C’est sous la forme d’une série Z assumée qu’Evil West nous ramène à l’âge d’or du jeu d’action, dans un cocktail mêlant plusieurs univers.
Comme dans tout bon western, Evil West débute par une attaque de train. Sous un soleil couchant, les deux héros, Jesse Rentier et son complice de toujours, Edgar, préparent les explosifs pour faire dérailler la locomotive. Leur objectif : capturer un passager très spécial, un vampire ayant connaissance d’une assemblée maléfique à venir. Gueules pleines de cicatrices, jurant et enchaînant les punchlines, les deux héros donnent le ton d’emblée : ici, on ne fait pas dans la dentelle. Une fois l’explosion et le déraillement menés à bien, les wagons déversent un premier flot d’ennemis qui prévient Jesse, comme le joueur, de la diversité des horreurs qu’ils vont rencontrer. Outre les infectés de base, de grands guerriers robustes s’invitent aussi à la fête.
Arsenal de cowboy
Le système de combat se dévoile au fil de l’aventure. D’abord centré sur le corps à corps avec des enchaînements de coups de poing, esquives et roulades, le système s’étoffe avec l’arrivée de nouvelles armes. Revolver, fusil de précision, fusil à canon scié, lance-flammes et arbalète viennent vite renforcer l’arsenal à disposition pour mater vampires et autres monstruosités. Mais ce ne sont pas les plus utiles des accessoires pour les futurs combats. Le père de Jesse Rentier est directeur de l’Institut du même nom. Il lutte contre l’invasion de monstres dont sont victimes les États-Unis de la fin du XIXe dans ce passé alternatif, et il a créé une arme redoutable. Basé sur les premiers essais en matière d’électricité, ce gantelet massif permet à Jesse d’invoquer de puissantes déflagrations électriques dans ses enchaînements.
Main de fer dans un gant électrique
Les premiers combats ne révèlent qu’une partie du potentiel de ce fameux accessoire. Basée sur un système d’expérience, l’évolution de Jesse lui confère des points de compétences qui débloquent de nouvelles aptitudes. Choc électrique massif au sol, possibilité d’attirer un ennemi ou de se projeter vers lui en un éclair, l’écraser en l’air en le foudroyant… La liste est aussi longue que jouissive.
Si l’on évoque surtout l’aspect combat depuis le début de cet article, c’est qu’Evil West ne se concentre quasiment que sur cet aspect. Ses niveaux sont très linéaires, avec de rares bifurcations qui, selon les codes du genre, débouchent souvent sur des bonus. Il peut s’agir d’argent (les dollars permettent d’améliorer l’équipement) ou de carnets, feuilles de notes et autres éléments de narration environnementale.
La force du nombre
Le choix de faire un jeu old school est parfaitement assumé, comme en témoignent les arènes dans lesquelles on rentre sans se faire d’illusions sur ce que l’on va y trouver : des tonnes d’ennemis. Car finalement, ce n’est pas tant la nature ou la puissance de ces armées démoniaques qui posent problème que leur nombre. Il faut apprendre à prioriser ses futures victimes, tout en esquivant les moins dangereuses avant de leur faire connaître le pire des sorts possibles. Par ailleurs, le poids des personnages, leur stature imposante, et même certains de leurs déplacements rappellent les soldats de la CGU de Gears Of Wars. Et forcément, les exécutions des créatures avec une violence démesurée invoquent le souvenir de God Of War.
Un charme démoniaque
Evil West a beau se montrer linéaire, donc, cela ne l’empêche pas de varier les décors. Au fil de sa quinzaine de niveaux, il nous fait découvrir des marais inquiétants, une forêt sinistre, une scierie abandonnée ou un champ de pétrole envahi par les suceurs de sang. Autant d’ambiances différentes qui participent, avec les très longues cinématiques souvent bourrées d’humour, au charme très spécial de cette production de Flying Wild Hog.
Le studio, déjà connu pour un jeu lui aussi vraiment série Z (Shadow Warrior), n’oublie pas de donner un décor et un contexte originaux à son titre. Techniquement, le jeu montre les stigmates d’un développement également pensé pour les machines d’ancienne génération. Pourtant, sa direction artistique réussie et le charisme de sa galerie de personnages suffisent à nous embarquer dans ce véritable train fantôme au pays des cowboys et des vampires.
Duo d’enfer
L’omniprésence de l’action n’est interrompue qu’à de rares moments de répit par un passage dans un HUB, qui permet de dialoguer avec certains personnages clés et surtout de faire une remise à zéro de ses compétences, pour les réattribuer en fonction de ses besoins ou de ses envies. Utiliser le gantelet comme bouclier contre des projectiles, par exemple, ne fait pas rêver de prime abord.
Mais après avoir affronté des hordes de lanceurs de ces bombes rebondissantes, on finit par se raviser. Pensé comme un plaisir coupable de retour en arrière au cœur des jeux d’actions d’antan, avant tout solitaire, Evil West permet aussi de jouer en collaboration. Seul le joueur principal fera progresser l’histoire et son personnage, mais les deux utilisateurs prendront du plaisir face à des hordes encore plus puissantes.
Un western diabolique
Avec son bestiaire bien garni, de l’action pur jus et ses cowboys aussi charismatiques qu’attachants, Evil West est un peu le pendant vidéoludique des films parodiques de Tarantino et Rodriguez. Il n’utilise de vieilles recettes que pour rappeler à quel point elles sont efficaces, et propose un véritable « no brainer » linéaire, là où les vastes mondes ouverts bourrés de quêtes secondaires sont devenus la norme. Une bouffée d’air putride, en somme, qui ravira paradoxalement les amateurs du genre en quête de sensations perdues, au gré des dernières modes du moment.