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Les assistants vocaux peuvent nuire au développement social et cognitif des enfants

28 septembre 2022
Par Kesso Diallo
Les assistants vocaux peuvent avoir un impact négatif sur l'empathie, la compassion et la pensée critique.
Les assistants vocaux peuvent avoir un impact négatif sur l'empathie, la compassion et la pensée critique. ©GaleanoStock/ Shutterstock

Selon une étude, ces appareils peuvent avoir des conséquences à long terme sur l’empathie, la compassion et la pensée critique.

Si les assistants vocaux sont utiles, notamment en répondant aux questions, ils peuvent avoir un impact négatif sur les individus, notamment les enfants. Conçus pour répondre avec des voix réalistes et de manière conversationnelle, ils se voient attribuer des caractéristiques mentales et sociales, ce qui est susceptible d’affecter de façon négative le développement cognitif et social des jeunes, selon une étude publiée dans la revue Archives of Disease in Childhood le 27 septembre.

Un problème pour les interactions sociales

Selon les chercheurs, les enfants ont en effet tendance à considérer ces assistants vocaux comme des êtres oncologiques avec des droits et des sentiments tout en étant conscients de leur statut de machine. Le risque d’une sur-anthropomorphisation de leur part peut par ailleurs augmenter avec les signaux sociaux, tels que « Hey Google » ou « Dis Siri », qui sont nécessaires pour interagir avec ces appareils. Le problème, c’est que les étiquettes sociales présentes dans les interactions entre humains ne sont pas reproduites avec ces machines. Il n’est, par exemple, pas nécessaire de prendre en compte le ton ou encore le fait que la demande émise par une personne peut être interprétée comme grossière ou odieuse. De même, les termes de politesse comme « s’il vous plaît » et « merci » ne sont pas attendus dans ces interactions.

« Le manque de capacité à s’engager dans une communication non verbale fait de l’utilisation des appareils une mauvaise méthode d’apprentissage de l’interaction sociale », expliquent les chercheurs. Autrement dit, alors qu’un enfant recevrait des commentaires constructifs s’il se comportait de manière inappropriée lorsqu’il interagit avec un individu, ce n’est pas le cas avec les assistants vocaux. Cela, car il pourrait être controversé pour les fabricants de mettre en œuvre un renforcement positif ou négatif selon que l’enfant se comporte de manière polie.

Un obstacle au processus d’apprentissage

Les assistants vocaux peuvent aussi entraver les opportunités d’apprentissage des enfants, en étant conçus pour fournir rapidement des réponses aux questions posées par l’utilisateur. « Le processus de recherche d’informations est une expérience d’apprentissage importante, qui enseigne la pensée critique et le raisonnement logique », indiquent les auteurs de l’étude. Concrètement, les appareils intelligents se contentent de répondre de façon concise et précise après avoir recherché les informations demandées. À l’inverse, les adultes peuvent demander des informations contextuelles ou analyser le raisonnement de l’enfant lorsque celui-ci leur pose une question. Les assistants vocaux suppriment ainsi le besoin de rechercher des informations via des méthodes plus traditionnelles.

À cela s’ajoute le fait que leurs réponses peuvent parfois être dangereuses ou inappropriées. L’année dernière, l’assistant Alexa d’Amazon a par exemple suggéré à une fille de 10 ans d’essayer de toucher une prise électrique avec une pièce de monnaie. Ils posent aussi problème par rapport à la confidentialité, étant capables d’enregistrer une conversation par inadvertance et de la transmettre à quelqu’un. Pour les auteurs, il est nécessaire de faire des recherches au sujet des conséquences à long terme sur les enfants lors des interactions avec ces appareils, soit à un stade crucial de leur développement social et émotionnel.

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Kesso Diallo
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Journaliste
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