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Plusieurs cinéastes, dont Jafar Panahi, arrêtés en Iran

12 juillet 2022
Par Félix Tardieu
Jafar Panahi dans "Taxi Téhéran"
Jafar Panahi dans "Taxi Téhéran" ©Jafar Panahi Film Productions

Jafar Panahi, le réalisateur multirécompensé de Ceci n’est pas un film, Trois visages et Taxi Téhéran, a été arrêté le 11 juillet par la justice iranienne alors qu’il se rendait au parquet de Téhéran pour prendre la défense d’un autre cinéaste, Mohammad Rasoulof, incarcéré quelques jours plus tôt.

Alors que les rassemblements se multiplient en Iran (d’après une corrélation de facteurs : gabegie, corruption, inflation…), Jafar Panahi, qui fut un temps l’assistant d’un certain Abbas Kiarostami avant de devenir l’un des réalisateurs iraniens les plus reconnus et les plus primés de sa génération (qui a notamment remporté l’Ours d’or en 2015 pour Taxi Téhéran), a été arrêté ce lundi 11 juillet.

Jafar Panahi était venu défendre en personne, devant le parquet de Téhéran, son ami cinéaste et compatriote Mohammad Rasoulof, lauréat de l’Ours d’or lors de la Berlinale en 2020 pour Le diable n’existe pas (sorti en salles en décembre dernier), arrêté quelques jours plutôt et emprisonné, dans un lieu tenu secret, aux côtés de son confrère Mostafa al-Ahmad pour avoir lancé un appel via le hashtag #putyourgundown, qui enjoignait les forces de sécurité à baisser leurs armes face aux manifestants protestant contre « la corruption » et « l’incompétence » des responsables à l’origine de l’effondrement d’un immeuble qui a causé la mort de 43 personnes à Abadan, au sud-ouest du pays, le 23 mai dernier. 

La pétition en question sera signée par plus de 300 personnalités, dont entre autres, Jafar Panahi et Ashgar Farhadi. Ce n’est évidemment pas la première fois que Jafar Panahi est dans le viseur du gouvernement iranien : en 2010, le réalisateur de Le Cercle avait été condamné à six ans de prison « pour participation à des rassemblements et pour propagande contre le régime » et fut également interdit de réaliser des films, de s’adresser aux médias ou de quitter le pays pendant vingt ans – d’où les dispositifs forcément expérimentaux de Ceci n’est pas un film ou Taxi Téhéran.

Panahi comme Rasoulof étant privés de passeports, ces derniers ne peuvent pas venir présenter leurs films lors des différentes compétitions. Suite à cette vague d’arrestations, les organisateurs de la Berlinale tout comme le Festival de Cannes ont demandé la libération immédiate des trois cinéastes. 

Tout récemment, le nouveau film de Saeed Roustaee, Leila et ses frères (dont on reparlera très prochainement) faisait lui aussi les frais de la censure en étant interdit de diffusion en Iran. Le film avait été projeté à Cannes en mai dernier aux côtés d’un autre film iranien, Les Nuits de Mashhad, en salles ce mercredi, qui a valu le prix d’interprétation féminine à Zar Amir Ebrahimi. Une récompense que n’avait pas manqué de fustiger le gouvernement iranien. 

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste