Un portrait rarissime d’Arthur Rimbaud (1854-1891) réalisé par sa soeur, Isabelle Rimbaud, pourrait prochainement rejoindre les collections du musée consacré à l’auteur des Illuminations et situé dans sa ville natale, Charleville-Mézières (Ardennes). Une souscription publique a été lancée et espère collecter une partie de la somme nécessaire (180 000 euros) à l’acquisition du précieux dessin.
Un très rare portrait d’Arthur Rimbaud, dessiné par sa soeur, Isabelle Rimbaud, en janvier 1893 et vu pour la dernière fois lors d’une vente aux enchères il y a près d’un siècle (en 1931 pour être plus précis) a été retrouvé chez un libraire parisien et pourrait prochainement intégrer les collections du musée Rimbaud de Charleville-Mézières, ville natale du célèbre poète français – dont une certaine Patti Smith, vouant une admiration sans faille pour le poète, a été faite citoyenne d’honneur il y a quelques années.
Pour réaliser ce petit dessin au crayon de seulement 10 sur 13 centimètres représentant l’auteur d’Une saison en enfer (1873) en train de jouer de la harpe abyssine, Isabelle Rimbaud se serait inspiré d’une illustration de presse avant d’y ajouter de mémoire le visage de son frère, mort deux ans plus tôt. Ce portrait donne alors une idée du visage de Rimbaud tel qu’il fut avant sa mort, puisque sa soeur fut la dernière personne à l’avoir vu de son vivant.
Le portrait « donnera une idée de (son) visage à 36 ans », précisait Isabelle Rimbaud dans une correspondance. Le dessin en question, qui rappelle les dernières années d’exil du poète à Harar (Éthiopie), a notamment été évoqué dans une dédicace signée Paul Verlaine, connu entre autres pour avoir entretenu une liaison passionnelle et tumultueuse avec Rimbaud – avant d’être arrêté, Verlaine, ivre, tira un coup de revolver sur le jeune poète qui fut alors blessé au poignet.
(…) Poète qui mourus comme tu le voulais
En dehors de ces Paris-Londres moins que laids,
Je t’admire en ces traits naïfs de ce croquis,
Don précieux à l’ultime postérité
Par une main dont l’art naïf nous est acquis,
Rimbaud ! Pax tecum sit, Dominus sit cum te !Paul Verlaine, « À Arthur Rimbaud, Sur un croquis de lui par sa soeur » (Dédicaces, 1894)
Naturellement, le portrait vaut son pesant d’or – on sait combien sont rares les représentations de Rimbaud, dont la plus connue demeure le portrait de jeunesse pris par le photographe Étienne Carjat. Afin de faire l’acquisition du précieux dessin, la ville de Charleville-Mézières devra débourser pas moins de 180 000 euros (l’État s’est engagé à financer l’achat à hauteur de 70 000 euros via le Fonds du patrimoine). Pour ce faire, celle-ci s’est associée à la Fondation du Patrimoine en lançant une souscription publique, accessible en ligne, en espérant récolter 30 000 euros. Une fois les fonds réunis, le portrait pourrait alors rejoindre les collections du musée Rimbaud dès la rentrée prochaine, en vue d’une présentation au public à la fin de l’année.