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Silence de Falk Richter : Quand passé et présent s’écoutent

25 octobre 2022
Par Lisa Muratore
Stanislas Nordey dans la pièce Silence. © Jean-Louis Fernandez
Stanislas Nordey dans la pièce Silence. © Jean-Louis Fernandez

Avec Silence, présentée à Bobigny jusqu’au 6 novembre 2022, le metteur en scène allemand, Falk Richter, nous invite dans ses souvenirs de jeunesse entre faux-semblants et non-dits afin de la réimaginer et d’y opposer les considérations urgentes de notre société actuelle.

Une plongée dans sa jeunesse torturée, c’est ce que propose le comédien Stanislas Nordey, en reprenant le texte de Falk Richter (Trust Nothing Hurts, Je suis Fassbinder…) dans Silence. Présentée jusqu’au 6 novembre à la Maison de la Culture de Bobigny, la pièce s’articule autour d’un texte à fleur de peau en forme d’autofiction politique. Dans ce manifeste, le personnage y raconte sa crise existentielle face à un présent anxiogène. Il oppose à ses troubles personnels, ceux de la société. La crise démocratique, les peurs écologiques, ou encore le retour des idéologies réactionnaires sont au cœur de cette représentation unique, créée à Strasbourg.

Un silence qui gronde

Que nous arrive-t-il  ? Sommes-nous en train d’hypothéquer l’avenir ? Sommes-nous bloqués dans notre passé, condamnés à le répéter  ? Un propos double à la fois personnel et universel, à l’image de la dualité de Stanislas Nordey, le locataire de la parole, et du metteur en scène Falk Richter. À travers son comédien, il évoque la découverte de son homosexualité, l’angoisse de ses parents face à un tel choc, la brutalité de son père, ainsi que le mutisme de sa mère et de sa sœur. Il évoque le drame d’une famille unie seulement par le silence et par les faux-semblants, baignée par la guerre, et le déni de maternité.

Teaser de la pièce Silence. © Falk Richter

Cette thématique sera d’ailleurs au cœur du spectacle, la scénographie offrant un échange entre l’Allemand et sa mère Doris filmé deux ans et demi après la mort du père. Un témoignage bourré de tendresse, qui tend cependant à prouver le mécanisme avec lequel on reproduit les violences que l’on a connues durant notre enfance. À travers ce propos fort, il en profite pour dézinguer l’homophobie, et combattre une virilité toxique.

Une revanche sur sa jeunesse, dont il n’arrivera jamais à se défaire, malgré le décès de son père évoqué en fin d’acte. Ce dernier n’aura jamais réussi à tendre la main à son fils, preuve encore une fois de la place du silence dans la pièce. Dans cette angoisse existentielle à travers laquelle nous plongent Stanislas Nordey et Falk Richter, la déclaration à son amour d’enfance fait office de lueur d’espoir, comme une jeunesse imaginée, et réinventée.

Ce voyage entre passé et présent, actuellement présenté à Bobigny, sera à retrouver également en 2023 à la Maison de la Culture de Grenoble, ainsi qu’à celle d’Amiens.

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Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste
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