À trois semaines de la sortie du jeu, nous avons pu nous frotter aux premières heures de God of War Ragnarök. Nos impressions enthousiastes, mais prudentes.
Santa Monica a su se réinventer en 2018 avec God of War. Un jeu d’action radical, qui représentait pour la licence un virage à 180° unanimement salué par la presse et les joueurs. Nous voilà quatre ans plus tard sur console de nouvelle génération pour découvrir un Ragnarök qui, rappelons-le, doit (déjà) clore le nouveau diptyque consacré au dieu de la Guerre.
Preview réalisée sur PS5 grâce à un code fourni par l’éditeur. God of War: Ragnarök sortira le 9 novembre sur PS4 et PS5.
La chaleur réconfortante du foyer
Tout commence trois ans après les événements de God of War. La stature et le timbre de la voix d’Atreus en sont témoins : de l’eau a coulé sous les ponts à Midgard. Enfin, pas pour tout le monde. À peine installés à l’arrière du traineau qui nous ramène de la chasse que Freya, à qui le deuil et la soif de vengeance ont fait perdre tout discernement, nous prend en grippe et tente de nous tuer.
Autant dire que Ragnarök commence sur les chapeaux de roue. Musique étourdissante qui décuple la panique, invitations à marteler les boutons pour échapper à l’emprise de notre adversaire, inquiétude d’Atreus à l’idée que son père pourrait mourir sous ses yeux… Tous les ingrédients qui ont fait la recette de God of War cuvée 2018 sont déjà là.
Comme son illustre modèle, God of War: Ragnarök sait se mettre en scène. Toujours fabriqué comme un long plan-séquence, avec cette ravissante caméra à l’épaule, limite tremblante, qui renforce la cinématographie de l’ensemble, le nouveau jeu de Santa Monica pose d’emblée ses ambitions. Il doit être le chef-d’œuvre du studio ; la pièce de résistance pour les fans de Kratos. Et il va s’en donner les moyens.
Des moyens notamment techniques, en l’occurrence. C’est vrai : Ragnarök a beau avoir été conçu à la fois pour la PlayStation 5 et la PlayStation 4, il n’a jamais l’air d’être tiré vers le bas par cette dernière. Sublime en tout point, même en mode Performances (qui vise les 60 images par seconde), le jeu affiche un niveau de détails somptueux et des visages criants de réalisme. On retrouve d’ailleurs avec plaisir le casting vocal impeccable du dernier opus, et les quelques nouveaux venus font instantanément mouche. Mention spéciale (évidente) à Thor, l’un des antagonistes les plus redoutés de ce nouvel opus, qui crève littéralement l’écran dès sa première apparition. Nous n’en dirons pas plus.
Que faut-il attendre de la fin du monde ?
Le titre du jeu vend la mèche : la fin du monde approche – et nous n’y sommes pas étrangers. Fimbulvetr, le long hiver qui précède le Ragnarök, arrive à son terme. L’échiquier politique du panthéon nordique se met en branle et les ambitions de chacun apparaissent sous un jour nouveau.
Un cadre narratif plus désespéré que dans God of War, qui laisse planer dans l’air un fumet particulier. Une urgence triste se dégage de certains dialogues et certains tableaux. On retraverse d’abord de nombreux décors arpentés en long, en large et en travers en 2018. Mais, que l’on se rassure, Ragnarök a plus d’un tour dans son sac. Pour la première fois, on aura par exemple l’occasion de visiter Svartalfheim, le royaume des nains et leurs inévitables mines.
Point de départ de la quête d’identité d’Atreus (dont nous tairons la véritable identité pour celles et ceux qui n’ont pas – encore – terminé God of War), les abords de Nidavellir offrent des panoramas à se damner. Mais ils remettent aussi les pendules à l’heure sur un point : Ragnarök ne va pas réinventer le game design très « haché » du dernier opus.
On s’explique. Au confluent du jeu d’action-aventure et du RPG-light, God of War: Ragnarök offre des zones à l’ouverture toute relative, au sein desquelles le joueur n’a pas énormément de liberté d’action (pensez aux zones ouvertes de Gears 5, par exemple). En revanche, on trouvera ici et là des passages dérobés qui abritent quelques-uns des (innombrables) coffres renfermant matériaux d’artisanat, argent, artefacts ou items plus précieux encore qui permettent d’augmenter la barre de vie ou de rage de Kratos.
Des quêtes secondaires sont aussi à disposition, qui permettent de récupérer de l’équipement avancé ou de puissantes runes enrichissant davantage le (très) velu système de combat. Reste que si l’on met ça de côté, il faut garder en tête que God of War: Ragnarök est un jeu à la dimension narrative très prononcée, qui n’autorise que très peu de pas de côté de la part des joueurs et des joueuses. Pour apprécier, il faudra savoir se laisser guider et ne pas trop pester contre les rails sur lesquels nous installe Santa Monica.
Rage explosive
L’un des meilleurs atouts de God of War reste son système de combat. Logiquement, Ragnarök vient parfaire la formule par petites touches, ajoutant çà et là de nouvelles capacités, mais mettant aussi à notre disposition, dès le début du jeu, les Lames du Chaos.
Très vite, les affrontements se changent en de gigantesques parties de pierre-feuille-ciseaux. L’ennemi d’en face est de type glace ? Martelez triangle pour enflammer vos lames et réduire leur défense en bouillie. Résistant aux coups de hache ? Rengainez, faites parler les poings et parez au bon moment pour faire exploser la jauge d’étourdissement permettant d’effectuer une mise à mort aussi spectaculaire que sanglante.
Le système de combat de Ragnarök itère sur les bases de son prédécesseur, mais offre davantage d’options, au point parfois de nous perdre en cours de route. C’est vrai : on finit par devoir retenir un certain nombre de combinaisons de touches. Mais, comme dans tout bon jeu de combat, on s’en sort aussi bien en appuyant n’importe où et en voyant où ça nous mène. On ne va pas se plaindre d’avoir trop d’options ; personne ne nous force à utiliser tout l’éventail des capacités de Kratos.
Nos premières impressions sur God of War: Ragnarök
Vous l’aurez compris, God of War Ragnarök reprend sans faiblir le lourd flambeau de son prédécesseur. Les deux ou trois premières heures de jeu maintenant derrière nous : il apparaît très clair que ce nouvel opus répond à la lettre à la définition la plus académique du terme « suite ».
Pour l’heure, on ne sait pas encore si cela nous dérange ou pas. Fallait-il s’attendre à une (nouvelle) révolution, quatre ans seulement après que la licence s’est totalement réinventée ? Certainement pas. Mais il nous semble assez évident que les personnes qui n’avaient pas été séduites en 2018 auront tout autant de mal à rentrer dedans cette fois-ci.
Pour les autres en revanche, c’est un festival tant Ragnarök paraît aller jusqu’au bout de ses idées. Beaucoup plus dense et mécaniquement complexe que son aîné, il semble surtout nous réserver un sacré lot de surprises sur le plan scénaristique. Nous avons hâte de pouvoir vous en dire plus. Rendez-vous le 3 novembre prochain pour découvrir notre critique en bonne et due forme de God of War: Ragnarök.