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Collecte de données de mineurs : Epic Games va payer 520 millions de dollars

20 décembre 2022
Par Kesso Diallo
L'entreprise était, entre autres, accusée de ne pas avoir assez protégé les mineurs.
L'entreprise était, entre autres, accusée de ne pas avoir assez protégé les mineurs. ©Alexandru Nika / Shutterstock

L’éditeur américain de jeux vidéo a conclu un accord avec l’autorité américaine de protection des consommateurs, qui l’accuse aussi d’avoir dupé des joueurs afin qu’ils réalisent des achats sans en avoir conscience.

Poursuivi en justice par l’agence américaine de protection des consommateurs, Epic Games a passé un accord avec elle, acceptant de payer 520 millions de dollars. La Federal Trade Commission (FTC) a annoncé lundi que le développeur de jeux vidéo va payer cette somme pour résoudre les allégations selon lesquelles elle aurait violé la loi sur la protection de la vie privée en ligne des enfants (COPPA) et se serait servi de dark patterns (interfaces truquées) afin de duper les joueurs pour qu’ils effectuent des achats involontaires. Des accusations pour lesquelles l’entreprise a été visée par deux plaintes déposées par la FTC.

Collecte de données illégale et mise en danger

Selon la première plainte, déposée devant un tribunal fédéral, Epic Games a enfreint la loi COPPA en collectant des informations personnelles de joueurs de Fortnite de moins de 13 ans sans en informer leurs parents ni obtenir au préalable leur consentement. La FTC l’accuse également de ne pas avoir assez protégé les mineurs en activant par défaut les communications vocales et textuelles en temps réel pour les enfants et les adolescents. L’agence estime que l’éditeur américain a mis en danger ces jeunes en les mettant en contact avec des étrangers. « Des enfants et des adolescents ont été intimidés, menacés, harcelés et exposés à des problèmes dangereux et psychologiquement traumatisants tels que le suicide sur Fortnite », explique-t-elle.

Epic Games va payer 275 millions de dollars pour avoir violé la loi COPPA, soit « la plus lourde peine jamais obtenue pour avoir violé une loi de la FTC ». Outre cette sanction, la société devra aussi veiller à ce que les communications vocales et textuelles soient désactivées par défaut. Ces dernières ne pourront être autorisées que si les parents de mineurs de moins de 13 ans ou les adolescents donnent leur consentement. À noter que début décembre, Epic Games a dévoilé un nouveau type de compte appelé « Cabined Accounts », conçu, selon lui, pour offrir une expérience sûre et inclusive aux jeunes joueurs. Avec ce compte, les joueurs de moins de 13 ans ne peuvent pas accéder à des fonctionnalités comme le chat et les achats sans le consentement d’un parent ou d’un tuteur.

Tromperie pour les achats

Dans la seconde plainte, la FTC affirme qu’Epic Games a déployé une variété de dark patterns pour que les joueurs effectuent des achats dans Fortnite sans en avoir conscience. « Ces tactiques ont entraîné des centaines de millions de dollars de frais non autorisés pour les consommateurs », indique l’agence, mentionnant une « configuration des boutons contre-intuitive, incohérente et déroutante » du jeu. Elle explique que jusqu’en 2018, les enfants avaient la possibilité d’acheter des V-Bucks (monnaie virtuelle de Fortnite) en appuyant simplement sur des boutons. Autrement dit, sans qu’une action ou que le consentement des parents ou du titulaire de la carte soit nécessaire. Des parents se sont ainsi plaints d’avoir été débités sur leur compte sans leur accord.

De plus, les clients ayant contesté les frais non autorisés auprès de leurs banques ont vu leurs comptes être verrouillés par Epic Games. Or, ce verrouillage fait perdre l’accès à l’ensemble des achats, ce qui peut valoir des milliers de dollars. L’éditeur a accepté de payer 245 millions de dollars afin de rembourser les consommateurs victimes de ses dark patterns et de ses pratiques de facturation. L’autorité précise qu’il s’agit du « montant de remboursement le plus élevé de la FTC dans une affaire de jeu ». En plus de cette sanction, l’entreprise n’est plus autorisée à utiliser des interfaces truquées pour tromper les joueurs et à les facturer autrement sans leur consentement. Il lui est aussi interdit d’empêcher les consommateurs d’accéder à leurs comptes pour contester des frais non autorisés.

Suite à l’annonce de la FTC, l’éditeur a réagi en déclarant avoir « accepté cet accord car nous voulons qu’Epic soit à l’avant-garde de la protection des consommateurs et offre la meilleure expérience à nos joueurs ». Il a également affirmé que des changements ont été apportés au cours des dernières années pour garantir que son écosystème répond aux attentes des joueurs et des régulateurs.

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Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste