Décryptage

Smartphones pliants : 4 ans après le premier modèle, ce n’est toujours pas gagné

26 octobre 2022
Par Florence Santrot
Le Galaxy Z Fold4, écran déplié.
Le Galaxy Z Fold4, écran déplié. ©Pierre Crochart/L’Éclaireur

Alors qu’Oppo s’apprête à investir ce nouveau marché largement dominé par Samsung, demeure encore la question des usages. Et du prix élevé.

Avant l’ère des smartphones, les téléphones mobiles se pliaient. Ce petit geste de couper une conversation en rabattant d’un geste assuré son portable, ça n’avait pas de prix. L’appareil ne permettait pas grand-chose d’autre que de passer des appels et envoyer des textos, mais il avait l’avantage de tenir dans le creux de la main et de se glisser sans difficulté dans une poche.

Et puis, l’iPhone est arrivé, suivi d’une myriade d’autres mobiles du même genre. À mesure que le téléphone intelligent accumulait des fonctionnalités, l’écran est devenu de plus en plus grand. Et voilà que, depuis quelques années, de nouveaux modèles, les flip phones, veulent combiner le meilleur des deux mondes : un grand écran et un appareil pliant pour être plus compact.

Les smartphones pliants ne représentent que 0,5 % des parts de marché en 2021.

Un rapport du cabinet IDC montre qu’il existe une demande pour les téléphones pliants, avec 7,1 millions d’unités vendues en 2021. Le marché était de seulement 1,9 million d’unités un an plus tôt. En 2022, les ventes pourraient encore bondir de 80 %.

Le smartphone pliant reste donc encore très marginal – 0,5 % de part de marché en 2021 –, mais il creuse son sillon. IDC prévoit qu’il devrait s’en vendre 27,6 millions d’unités d’ici à 2025, soit une valeur estimée de 29 milliards de dollars. Et une part de marché de 1,8 %. On reste néanmoins très loin des annonces tonitruantes de Roh Tae-moon, le responsable de l’activité mobile de Samsung Electronics. « D’ici 2025, les smartphones pliants représenteront plus de 50 % du total des ventes de smartphones haut de gamme de Samsung », affirmait-il en août dernier. 

Les pliants, nouveau standard des smartphones ?

Le coréen Samsung est en pointe sur ce marché avec ses modèles Fold (qui s’ouvrent comme un livre) et Flip (qui se replient comme une coquille). Mais d’autres marques croient également au concept. Motorola a redonné vie à son Razr et Microsoft s’y essaie avec le Surface Duo, un smartphone-tablette à deux écrans. Xiaomi a imaginé le Mi Mix Fold et Huawei le Pocket P50. Enfin, le chinois Oppo ne devrait pas tarder à dévoiler son Find N Flip. Il s’annonce comme le plus sérieux concurrent au leader du marché des pliants : le Samsung Galaxy Z Flip 4.

« Nous sommes convaincus que les smartphones pliants joueront un rôle croissant en France et dans toute l’Europe à l’avenir, nous assure Arne Herkelmann – Head of Product Management Oppo Europe. Les gens passent de plus en plus de temps sur leur smartphone, car de plus en plus de tâches passent par ces écrans. S’appeler en visio, regarder une série, faire du shopping, jouer, écrire ses mails pro, consulter une feuille de calcul… Les smartphones pliants ont la capacité unique de relever le défi croissant auquel les gens sont confrontés avec leurs smartphones aujourd’hui. Tout le monde voudrait avoir un écran plus grand, mais aussi un téléphone plus compact à transporter, qui tient dans la poche et qui pourrait également être utilisé d’une seule main lors de vos déplacements. » C’est à cette quadrature du cercle qu’essaie de répondre le smartphone pliant.

Samsung Galaxy Z Flip4 prise en main
Le Samsung Galaxy Z Flip est le modèle le plus plébiscité (en partie car plus abordable).©Pierre Crochart/L'Éclaireur

La question cruciale des usages

Malgré l’amélioration du matériel, comme le pli et la charnière qui étaient problématiques sur les premiers modèles, la compatibilité des applications tierces est essentielle à l’expérience logicielle globale. Et donc à l’adoption de ce nouveau format de smartphone. « J’adore regarder des vidéos YouTube sur mon Samsung Galaxy Z Flip 4, car, plié en deux, je n’ai pas besoin de le garder dans les mains, je peux le poser. C’est pareil pour faire des appels en visio, c’est plus pratique que de chercher un support pour poser mon smartphone. Et puis, le petit écran externe me permet de piloter plein de fonctions sans avoir à ouvrir le téléphone, c’est bien pratique », explique Étienne, un utilisateur convaincu.

« Les smartphones pliants sont un excellent compagnon, car ils peuvent faire le pont entre une taille compacte et un grand écran, insiste Arne Herkelmann. Quand on prend les transports bondés pour aller au bureau, par exemple, on peut utiliser le mobile en version pliée et regarder un flux d’actu sur le petit écran externe en se tenant debout. Quand le métro ou le bus se vide, on peut alors s’asseoir et déplier le smartphone pour continuer à regarder une série, surfer sur Internet, etc. Et quand on marche, on peut continuer à manipuler le téléphone replié, d’une seule main pour contrôler la musique ou continuer à discuter avec ses amis. Le pliant est plus flexible. »

Un smartphone pliant, mais pas à tout prix

Avec autant d’avantages, pourquoi le smartphone pliant n’a-t-il pas conquis davantage de parts de marché ? « Les principaux obstacles à l’achat d’appareils pliants par les consommateurs sont liés au prix, à la confiance dans la robustesse et le bon fonctionnement du téléphone, et à la recherche de cas d’utilisation uniques pour les formes pliantes », explique Runar Bjorhovde, analyste chez Canalys. On cherche donc encore ce « petit truc en plus » qui ne serait vraiment pas faisable avec un smartphone classique.

Et les usages multiples créés par cet écran qui se replie justifient-ils le prix élevé de ces smartphones ? Le Z Flip 4 est vendu à partir de 1 109 euros pour 128 Go de stockage. Pour que ces modèles deviennent réellement grand public, il faudrait des références vendues bien moins cher.

Selon IDC, le prix doit baisser de manière significative, pour arriver autour des 400-500 euros, car c’est dans ce segment que sont réalisées 70 % des ventes mondiales de smartphones. Tel est le grand défi des constructeurs pour l’avenir. Mais, dans un monde où l’inflation fait rage et où tous les fabricants se mettent à augmenter leurs prix, bien malin celui ou celle qui saura prédire l’avenir de cette gamme très particulière.

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