La chanson de Shervin Hajipour, artiste populaire en Iran, est devenue un hymne du mouvement déclenché par la mort de Mahsa Amini. Quand la musique devient un outil de protestation.
Depuis le décès de Mahsa Amini, les protestations continuent en Iran. Plusieurs militants sont descendus dans les rues, alors que les artistes du monde entier affichent leur soutien en se coupant les cheveux face caméra. De son côté, le chanteur Sherin Hajipour a compilé une série de tweets sur les protestations, et les conte dans une nouvelle création. Un hymne officieux devenu le symbole du mouvement.
La musique au service de l’engagement
Intitulée Baraye – traduction de Pour en persan – la chanson a atteint les 40 millions de vues sur Instagram, avant l’arrestation de l’interprète pop. Bien qu’il ait été réduit au silence, le morceau est toujours disponible sur Youtube et Twitter. Par ailleurs, la chanson de l’artiste résonne la nuit dans des immeubles à travers l’Iran, en soutien aux protestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, à Téhéran.
« Pour la danse dans la rue, À cause de la peur ressentie en s’embrassant, Pour ma sœur, ta sœur, vos sœurs » peut-on entendre dans la chanson. Ces paroles sont aussi plus largement une façon de décrire le quotidien modeste des iraniens impacté depuis les sanctions économiques contre l’Iran et la gestion de la situation par les autorités. « À cause de la gêne de la poche vide, Parce que nous aspirons à une vie normale… À cause de cet air pollué » chante Shervin Hajipour.
La chanson a également été reprise à travers le globe dans plus de 150 villes. C’est le cas à New York par un groupe d’écolières sur une vidéo partagée par le Center for Human Rights in Iran, ou encore par une éditorialiste du Jerusalem Post.
Baraye rejoint donc la longue liste de chansons sur lesquelles de nombreux artistes se sont déjà engagés en faveur de l’égalité sociale et de la paix. Parmi les plus emblématiques, on peut évidemment citer We are the World de USA For Africa (1985) face à la famine en Ethiopie, et I Feel Like I Am Fix In To Die Rag (1967) pour protester contre la guerre du Vietnam. On pense aussi à des chansons plus politiques comme Sunday Bloody Sunday (1983) de U2 qui revenait sur les dimanches sanglants de Dublin et de Derry ou Zombie (1994) des Cranberries. Plus récemment, il s’agissait de la chanson de John Lennon Give Peace a Chance (1969), relayée massivement sur 150 radios européennes, pour dénoncer la guerre en Ukraine.