Après avoir fait le buzz lors du dernier CES de Las Vegas, la lampe Lili pour dyslexiques arrive sur le marché français, et nous avons eu l’opportunité de tester ce produit porteur d’espoir pour de nombreuses personnes soufrant de ce trouble.
Comprendre la dyslexie
Avant toute chose, il me parait nécessaire de rappeler ce qu’est la dyslexie. Le test de ce nouveau produit a été pour moi l’occasion de m’apercevoir que ce trouble est finalement assez mal connu du grand public, moi compris. La dyslexie fait partie de ce que l’on appelle communément les troubles « Dys ».
Il s’agit de troubles de l’apprentissage qui se manifestent par des difficultés dans des domaines comme l’orthographe (dysorthographie), l’écriture et le dessin (dysgraphie) ou encore les calculs (dyscalculie). Longtemps méconnus, ces troubles sont aujourd’hui de mieux en mieux identifiés et diagnostiqués, ce qui permet une prise en charge plus précoce, notamment en ce qui concerne les enfants. Pas encore assez au goût de Nathalie Groh, présidente de la Fédération Française des dys (FFdys), qui avance le chiffre faramineux de 7 millions de personnes atteintes de troubles dys en France !
La dyslexie, de loin le plus fréquent des troubles dys, se manifeste par une difficulté à appréhender la lecture. D’un individu à l’autre, les effets peuvent varier tant dans leur nombre que dans leur intensité, mais on retrouve souvent une difficulté à identifier les lettres et les mots, à comprendre le sens des textes, souvent accompagnée d’une grande fatigue induite par la lecture. Il n’est pas rare, en toute logique, que la dyslexie soit accompagnée d’une dysgraphie.
La découverte à l’origine de la lampe Lili
Les causes de la dyslexie ne font pas vraiment l’objet d’un consensus à l’heure actuelle, plusieurs pistes étant très sérieusement envisagées (neurologie, génétique, etc.). Albert LE FLOCH et Guy ROPARS, deux chercheurs en physique de l’université de Rennes, ont cependant fait en 2017 une découverte d’importance, laquelle est à l’origine de la création de la lampe Lili. Au cours de leurs recherches sur l’œil (et un peu par hasard), ils ont découvert chez les sujets atteints de dyslexie des différences notables dans la zone rétinienne située au-dessus de la macula.
Selon les résultats de ces recherches, les personnes dyslexiques se retrouvent avec deux yeux dominants, avec pour conséquence la création d’images miroir qui perturbent l’analyse par le cerveau et par conséquence la lecture. Cette découverte leur a d’ailleurs valu en 2020 le prix Raymonde Destreicher, décerné par l’Académie Nationale de Médecine.
Les 2 chercheurs ont alors créé et breveté un dispositif exploitant l’effet stroboscopique de la lumière et qui reconstitue artificiellement un décalage entre le moment de perception de l’image par chacun des deux yeux. En quelque sorte, le procédé d’Albert LE FLOCH et Guy ROPARS « désynchronise » la perception des 2 yeux chez les dyslexiques, recréant ainsi les conditions requises pour une bonne analyse par le cerveau. Lili For Life, fabricant de la lampe Lili, se trouve être la seule société au monde autorisée à utiliser ces brevets sur les dispositifs de type lampe. Et en plus elle est française, tout comme la fabrication de la lampe Lili d’ailleurs.
L’enfant ou l’adulte dyslexique éprouve des difficultés à décoder les mots, comme nous l’avons vu plus haut. La lampe Lili émet des flashs lumineux à une fréquence donnée, ce qui permet aux personnes dyslexiques d’effacer l’image miroir ou superposée et de retrouver une lecture plus fluide.
La philosophie de la marque est de « proposer des outils technologiques innovants pour permettre aux personnes touchées par la dyslexie de lire plus facilement et plus efficacement, et contribuer ainsi à l’expression de leurs pleins potentiels ».
Une lampe Lili étonnamment compacte
Livrée dans un étui rigide d’un joli bleu roi et aux armes de la marque, la lampe Lili étonne d’abord par son format compact, proche de celui d’une sacoche pour Nintendo Switch. On trouve à l’intérieur un chargeur secteur, compatible charge rapide Quick Charge 3.0, son câble USB type C, une notice d’explication et la lampe Lili.
De forme oblongue et mesurant environ 4 cm de hauteur pour 16 cm de largeur et 7 de profondeur, elle est pliable et accuse un poids extrêmement contenu de seulement 240 grammes. La lampe est maintenue fermement dans la boite par des sangles, afin d’assurer un transport sans souci. La fabrication fait la part belle à l’ABS, un gage de solidité, et le modèle de test arbore un coloris blanc et gris.
Une fois dépliée, la lampe Lili culmine à quelques 30,25 centimètres, sans tenir compte de sa tête lumineuse qui est orientable à 180°. Un bouton situé sur la tranche permet l’allumage / extinction et donne accès à 3 niveaux d’intensité (nous y reviendrons) tandis que l’arrière de la lampe Lili laisse apparaitre le port USB type C destiné à la charge. Les charnières de la lampe paraissent robustes et laissent augurer d’une bonne résistance à la manutention. Terminons cette présentation en précisant que la lampe Lili est proposée au tarif conseillé de 349 € et sera bientôt disponible sur notre site.
Mise en route facile, avec des points d’amélioration …
Pour commencer il faut mettre la lampe Lili en charge, comptez 8 heures. L’autonomie de la batterie 3200 mAh est annoncée comme pouvant aller jusqu’à 6 heures avec l’intensité réglée à son niveau le plus faible. Dans l’absolu cela peut paraitre limité, mais dans la réalité qui lit plus de 6 heures de suite ?! On regrette en revanche l’absence d’indicateur de niveau de charge, pour savoir combien de temps de lecture il nous reste. Ici, il faut se contenter d’un simple indicateur lumineux rouge qui vire au vert lorsque la lampe est chargée à 100 %.
Une fois la lampe chargée, vous installez l’application dédiée Lili for Life, disponible sur iOS et sur Android. L’étape suivante consiste à connecter la lampe en activant (si besoin) le GPS et le Bluetooth de votre smartphone. Attention cette opération doit être effectuée avec la lampe débranchée du secteur, sinon cela ne fonctionnera pas !
On passe ensuite à l’étape des réglages. On peut en effet choisir l’intensité lumineuse (Faible, Moyenne ou Max) en déplaçant latéralement le bouton situé sur la tranche de la lampe Lili. On peut aussi, à partir de l’application, régler ce que le fabricant appelle la vitesse – je parlerais plutôt de fréquence de balayage – de 60 Hz à 120 Hz ainsi que la balance (15% à 20%), et activer le mode Boost qui permet d’optimiser l’effet des réglages. La dernière option, Eclairage continu, désactive les réglages, ce qui permet de valider -ou non – leur efficacité.
Bien que les réglages soient clairement identifiables dans l’application, cela manque tout de même d’explications. On ne sait pas par exemple à quoi correspond la balance et comment elle agit sur le résultat final, idem pour la fréquence. On aurait aimé un peu plus d’accompagnement et de conseils. L’adaptation se fait donc de façon empirique. On comprend bien la logique qui veut que la personne dyslexique adapte les réglages jusqu’à obtenir le résultat le plus satisfaisant. Mais il ne faut pas oublier que nombre des utilisateurs seront des enfants, parfois très jeunes, qui ne sont pas forcément à l’aise pour verbaliser leur ressenti.
Dernière étape, vos réglages personnalisés s’enregistrent automatiquement en fermant l’application et en éteignant la lampe. Vous pourrez dorénavant utiliser la lampe sans passer par l’application, sauf si vous souhaitez modifier de nouveau les paramètres.
Pour tirer pleinement profit de la lampe Lili, la marque recommande de l’utiliser dans un environnement pas trop lumineux, une luminosité trop importante pouvant altérer l’impact des flashs et diluer l’effet stroboscopique. Un test efficace consiste à visionner la lampe allumée avec un smartphone en mode selfie. La présence de bandes latérales défilantes trahit un environnement trop lumineux, comme on peut le voir sur la vidéo ci-dessous.
Le test
L’avis de Jules, 11 ans, et de ses parents
Officiellement diagnostiqué dyslexique vers l’âge de 8-9 ans, Jules continue aujourd’hui à éprouver des difficultés à lire. S’il a, au fil des années, appris à « compenser », cela se fait au prix d’une grande fatigue qui fait de la lecture une épreuve, là où cela devrait être un plaisir pour un garçon intelligent comme lui. Sa maman Laetitia, elle-même psychomotricienne, m’explique que lorsque, dans le cadre de ses devoirs (Jules est en sixième) il est amené à lire un livre, il n’est pas rare qu’elle prenne le relai au bout d’un certain temps car la lecture lui coute énormément en termes de concentration et d’énergie.
Jules a donc pu essayer la lampe Lili pendant 3 semaines consécutives, la première correspondant à une période de vacances, les deux dernières incluant en sus une utilisation pendant les devoirs.
L’installation, réalisée par Olivier (le papa de Jules), se fait sur un smartphone Android tout ce qu’il y a de plus classique et ne comporte pas de difficulté particulière. Attention, comme vu plus haut, si vous laissez la lampe branchée, elle ne sera pas reconnue par l’application, nous en avons fait l’expérience.
Comme moi, les parents de Jules ont été étonnés par la compacité de la lampe Lili.
Premiers effets positifs, Jules a utilisé spontanément la lampe Lili, ce qui n’était pas gagné d’avance, surtout pendant les vacances, période où on est moins enclin à lire quand on est ado. Première explication à cette utilisation spontanée, la lampe est légère, il est donc facile de l’utiliser posée sur les genoux ou sur une table. Autre point fort, sa flexibilité, qui permet de l’adapter parfaitement à sa position, contrairement à une lampe classique.
La première semaine de test n’a pas apporté d’effet réellement notable au niveau du confort de lecture, les premiers signes d’améliorations se faisant sentir à partir de la deuxième semaine. Les parents de Jules ont constaté qu’il lisait plus longtemps que de coutume, jusqu’à 40 pages d’une traite, mais aussi qu’il n’a pas éprouvé le besoin que sa maman prenne le relai, signe que la lecture avec la lampe Lili lui mobilise moins d’énergie et occasionne moins de fatigue qu’une lampe traditionnelle.
Autre point positif, Jules semble avoir une lecture moins confuse, dans le sens où elle s’accompagne d’une compréhension plus grande de ce qu’il lit. Là encore, on peut imaginer que le fait de devoir investir moins d’efforts dans la lecture permet de consacrer davantage de ressources à l’analyse de ce qu’il lit. Bilan globalement positif donc, la lampe Lili a visiblement apporté à Jules un confort supplémentaire appréciable. Jules ayant déjà fait de gros progrès par lui-même en apprenant à compenser, on peut espérer que l’apport sera encore plus déterminant chez un enfant ou un adulte moins à l’aise avec la lecture.
Parmi les aspects négatifs ou les points à améliorer qui m’ont été remontés, on peut retenir le manque d’informations sur les différents réglages.
Le papa de Jules aurait notamment voulu comprendre comment fonctionne le mode Boost et en quoi il apporte un surplus d’efficacité. Également évoqué, un modèle encore plus pratique – par exemple une lampe Lili frontale – serait certainement plus facile à utiliser et moins contraignant pour un enfant.
Dernier point, ils trouvent la lampe relativement chère, surtout quand on sait que la prise en charge des outils d’aide pour les dyslexiques est encore quasi inexistante.
Je tiens à remercier chaleureusement Jules et ses parents, sans lesquels la rédaction de ce test n’aurait pas été possible.
L’avis de Marine, 21 ans
La lampe Lili a été testée par Marine, âgée de 21 ans et atteinte de dysorthographie et d’une légère dyslexie, les deux troubles ayant été diagnostiqués vers ses 16 ans.
Elle aime la lecture mais n’arrive pas à lire de longues phrases en continu. Elle lit généralement en « diagonale » car elle n’arrive pas à se focaliser sur une ligne précise. Voici son avis :
« J’ai utilisé la lampe pendant trois semaines, chaque soir pendant 1h30 à 2h.
Dès le commencement, j’ai vu tout de suite les effets procurés par la lampe. Pendant les 15 premières minutes, comme on n’est pas habitué, j’ai commencé à avoir mal aux yeux, j’étais un peu éblouie. J’ai adapté les lumières à mon rythme de lecture, mon allure et mes préférences de luminosité. Au bout de 25 minutes, je me suis habituée et la lecture se lance toute seule.
La lampe permet de se concentrer plus facilement sur une ligne précise et limite les sauts de lignes.
Si les flashs de la lampe sont trop lents, ça me donne mal à la tête au bout d’un certain temps. S’ils sont trop rapides, l’effet de la lampe n’est plus efficace après quelque temps de lecture. Mais avec une vitesse moyenne, la lecture est fluide et plus précise.
Je n’ai pas compris les autres fonctions de l’application. Il manque un peu d’explications pour pouvoir s’en servir.
La lumière blanche de la lampe permet de rester concentrer. La lecture a tendance à m’endormir, mais avec la lampe, j’arrive à me tenir éveillée et concentrée. Je ne perds pas le rythme de lecture et je comprends mieux le fil de l’histoire et les moments importants.
