Par envie de changement, mais aussi par curiosité, j’ai délaissé mon fidèle duo de moniteurs 27” au profit d’un ultrawide 34”. Voici ce que ça a changé à ma façon de travailler et de jouer.
Tout le monde vous le dira : il n’y a pas de retour possible une fois que l’on a goûté au confort du double moniteur. Que ce soit pour travailler ou même pour jouer en gardant à vue une vidéo, un chat Discord ou, pourquoi pas, le cours de la bourse, on trouve toujours une utilité à avoir trop d’écrans autour de soi.
Aussi, j’ai voulu faire mentir les statistiques. Équipé depuis plus de deux ans de deux écrans 27”, je manquais d’air sur mon bureau, trop petit pour pouvoir les placer côte à côte sans avoir à pivoter la tête. Et je ne suis pas particulièrement convaincu non plus de l’aspect esthétique d’un moniteur mis à la verticale. De plus, après avoir rapidement essayé un moniteur ultrawide dans les travées de l’IFA en septembre dernier, je me suis mis à rêver d’en avoir un à domicile. Et si je me débarrassais de mes deux écrans pour un vrai, grand écran ultralarge ?
Repenser son bureau
Nous sommes beaucoup à avoir dû investir pendant le pic de la pandémie afin de continuer à travailler correctement depuis notre domicile. Forts de plusieurs années de recul, pourquoi ne pas prendre le temps de dresser un bilan de ce qui fonctionne et ne fonctionne pas dans son installation ?
Dans mon cas, il s’agissait surtout de dégager de l’espace sur le plateau de mon bureau. Je souhaitais également avoir à vue toutes les informations dont j’ai besoin sans avoir à pivoter la tête. Dernière chose – mais c’est un caprice – : je voulais goûter au plaisir de l’OLED sur mon ordinateur pour redécouvrir mes jeux vidéo favoris avec des couleurs plus saturées et des contrastes plus saisissants.
Bref, autant de bonnes raisons de se retrousser les manches et de mettre en vente mes fidèles moniteurs 27” pour financer l’achat d’un imposant Alienware AW3423DW. Ce moniteur ultrawide incurvé de 34” est le premier du marché à profiter d’une dalle QD-OLED tout en alignant certains arguments susceptibles de plaire aux gamers les plus exigeants (latence de 0,1 ms, fréquence de 175 Hz, G-Sync Ultimate…).
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Un temps d’adaptation assez court
Utiliser un moniteur ultrawide est censé demander un temps d’adaptation assez long. Il faut dire que la question n’est pas tant que la surface d’affichage est plus grande. C’est surtout le ratio d’aspect qui est très différent. Là où un écran d’ordinateur « standard » affiche un ratio 16:9 (comme une télévision), les ultrawides optent pour une norme plus « cinématographique » de 21:9. On parle d’une image beaucoup plus large que haute, similaire à la surface d’affichage effective d’un film et de ses « bandes noires ».
C’est notamment à ce ratio d’aspect si particulier que je dois le gain de place souhaité. Même s’il est plus imposant, le modèle d’Alienware occupe moins d’espace vertical que son prédécesseur.
Toutefois, il va sans dire que cela s’accompagne de profonds changements quant à sa façon d’organiser les fenêtres sur son bureau. Eh oui, je ne peux plus simplement glisser les « fenêtres secondaires » sur un deuxième écran. Et c’est, selon moi, le principal avantage d’un écran ultrawide. Même en alignant les fenêtre les unes à côté des autres, on conserve une taille très confortable pour chacune d’entre elles.
Ce que ça a changé à ma productivité
On l’a dit, l’intérêt premier d’un second écran est d’éviter de devoir jongler en permanence entre les applis que l’on utilise le plus au quotidien. On conserve en face de soi les programmes qui nous servent le plus, et on met de côté ceux dont on ne fait qu’un usage ponctuel.
Depuis que j’ai troqué mes deux écrans pour un ultrawide, j’ai appris à utiliser les bureaux virtuels. Ou plutôt le nouveau Stage Manager, arrivé dans la dernière version de macOS et qui permet de grouper plusieurs fenêtres au sein d’onglets auxquels on accède facilement.
De la même manière, je peux désormais accepter de disposer trois, voire quatre fenêtre côte à côte sur mon écran sans que cela me gêne dans mon travail. La grande surface d’affichage de l’écran me permet de jouer davantage sur les échelles et donc de concentrer davantage mon attention sur la fenêtre la plus importante.
En réalité, j’ai l’impression d’être moins distrait dans mon travail. Et cela est en partie dû à ma nouvelle façon d’organiser mes fenêtres (et une nouvelle fois aux bureaux virtuels). En créant des « groupes » d’applications, je reste concentré sur ma tâche en cours sans me disperser avec une messagerie instantané qui s’affole ou une avalanche d’emails qui m’interrompt en permanence.
Notez qu’il est déjà parfaitement possible de procéder de la sorte sans avoir de moniteur ultralarge. J’ai simplement été forcé de le faire en n’utilisant plus qu’un seul écran. Et, pour ça, il n’y a pas de retour en arrière possible non plus !
Ce que ça a changé de ma pratique du jeu vidéo
Le travail, c’est bien. La détente, c’est mieux. Et il faut dire que l’on ne boude pas son plaisir en relançant des jeux vidéo que l’on connaît bien pour les mettre à l’épreuve du ratio 21:9.
En l’occurrence, mon dévolu s’est jeté sur God of War. D’une part, car je viens de terminer sa suite (un chef-d’œuvre), et d’autre part car les portages PlayStation sur PC s’assurent de prendre correctement en charge les écrans ultrawides.
Plusieurs facteurs entrent ici en jeu. D’abord, la courbure de l’écran (1800R sur ce modèle) améliore une nouvelle fois la concentration sur ce qui se passe à l’écran. Ensuite, la conception QD-OLED de la dalle renforce les contrastes et sature les couleurs. De plus, l’écran est compatible HDR 1000, ce qui change encore la donne quant à la qualité visuelle des jeux compatibles.
Mais c’est bien sûr l’importante surface d’affichage offerte qui bouleverse le plus la façon de jouer. Aussi appelé « format cinéma », le ratio 21:9 permet d’envisager différemment la narration d’un jeu vidéo. A fortiori lorsqu’il est aussi narratif que God of War. Mais il n’est pas le seul à en profiter : des jeux très « gameplay » comme Marvel’s Spider-Man et sa suite Spider-Man: Miles Morales tirent également parti des écrans ultrawide pour renforcer l’impression de vitesse et donner le vertige, lorsqu’on se balance d’un gratte-ciel à un autre à toute allure.
Et sur les jeux qui ne prennent pas en charge le format ultrawide ? Eh bien on se retrouve tout simplement avec de grosses bandes noires sur le côté – exactement l’inverse de ce qui se produit lorsqu’on regarde un film sur un écran 16:9 !
Ici, sur Dark Souls III, on voit que le jeu n’occupe qu’une surface réduite au centre de l’écran, qui correspond peu ou prou à la diagonale d’un moniteur 27”. Largement suffisant pour jouer à moins d’un mètre de distance de la dalle. Même s’il est évidemment frustrant de ne pas pouvoir profiter en permanence de la grande surface offerte par son ultrawide.
L’heure du bilan
Cela fait plus d’un mois que j’ai basculé sur un unique moniteur. Je n’ai aucun regret tant l’espace gagné sur mon bureau surclasse d’après moi l’utilité qu’avait ce second écran devenu encombrant.
Je redécouvre les jeux que j’aime sous un nouveau jour, et j’apprends à utiliser les outils mis à disposition par les systèmes d’exploitation pour gagner en productivité, tout en ayant le sentiment d’être plus concentré sur ma tâche. Le regard en permanence rivé sur l’écran en face de moi, je me disperse moins sur des applications que je n’ai pas besoin d’utiliser à longueur de journée.
Bien sûr, il y a l’attrait de la nouveauté qui, peut-être, finira par me passer. Mais je doute que je repasserai de sitôt sur une configuration à plusieurs moniteurs. J’ai trouvé un équilibre, et je n’ai certainement pas perdu en confort – au contraire !