturité attend Matter et les marques.

L’écologie

Le mot écologie a gagné un sens beaucoup trop large ces dernières années. Oui, l’écologie sera au cœur de 2023. Oui, de nombreux appareils censés rendre notre monde plus propre et moins polluant devraient sortir dans le commerce. Mais l’écologie déployée auprès du grand public, c’est surtout l’écologie des marques. Les discours et les initiatives prises par les géants connus de toutes et tous dans le monde.

L’écologie devrait passer cette année très largement sur le volet de la consommation d’électricité. Un sujet devenu vital depuis le début de la guerre en Ukraine il y a presque un an. Microsoft a été un des premiers acteurs majeurs à se positionner en ce début d’année en annonçant l’arrivée de mises à jour dédiées pour ses Xbox.

La durabilité et la réparabilité des objets, synonyme d’une utilisation plus longue de ceux-ci et donc d’une réduction des déchets électroniques, devrait également être au cœur des échanges. Samsung devrait nous présenter les premiers résultats de son partenariat avec Patagonia pour lutter contre la pollution des océans aux micro-plastiques.

En bref, oui l’écologie sera sur toutes les lèvres, comme l’année dernière ou l’année d’avant. Mais il s’agira de surveiller l’impact réel de ces initiatives vantées par les grands groupes. Véritables efforts mis en place ou poudre marketing lancée aux yeux des consommateurs ?

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