En résumé
Panasonic a mis les petits plats dans les grands pour faire son entrée sur le marché de l’hybride plein format. La marque a porté une attention particulière aux détails, et arrive avec une proposition différente de ses habitudes. Il s’agit d’un appareil imposant et lourd, plus que sa concurrence immédiate, mais sans concessions. Son viseur est effectivement impressionnant, sa robustesse ne laisse que peu de doutes, et ses compétences photographiques et vidéographiques, à éprouver lors d’un test complet, sont déjà palpables.
Notre test détaillé
Ça y est, les Panasonic Lumix S1 et S1R sont là, après l’annonce de leur développement il y a quelques mois. Un développement qui était alors bien avancé puisque la marque a convié la presse à Barcelone seulement trois mois plus tard afin d’essayer des modèles de pré-production, et se forger de premières opinions sur un appareil dont la marque semble particulièrement fière. Nous avons pu jouer quelques heures avec, et voici nos premières impressions.
D’abord, oubliez une partie de ce que vous connaissiez sur la conception des boîtiers Panasonic, c’est-à-dire ce qui a trait à leur compacité et leur légèreté. La question posée en interne lors de sa conception a davantage tourné autour de la manière d’offrir un boîtier complet pour les professionnels que de celle d’intégrer le plus d’éléments possible dans un châssis contenu. Avec le S1, pas question de shooter à une main à la volée puisqu’il faudra vraiment employer ses deux mains pour tenir correctement l’appareil. C’est en tout cas vrai avec l’objectif 24-105 mm que nous avons essayé, ainsi qu’avec le 50 mm f/1.2 de l’entreprise, même si celui-ci possède un positionnement particulier. Avec le zoom cité précédemment, comptez sur un poids de 1,7 kg, dont 1020 grammes pour le boîtier seul (avec carte XQD et batterie). Rien à voir avec des GH5s ou G9, dont la compacité constitue l’une des forces premières.
Un boîtier robuste et imposant
Si ce boîtier est imposant, c’est évidemment parce que Panasonic ne le destine pas particulièrement au “très grand public”, même si certains curieux peuvent se laisser tenter. La cible est un utilisateur semi-professionnel ou professionnel, et la marque assure avoir beaucoup consulté ses ambassadeurs pour son élaboration. Ce serait par exemple à eux que l’on doit l’écran tri-axial sur charnière, préféré à un écran sur rotule qui risque plus la casse dans des conditions de prise de vue difficiles. Une charnière qui paraît extrêmement résistante, puisqu’une représentante de Panasonic s’est amusée à la malmener devant nous, en tenant l’appareil par l’écran déployé. Une démonstration à la fois surprenante et quelque peu impressionnante, bien que l’on déconseille fortement de jouer à cela trop souvent.
La poignée est large et bien creusée, et le constructeur n’a pas été avare en épaisseur de grip, ce qui permet de tenir sereinement le boîtier lors de son utilisation. Certains détails ne sont pas pour nous déplaire, comme le système de fermeture de la trappe pour cartes SD et XQD qui prend la forme d’un bouton poussoir, un peu comme la marque l’avait initié avec son Lumix GX9, mais dans une version plus imposante et avec un levier à faire glisser. On pense également au signal sonore et visuel lorsqu’on commence à shooter alors que cette trappe n’est pas fermée, ou encore aux caches pour ports USB et HDMI qui restent rigides lorsqu’ils sont ouverts, contrairement à ceux des boîtiers Alpha de Sony qui pendent et peuvent gêner en utilisation. On est un peu moins convaincu par le bouton d’allumage du boîtier, trop éloigné d’un bord pour être actionné du pouce, même si certains nous répondront que cela évite des accidents, et à raison peut-être. Autre détail intéressant : l’ajout d’un bouton “Lock” qui verrouille les boutons à l’arrière du boîtier pour éviter les mauvaises manipulations. Enfin, ceux qui se sont déjà retrouvés en pleine nuit à photographier avec un boîtier hybride apprécieront ici l’ajout de touches rétroéclairées, qui évitent d’avoir à désespérément chercher une petite source de lumière pour accéder aux réglages.
Rappelons que le boîtier est entièrement tropicalisé, peut résister à des températures allant jusqu’à -10° Celsius (ou + 40°C), et on imagine qu’une petite chute ne le réduira pas en morceaux, même si nous n’avons pas spécialement éprouvé sa résistance sous le climat très doux de Barcelone.
Le viseur le mieux défini du marché
L’un des atouts phares de ce Lumix S1 réside dans son viseur électronique OLED. Panasonic n’y est pas allé avec le dos de la cuiller, puisqu’il gratifie l’appareil d’un modèle de 5,76 millions de points, censé s’approcher au plus près de la vision humaine. Avec son grossissement 0,78x, il est franchement confortable à utiliser, et permet de prévisualiser avec précision une image. Notez également que son taux de rafraîchissement est de 120 ips, et que sa latence est de 0,005 seconde. À la question de savoir si un viseur à ce point défini est un véritable élément de différenciation dans l’industrie photo, il devient difficile de répondre. L’année 2018 a été marquée par l’amélioration des viseurs électroniques et certains récents modèles ont impressionné. Sur des diagonales si petites, la différence entre les 3,69 MP du X-T3 et les 5,76 MP ne nous a pas semblé si importante. Il faudrait pouvoir jouer avec ces deux produits en même temps pour se faire une idée plus précise.
En parlant de ce qui a trait à la visée, nous avions également hâte d’essayer l’autofocus du produit, ici dopé à l’intelligence artificielle. La reconnaissance et le suivi des sujets – du moins des humains puisque nous n’avions pas d’animaux à disposition – marchent vraiment bien, tout comme la détection de l’œil. Nous avons pu constater sa pertinence sur de la photographie de portrait, en studio dans notre cas, où le boîtier est capable de faire la mise au point sur la paupière lorsque l’œil n’est plus visible, ce qui est franchement pratique. La rapidité de mise au point est de mise, et l’appareil ne semble pas être mis en défaut souvent, même avec les sujets en mouvement.
Une qualité d’image prometteuse
Avant d’exprimer quelconque opinion sur la qualité des images fournies par ce boîtier, rappelons qu’il s’agit là d’un modèle de pré-production et que des ajustements sont susceptibles d’être opérés par la marque avant sa sortie commerciale. Nous vous laissons tout de même apprécier quelques images redimensionnées, prises avec les objectifs 24-105 mm f/4 et 50 mm f/1.4.
En situation donc, le Lumix S1 nous a paru très réactif, et nous avons pu observer un peu la qualité de son autofocus, avec une mise au point sur l’œil effectivement efficace. Utilisé dans des conditions de studio, le Lumix S1 associé au 50 mm propose une précision assez impressionnante, avec déjà beaucoup de détails. On imagine que le Lumix S1R est encore plus précis sur ce genre d’exercice, bien que nous n’ayons pas eu l’occasion de l’essayer. Le 24-105 mm n’est pas en reste, loin de là, avec un piqué qui semble au rendez-vous, et il propose même un intéressant bokeh, surtout que la mise au point minimum est de 30 cm. Les montées en sensibilité ne semblent pas faire peur au boîtier non plus, et le cliché ci-dessous, effectué à 3200 ISO, ne comporte pas la moins trace de perte de détails ou de bruit.
Enfin, nous avons pu tourner une petite séquence à partir du mode Slow Motion Full HD à 180 images par seconde proposé par le boîtier. Une fonction sympathique, surtout quand il s’agit de détailler la fabrication de la crème catalane.
Conclusion
Panasonic a mis les petits plats dans les grands pour faire son entrée sur le marché de l’hybride plein format. La marque a porté une attention particulière aux détails, et arrive avec une proposition différente de ses habitudes. Il s’agit d’un appareil imposant et lourd, plus que sa concurrence immédiate, mais sans concessions. Son viseur est effectivement impressionnant, sa robustesse ne laisse que peu de doutes, et ses compétences photographiques et vidéographiques, à éprouver lors d’un test complet, sont déjà palpables.