En résumé
Surprenant son monde lors de son officialisation, puisque le public s’attendait à une version plus musclée du Canon EOS R, l’EOS RP se présente comme une version compacte de son aîné. Il en profite pour s’adresser à un plus large public grâce à un prix de vente presque deux fois moins élevé, pour finalement peu de compétences en moins. On perd un peu en définition d’écran, de viseur, en résolution de capteur, et en fonctionnalités vidéo. On y gagne un appareil plus abordable, un peu plus léger et plus simple à aborder, qui se mariera d’ailleurs très bien avec de courts objectifs pour de la photographie de rue. S’il offre des capacités de recadrage moins importantes que son aîné, nos tests de résolution, d’homogénéité ou de centrage laissent apparaître de belles compétences. La restitution des détails est également fine, et le système s’adapte à tous les usages. S’il n’est clairement pas le meilleur hybride plein format du moment, il se présente comme une bonne manière d’appréhender le plein format hybride chez Canon.
Note technique
Les plus et les moins
- Un format un peu plus compact et un poids moins élevé
- Bonne restitution des détails sur notre scène test
- Centrage et homogénéité des images
- Polyvalence avec l'optique RF 24-105 mm (paysage, reportage, et même portraits…)
- Une autonomie faible pour un tel boîtier
- Capacités de recadrage moins élevées que pour l'EOS R
- Fonctionnalités vidéos très minces (pas de 4:2:2 10 bit en HDMI)
Notre test détaillé
Après avoir lancé son EOS R en septembre 2018, emboitant le pas à Nikon et ses Z6 et Z7, Canon a décidé d’alimenter rapidement sa gamme. Il a alors proposé un EOS RP qui se veut une version plus abordable de son hybride plein format, se délestant de certaines caractéristiques. En voici le test.
Design et ergonomie
La prise en main
Avec son EOS RP, Canon cherche à offrir une alternative plus abordable à son EOS R présenté quelques mois auparavant et testé à cette adresse. Outre l’envie de vendre en plus grands volumes avec un appareil presque moitié moins cher, Canon y voit certainement l’occasion de convaincre un public souhaitant passer d’un reflex à un hybride dans une gamme semi-pro. Et s’il est plus abordable, c’est aussi parce qu’il abandonne certains composants, se rendant d’ailleurs un peu plus compact et léger. Ainsi, l’EOS RP affiche des dimensions de 132,5 x 88 x 70 mm contre 137 x 101 x 83 mm pour le R, mais se distingue surtout lors de la pesée avec un poids de 449 grammes (sans objectif) contre 652 grammes pour son aîné. Si cette différence de poids est assez significative en prenant le boîtier nu, elle est tout de même bien plus modérée lorsqu’on associe ces deux appareils à l’optique RF 24-105mm f/4L IS USM, où l’on dépasse le kilo dans les deux cas.
Malgré un léger rabotage, notamment sur la poignée qui perd en profondeur, la prise en main de ce produit nous a paru assez similaire à celle de l’EOS R. Canon semble avoir conservé le même grip, installé sur la poignée, et une légère excroissance sur l’extérieur de la tranche droite permet d’installer confortablement son pouce. Mais nous n’avons rien noté de particulièrement marquant. Quoi qu’il en soit, ce format un peu plus compact que l’EOS R nous fait d’autant plus penser que cet appareil se montrerait idéal en photographie de rue, associé à un objectif court tel qu’un 50 mm ouvrant à f/1.8. Pour l’heure, il n’existe pas une telle référence chez Canon, à moins d’aller piocher dans le riche parc optique de la monture reflex. Cela tombe bien puisqu’une bague d’adaptation est fournie avec le boîtier.
Pour passer rapidement en revue les changements opérés sur l’EOS RP par rapport à l’EOS R, débutons par la disparition de l’écran de contrôle sur le dessus du boîtier, qui laisse place à une roue crantée permettant de choisir le mode de prise de vue. Ce bouton Mode était auparavant intégré à la molette accessible depuis le pouce droit. Ce sélecteur de mode est bien plus pratique quand il est comme ici intégré de façon plus traditionnelle. D’ailleurs, la touche Lock, déjà présente sur le R, est cette fois incluse à la molette nommée ci-dessus. On relève également la disparition de la touche tactile située à droite du viseur. N’ayant pas vraiment fait l’unanimité, son retour sur un prochain produit ne paraît pas garanti.
Pour offrir un produit plus abordable, Canon a aussi fait des choix sur le matériel embarqué. Le viseur, par exemple, baisse de définition à 2,36 millions de points contre 3,69 millions de points sur l’EOS R, en plus de son format plus étroit. L’écran LCD affiche également une baisse de définition avec 1,04 million de points contre 2,10 millions sur l’EOS R. Il reste toutefois agréable à utiliser, et sa baisse de définition ne choque pas. L’écran affiche d’ailleurs une diagonale moins grande de 3 pouces contre 3,15 pouces sur l’EOS R. Rappelons qu’il est tactile et installé sur rotule, ce qui permet d’être déporté sur la gauche de l’appareil et orienté dans toutes les directions.
Autre changement ergonomique à signaler : le logement SD est désormais intégré sous le capot abritant la batterie, alors qu’une trappe dédiée se situe à droite sur l’EOS R. C’est un peu moins pratique, mais c’est une configuration que l’on retrouve souvent sur des appareils d’entrée ou de milieu de gamme. Puisqu’on parle de batterie, il est à noter que cet appareil est annoncé moins endurant que son aîné par Canon (CIPA), avec une autonomie estimée de 210 images en EVF contre 350 pour l’EOS R. Le Mode éco sur écran LCD permettrait de la faire grimper à 270 images, contre 560 sur son grand frère. Il n’utilise en effet pas la même batterie, il s’agit ici d’une LPE-17, la même utilisée par des modèles comme l’EOS 800D ou l’EOS 200D. Durant nos essais sur le terrain, nous avons effectivement constaté une endurance bien moins prononcée pour cet appareil que pour l’EOS R, ce qui pourra nécessiter de partir avec une ou plusieurs batteries de rechange pour de longs reportages.
Enfin, l’EOS RP a sûrement moins vocation à être emmené en terrains difficiles. En effet, il ne bénéficie pas d’une tropicalisation complète qui lui aurait offert une protection plus importante contre la pluie et la poussière. On évitera donc de faire des shootings en extérieur pendant la mousson, ou de l’emmener sur un Paris-Dakar.
Connectique
Du point de vue de la connectique, on pourrait de prime abord croire que le RP et le R sont similaires. Mais l’USB Type-C du RP est normé USB 2.0 quand celui du R est normé USB 3.1. Le boîtier embarque par ailleurs une sortie mini HDMI (type C, compatible HDMI-CEC), une prise microphone externe, une prise casque (mini-prise stéréo), et une prise télécommande. Les connexions sans fil sont assurées par du Wi-FI IEEE 802.11 b/g/n et du Bluetooth.
Fonctions
D’abord, il nous faut admettre que les menus conçus par Canon nous semblent plus simples à appréhender que chez certains autres constructeurs. Les menus sont assez clairs et le menu Q est pratique à utiliser, avec un défilement vertical des fonctions et un choix horizontal du mode désiré. Tout n’est évidemment pas parfait, et il n’est pas tout à fait aisé de trouver les fonctions de paramétrages de boutons. Comme lorsque nous avons voulu associer l’ouverture du diaphragme à la bague la plus au bout de l’objectif.
En effet, dans un menu dédié, il est possible d’associer une fonction parmi 9 sur la bague de l’objectif. On peut par exemple choisir d’y associer l’ouverture, la vitesse d’obturation, ou la compensation d’exposition. Ce même menu permet de configurer les deux molettes de l’appareil, mais avec un choix plus restreint pour les deux : réglage de la vitesse ou de l’ouverture. Ainsi, il n’est pas permis d’associer à ces molettes le réglage des ISO, ce qui aurait pu être pratique pour qui voulait associer l’ouverture du diaphragme à l’objectif, la vitesse à une molette, et les ISO sur l’autre. Cela nous saute d’autant plus à l’esprit que le boîtier ne propose pas de touche dédiée aux ISO. Pour y accéder sans toucher l’écran tactile, il faut appuyer sur la touche m-Fn, sélectionner ISO, puis déplacer la molette sous l’index. Ce qui peut être fastidieux.
Malgré l’utilisation d’un processeur d’image DIGIC 8, la rafale est un peu plus molle encore qu’elle ne l’est déjà sur l’EOS R, et tombe même à 3,5 images par seconde. On trouve sur le marché des produits plus recommandables pour ceux qui souhaitent immortaliser des scènes de sport ou des spectacles.
Résolution
Afin de ne pas trop empiéter sur le terrain de son aîné, l’EOS RP ne propose pas tout à fait la même configuration de capteur. S’il s’agit bien d’un plein format CMOS, il propose ici 26,2 MP contre 30,4 MP pour l’EOS R. La taille maximale des images atteint donc 6240 × 4160 contre 6720 × 4480 pixels.
Testé avec la polyvalente optique RF 24-105mm f/4 L IS USM, l’EOS RP a montré des capacités de recadrage moins impressionnantes que son aîné. Il faut dire que ce dernier fait partie des meilleurs appareils plein format dans ce domaine, offrant des recadrages allant jusqu’à 85 % selon les focales. L’EOS RP ne démérite pas pour autant puisqu’on obtient des recadrages de 62 à 65 % (possibilité de ne conserver que 38 à 35% de l’image) aux focales 50, 70 et 85 mm. C’est au 28 mm que l’appareil est moins convaincant, avec des capacités de recadrage de 50 %.
À toutes les focales évaluées, le système présente un excellent centrage ainsi qu’une excellente homogénéité. Cela signifie que la qualité est toujours meilleure au centre, et que peu d’écarts de résolution sont constatés entre le centre et les bords de l’image. Recadrer en bordure de l’image n’est donc pas un problème.
Restitution des détails (sensibilité)
Pour évaluer la sensibilité, nous soumettons notre scène test aux APN afin d’évaluer leur niveau de restitution des détails en situation. Cette scène test se compose de modules avec différentes matières, textures et couleurs, tandis que la situation choisie correspond à un niveau d’éclairement moyen (500 Lux), équivalent à celui d’un salon en lumière tamisée.
La restitution des détails est vraiment fine, puisqu’il est possible de lire facilement jusqu’au corps 8, voire 6, sur la zone de texte, ou encore de distinguer les fines trames de tissu. Ceux qui voudraient s’essayer à la photographie de portrait obtiendront du détail dans le grain de peau (exemple : reproduction des cuirs) ou la captation des cheveux où l’effet est naturel, même si la restitution est moins probante au 70 et au 85 mm, comme on le constate régulièrement avec les zooms. Sans réelle faiblesse, le système se prête à la photographie de paysage (exemples : végétation et détails des minéraux) voire même à de la photographie plus artistique (exemples : teintes de blancs et de noirs).
Qualités optiques
Le Canon EOS RP associé à l’objectif RF 24-105mm f/4L IS USM se montre sans surprise très bon du point de vue des qualités optiques. Le système ne présente pas de défaut particulier, que ce soit en matière d’astigmatisme, de distorsion géométrique ou d’aberrations chromatiques.
Vidéos
Le Canon EOS R n’avait déjà pas vraiment convaincu en matière de vidéo, et ne semblait pas se destiner à un public de vidéastes, qui lui préféreront bien d’autres produits tels que le Nikon Z6 ou la souplesse du système micro 4/3 d’un Lumix GH5. Pour son RP, Canon a encore supprimé quelques fonctions pourtant bien pratiques. Par exemple, l’enregistrement vidéo en 4K (3840 x 2160 pixels) se fait à 25 fps seulement contre 30 fps sur l’EOS R, et ce malgré un crop moins désavantageux de 1,6x (1,74x sur l’EOS R). Ne comptez pas non plus sur l’enregistrement 4:2:2 10-bit en sortie HDMI, ni sur le profil d’image C-log, puisqu’il faut se contenter du 4:2:2 8-bit (et 4:2:0 8-bit en interne). On note toutefois qu’un mode d’enregistrement Full HD à 60 ips est disponible.
Galerie d’images
Vous pouvez naviguer dans notre galerie d’images afin de visualiser des exemples de clichés pris avec l’EOS RP. Notez que ceux-ci ont été réalisés en qualité Fine et exportés en JPEG ou RAW.
Conclusion
Surprenant son monde lors de son officialisation, puisque le public s’attendait à une version plus musclée du Canon EOS R, l’EOS RP se présente comme une version compacte de son aîné. Il en profite pour s’adresser à un plus large public grâce à un prix de vente presque deux fois moins élevé, pour finalement peu de compétences en moins. On perd un peu en définition d’écran, de viseur, en résolution de capteur, et en fonctionnalités vidéo. On y gagne un appareil plus abordable, un peu plus léger et plus simple à aborder, qui se mariera d’ailleurs très bien avec de courts objectifs pour de la photographie de rue. S’il offre des capacités de recadrage moins importantes que son aîné, nos tests de résolution, d’homogénéité ou de centrage laissent apparaître de belles compétences. La restitution des détails est également fine, et le système s’adapte à tous les usages. S’il n’est clairement pas le meilleur hybride plein format du moment, il se présente comme une bonne manière d’appréhender le plein format hybride chez Canon.