Elizabeth II est décédée ce jeudi 8 septembre à l’âge de 96 ans, après 70 ans de règne. Sept décennies durant lesquelles elle a inspiré de nombreux artistes, d’Andy Warhol aux Sex Pistols en passant par les Simpsons, au point de devenir une véritable icône de la culture pop.
Durant presque un siècle, la vie d’Elizabeth II a été le feuilleton préféré de millions de spectateurs. Tout a commencé en 1953. Le 2 juin, le couronnement de la jeune britannique passionne le monde entier, scotché à son poste de télévision. Pour la première fois, l’événement est retransmis en Mondovision, ce qui permet aux curieux du monde entier d’y assister. Au début des années 1950, au Royaume-Uni, seuls 2 millions de foyers sont équipés en téléviseurs. Pourtant, 27 millions de britanniques auraient assisté aux six heures de couronnement.
Contrairement aux précédent·e·s monarques, les sept décennies du règne d’Elizabeth II ont été capturées à travers des millions d’images et filmées sous tous les angles. Souvent considérée comme austère et intouchable, son image a pourtant été modernisée grâce à la pop culture. Œuvres d’art, chansons, séries et films ont permis de dévoiler un aspect plus humain, voire drôle de sa personnalité.
Une source d’inspiration musicale
Les premières années de sa vie ont été racontées dans le film oscarisé Le Discours d’un roi (2010), consacré à son père, George VI, et son combat pour surmonter son bégaiement. D’autres films, comme le documentaire Ballade pour une reine (2011), nous ont permis de rencontrer la jeune et sage Elizabeth. Son visage sérieux a depuis été figé par de nombreux peintres : durant ses 70 ans de règne, elle a posé pour 175 portraits, dont ceux, célèbres, d’Andy Warhol et Banksy.
Cette figure austère a aussi été source d’inspiration musicale. En 1969, les Beatles dévoilent leur mythique album Abbey Road et le titre, Her Majesty, s’adresse à la reine. Durant 26 secondes, ils s’amusent à répéter que « Sa Majesté est une gentille petite fille, mais elle n’a pas grand-chose à dire ». Un petit tacle qui ne méritait pas un carton jaune selon la reine. Pas rancunière, elle a anobli Paul McCartney en 1998.
Enfants terribles du rock, les Sex Pistols ne l’ont pas autant amusée. En effet, pour le 25e anniversaire du règne de la reine, le groupe britannique a détourné le God Save the Queen, une chanson à la gloire de la reine, pour en faire un morceau punk et révolutionnaire dans lequel ils décrivent la monarchie comme un régime fasciste. Leurs paroles, « Elle n’est pas un être humain, il n’y a pas de futur dans le pays féérique d’Angleterre », n’ont pas plu à la Royauté : le titre a été interdit de diffusion sur la BBC et retiré de la vente par la maison de disques.
33 ans plus tard, dans un autre genre, Philippe Katerine répète inlassablement « Bonjour, je suis la reine d’Angleterre et je vous chie à la raie », dans sa chanson teintée d’humour british La reine d’Angleterre.
Reine du petit et du grand écran
Dans les années 1990, une autre icône émerge du côté de la royauté : Lady Diana. En 1997, sa mort bouleverse le monde entier et les Britanniques sont offusqués par le silence de la reine (qui a attendu plusieurs jours avant de s’exprimer sur cette tragédie). Bien décidée à gagner cette guerre d’image, Elizabeth profite des années 2000 pour dévoiler une autre facette de sa personnalité. De nombreux films et séries dont elle est le personnage principal vont lui donner un petit coup de pouce, en lissant le caractère sévère qu’elle renvoie.
En 2006, The Queen revient par exemple sur les jours qui ont suivi la mort de Lady Di. Depuis 2016, la série à succès The Crown retrace sa vie en analysant les moindres détails, de la petite comme de la grande histoire. Les épisodes ont beau durer une heure et ne pas faire étalage de batailles aussi épiques que Game of Thrones, ils passionnent les spectateurs. La série est devenue l’une des plus regardées de Netflix, et a remporté de nombreuses récompenses.
Sa Majesté, on la retrouve aussi là où on ne l’attendait pas, comme dans une vidéo avec l’ours Paddington, dans les Simpsons, South Park, ou encore Peppa Pig. Les photographes l’immortalisent aussi auprès de super-stars pop, comme les Spice Girls ou Lady Gaga. Elle se retrouve même dans les coffres à jouets et sur les étagères de collectionneurs, Barbie ayant sorti une poupée à son effigie à l’occasion du jubilé de platine de la reine, quand la marque Funko Pop a décidé de lancer sa figurine, au même titre que celles de Spider-Man ou Harry Potter.
Loin de la surface froide et lisse de Buckingham Palace, la pop culture a su façonner une image plus cool à la reine. Puissance des réseaux sociaux aidant, les internautes ont aussi pris un malin plaisir à détourner ses mimiques, ses expressions et ses tenues colorées, un brin surannées. En deux décennies, ils en ont fait la reine des memes.
Le 27 juillet 2012, Elizabeth II a d’ailleurs surpris le monde entier en dévoilant cette facette plus fun, lors de la cérémonie d’ouverture de la 30e édition des Jeux Olympiques. On l’a retrouvée aux côtés de James Bond, grimpant dans un hélicoptère avant de sauter en parachute pour atterrir dans le stade. Il s’agissait naturellement d’une doublure, mais cette petite scène a eu l’effet escompté et nombre de spectateurs y ont cru. Preuve que dans l’esprit collectif et populaire, la reine avait aussi un côté rock.
Si la disparition d’Elizabeth II signe la fin d’une époque, les films et les séries continueront de la faire vivre, en (re)visitant encore et encore son histoire.