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Android 13 se lance alors que moins de 13% des smartphones tournent sous Android 12

17 août 2022
Par Pierre Crochart
Le déploiement d'Android 12 est encore incomplet.
Le déploiement d'Android 12 est encore incomplet. ©sdx15 / Shutterstock.com

Google vient de lancer la nouvelle version de son système d’exploitation mobile. Mais le marché est très loin de suivre la cadence des mises à jour.

Désormais officiellement lancé sur les smartphones tels que le tout récent Pixel 6a, Android 13 vient prendre la relève d’un système d’exploitation encore largement boudé. Le site spécialisé 9to5Google a fait les comptes grâce aux données officielles d’Android Studio : neuf mois après son lancement, Android 12 ne serait installé que sur 13,3 % des appareils.

Android 11 reste la version la plus populaire

Au jour où sont écrites ces lignes, les smartphones Android représentent 87 % du marché. Pourtant, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Sans même parler des différentes surcouches propres aux constructeurs (OneUI, ColorOS, OxygenOS, etc.), tous les mobiles ne reçoivent pas les mises à jour majeures au même rythme.

En témoigne le graphique de 9to5Google : à ce jour, à peine 15 % des smartphones Android tournent sous Android 12. D’après les chiffres d’Android Studio, c’est Android 11 qui reste la version la plus populaire, avec un taux d’installation de 27 % — en progrès de 3,2 points par rapport à mai dernier.

Plus étonnant encore, Android 9 culmine encore à 14,5 % quatre ans après sa sortie officielle. Un chiffre plus important que celui d’Android 12 donc.

Android 12 adoption
Android 12 est noté « S » dans le graphique©9to5Google

Mais alors pourquoi de telles disparités sur le marché des smartphones Android ?

Un marché Android très polarisé

Le marché des smartphones Android est complexe. Contrairement à iOS, propriété d’Apple et qui ne concerne donc que ses propres appareils — tous mis à jour au même moment —, on remarque que les smartphones haut de gamme sont systématiquement les premiers servis en matière de mises à jour. Exception faite des Pixel de Google, qui ont toujours profité d’une certaine primeur sur ce point, ou des mobiles sortis dans l’année qui suit la mise en circulation d’une nouvelle version d’Android.

Ainsi, le milieu de gamme Samsung Galaxy A53 5G dispose bien d’Android 12, là où les possesseurs d’un OnePlus Nord 2 de gamme équivalente ont dû patienter jusqu’à peu pour profiter de ces nouveautés. D’autres sont moins bons élèves encore, comme le Honor 50 dont les utilisateurs attendent toujours la mise à jour.

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En effet, chaque constructeur dispose de son propre calendrier de mise à jour, régi par diverses contraintes rarement explicitées au grand public.

Parmi elles, on retiendra notamment la nécessité de s’assurer que tous les composants d’un smartphone fonctionnent correctement avec la nouvelle mise à jour. Étant donné qu’il n’existe pas deux mobiles Android identiques, les essais et les éventuels correctifs prennent plus ou moins de temps selon les constructeurs et les moyens qu’ils veulent bien déployer dans cette phase coûteuse et chronophage.

C’est notamment la raison pour laquelle les fabricants n’hésitent pas à mobiliser leur communauté via des versions bêta. En échange d’un accès anticipé aux nouveautés du logiciel, les volontaires sont priés de remonter les bugs rencontrés pour faciliter le déploiement de la mise à jour au plus grand nombre.

Le logiciel : toujours le talon d’Achille d’Android

En creux, les chiffres étrangement bas de l’adoption d’Android 12 jettent également une lumière crue sur l’état des procédés de mises à jour des smartphones Android.

Nous l’expliquions plus haut : les téléphones reçoivent les mises à niveau à un rythme qui dépend de leur gamme et du bon vouloir des constructeurs. Mais s’ajoute également un autre niveau de complexité, à savoir qu’aucun constructeur ne garantit le même suivi logiciel pour ses produits.

Google est le meilleur élève et promet au moins cinq ans de mises à jour. Samsung le talonne avec quatre ans de mises à jour majeures, et cinq ans de correctifs de sécurité — à l’exception de la gamme Galaxy M, limitée à deux ans. D’autres, comme OnePlus ou OPPO, proposent trois ans de mises à jour sur leur haut de gamme, et deux ans sur les smartphones plus abordables. Loin devant, Apple garantit pour sa part au moins six ans de mises à jour sur ses iPhone. Sorti en 2017, l’iPhone 8 recevra iOS 16 en septembre prochain.

À l’heure où les Français ont tendance à conserver de plus en plus longtemps leur téléphone portable, et dans un contexte où les ventes de mobiles reconditionnés explosent sur fond de ventes en berne pour les appareils neufs, les constructeurs auraient tout intérêt à se mettre au diapason.

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Pierre Crochart
Pierre Crochart
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