Critique

Marcel Proust, la fabrique de l’œuvre : au cœur de la création

25 octobre 2022
Par Sophie Benard
Marcel Proust par Jacques-Émile Blanche.
15 octobre 1891, Trouville. BnF, département des Estampes et de la photographie.
Marcel Proust par Jacques-Émile Blanche. 15 octobre 1891, Trouville. BnF, département des Estampes et de la photographie. ©BnF

Depuis le 11 octobre dernier et jusqu’au 22 janvier prochain, la BnF expose les manuscrits de l’écrivain-monument. Une véritable plongée dans l’intimité laborieuse de l’auteur de La recherche.

C’est à l’occasion du centième anniversaire de la mort de Proust que la Bibliothèque nationale de France consacre une nouvelle exposition à l’une des oeuvres les plus mythiques du patrimoine littéraire français.

Organisée tome par tome – à chaque volume correspond une salle de l’exposition -, Marcel Proust, la fabrique de l’oeuvre invite à parcourir à la fois le texte de La recherche et les étapes de sa création.

On passe, bien sûr, par les épisodes les plus célèbres de l’oeuvre, de sa première phrase – « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. » – à sa madeleine en passant par la sonate de Vinteuil. Surtout, on assiste à leur minutieuse mise en forme, à l’apparition de l’épaisseur qu’on leur connaît.

L’ampleur du travail de Proust dévoilé, on reste stupéfait de l’obsession de l’auteur de la composition de son oeuvre – composition qu’il ne cesse de modifier, de reprendre, de travailler. On se laisse émouvoir, aussi, par l’aspect précaire et fragile de l’oeuvre qui se dévoile dans l’intimité de sa création.

Paperoles du fonds Proust. BnF, département des Manuscrits.©BnF

Plus de 370 documents – manuscrits, tableaux, photographies, objets, costumes – composent cette exposition. L’occasion de croiser les tableaux des artistes qui ont inspiré Proust, dont Claude Monet et William Turner – mais aussi les personnes qui ont aidé l’écrivain à mener à bien son projet démesuré : son éditeur, Céleste Albaret, Alfred Agostinelli.

On navigue avec enchantement parmi les innombrables réarrangements et réécritures que l’auteur s’imposait, on se plonge avec délice dans l’intensité de son travail, dans son acharnement à poursuivre l’ambition presque folle du projet que constitue La recherche. Immanquable !

Marcel Proust sur son lit de mort par Paul Helleu, 1922. Pointe sèche. BnF, département des Estampes et de la photographie.©BnF

Infos pratiques :

Marcel Proust, la fabrique de l’œuvre. Du 11/10/222 au 22/01/2023. BnF François Mitterrand.

Catalogue de l’exposition :

Marcel Proust, la fabrique de l’œuvre, dir. Antoine Compagnon, Guillaume Fau, Nathalie Mauriac Dyer, BnF/Gallimard, 224 p., 39 €.

Article rédigé par
Sophie Benard
Sophie Benard
Journaliste