Elle est enfin arrivée, la manette « Pro » dédiée à la PlayStation 5. Une première pour Sony, qui aura fort à faire pour convaincre face à une concurrence déjà bien implantée. Alors, on craque ?
En résumé
La DualSense Edge est une manette haut de gamme à destination des professionnels du gaming. Mais pas seulement. À la manière de la Xbox Elite Series 2 de Microsoft, elle a aussi vocation à apporter aux joueuses et joueurs de blockbusters solo un confort supplémentaire grâce à des boutons additionnels et à un contrôle total de la sensibilité des touches. Un peu le séant entre deux chaises, la première manette Pro de Sony conjugue de très bonnes idées (les sticks amovibles, les différents types de palettes) à des choix qu’on a du mal à saisir (pourquoi uniquement deux boutons dorsaux ?). Aussi, il faut se demander si la DualSense Edge répondra réellement aux besoins des gamers les plus compétitifs qui, le plus souvent, ont de toute façon une sainte horreur des sticks symétriques. Un produit pour le moins étonnant, donc, qui plus est vendu à prix d’or, qui respecte néanmoins sa promesse : celle d’être la meilleure façon de profiter de ses jeux PlayStation 5.
Note technique
Les plus et les moins
- Une manette a l'air robuste
- Les palettes dorsales très agréables à utiliser
- Des sticks amovibles
- Différentes profondeurs de course pour les gâchettes
- Une manette pro qui s'adresse aussi aux joueurs solo
- Profils enregistrés dans la manette pour les emporter partout (même sur PC)
- Pourquoi pas 4 palettes dorsales ?
- Les touches Fn pourraient être plus utiles
- Toujours ces fichus sticks symétriques
- Pas de dongle 2,4 GHz pour un usage sans fil et sans latence sur PC
Notre test détaillé
Officialisée l’été dernier, la DualSense Edge est la toute première manette professionnelle conçue et commercialisée par Sony. Elle est exclusive à la PlayStation 5, et vient se poser en réponse évidente – et très tardive – à la Xbox Elite Series 2 de Microsoft.
Résolument premium, elle vise en priorité les joueuses et les joueurs compétitifs qui trouveront précieuses ses différentes fonctionnalités additionnelles. Des fonctionnalités qui se paient néanmoins rubis sur l’ongle : la manette sera disponible le 26 janvier pour 239,99 €.
Test réalisé sur une manette fournie par PlayStation.
Design et ergonomie
Cela saute aux yeux : la DualSense Edge ressemble à s’y méprendre à la DualSense fournie avec la PS5. Elle est néanmoins plus lourde, avec 336 grammes sur la balance contre 234 grammes pour sa petite sœur.
Esthétiquement, il existe néanmoins quelques menues différences. D’abord, les branches par lesquelles on se saisit du pad ne sont plus biseautées, mais légèrement arrondies à leur extrémité. La prise en main n’en est, d’après nous, que plus agréable au long cours. Ensuite, les gâchettes L2 et R2 profitent désormais d’un aspect texturé antidérapant.
Aussi, et c’est l’apanage des manettes « Pro », la DualSense Edge embarque plusieurs boutons additionnels qui vont permettre de façonner son expérience de jeu de façon granulaire. Commençons par l’arrière de la manette. On trouve de part et d’autre du dos un petit curseur qui permet de régler la profondeur de course des gâchettes R2 et L2. En clair, on peut choisir entre une course profonde, notamment plus agréable pour les jeux de voitures, ou une course très courte, idéale pour accélérer la cadence de tir dans les FPS.
Toujours au dos, deux emplacements additionnels sont présentés afin de pouvoir y loger, au choix, deux palettes ou deux boutons additionnels. Rien que du très commun pour une manette professionnelle… au détail près que Sony se limite ici à une palette par côté. On a plutôt l’habitude de trouver quatre boutons supplémentaires, voire six dans le cas de la toute récente Razer Wolverine V2 Pro.
Un dernier bouton attire notre attention sur la face arrière. Baptisé « release », il permet de détacher la coque avant de la manette afin de pouvoir accéder aux sticks (symétriques) qui, c’est original, sont amovibles.
Pour quoi faire ? Tout simplement pour s’épargner de remplacer toute la manette dans l’éventualité d’un dysfonctionnement. Il sera en effet possible de remplacer ces modules moyennant 24,99 € sur la boutique officielle PlayStation. Un bon point pour la durabilité de la manette, d’autant que le processus est enfantin. Une fois la plaque avant retirée, il suffit de soulever le petit levier qui va libérer le bloc. Ne reste plus qu’à le tirer vers soi pour le détacher de l’ensemble.
Tant qu’à faire, nous aurions aussi apprécié la possibilité d’opter pour une disposition asymétrique, mais cela reviendrait pour Sony à dire qu’il fait fausse route en matière d’ergonomie depuis plus de 20 ans. On s’en passera… Mais peut-être pas les joueuses et les joueurs compétitifs les plus pointilleux qui, le plus souvent, ont en horreur ce genre de disposition.
Autre particularité des manettes dites « professionnelles », la DualSense Edge s’accompagne de quatre capuchons de sticks additionnels. Tous ont une forme de dôme, mais deux d’entre eux sont plus hauts que la moyenne pour s’adapter à celles et ceux qui souhaitent un meilleur contrôle de la sensibilité.
Nous reste à aborder le cas des deux derniers boutons additionnels de la DualSense Edge. Ceux-ci sont justement placés sur le module des sticks analogiques et portent le nom de Fn – pour fonction. Malgré un placement assez malin, accessible d’une tension du pouce, elles ne servent pour ainsi dire… à rien en jeu. En effet on s’en servira uniquement pour passer rapidement d’un profil de jeu à un autre, mais il est impossible de mapper une touche en particulier dessus.
Les fonctionnalités de la DualSense conservées
Vous le savez si vous avez lu notre test de la Razer Wolverine V2 Pro la semaine dernière : les manettes PS5 fabriquées par des constructeurs tiers doivent faire l’impasse sur les fonctionnalités propres de la DualSense. À savoir les retours haptiques HD et les gâchettes adaptatives. Très logiquement, la DualSense Edge ne souffre pas de ces sacrifices et les particularités de l’excellente manette de la PS5 sont ici conservées.
Autrement dit, s’il était difficile de recommander la manette de Razer aux joueuses et joueurs qui veulent simplement une manette personnalisable et polyvalente, notamment pour du jeu solo, la Edge convient parfaitement. Il s’agit ni plus ni moins d’une DualSense classique, laquelle offrirait tout un éventail de personnalisations et de fonctionnalités additionnelles pour s’adapter à tous les styles de jeu.
En clair, si vous avez le budget et souhaitez vous faire plaisir avec une manette premium pour profiter de tous vos jeux PlayStation 5, qu’ils soient solo ou multijoueur, la DualSense Edge est sans doute la meilleure option. Mais la manette, vendue rappelons-le le prix de presque quatre DualSense classiques, mérite-t-elle vraiment la dépense ?
DualSense Edge : à quoi ça sert ?
Le véritable intérêt d’une manette « pro » est discutable. Est-on plus doué à la guitare si l’on s’offre la Stratocaster de Jimi Hendrix ? Court-on aussi vite qu’Usain Bolt en chaussant des Puma hors de prix ? La réponse est non. Par contre, ces beaux objets donnent envie de jouer de la guitare et d’avaler des kilomètres de pistes. De la même façon, la DualSense Edge donne envie de jouer à la PS5.
Pour ma part, la raison est assez simple : j’adore les palettes. En particulier le modèle « bouton » que je trouve très discret et idéalement placé. Sur mes FPS préférés, j’ai paramétré la touche sprint (appui sur le stick gauche) sur la palette arrière gauche et le bouton de glissade (O) sur la palette droite. Ainsi j’évite d’avoir à utiliser les traditionnels croix, rond, carré, triangle de ma manette et suis donc plus réactif en jeu. Est-ce que ça change réellement la donne ? Je suis bien trop médiocre sur les jeux en ligne pour répondre correctement à cette question. Par contre, est-ce que c’est plus confortable ? Mille fois oui.
Là est tout l’intérêt de la DualSense Edge. Dès qu’on la branche à sa console, l’OS de la PlayStation 5 nous fait un tour du propriétaire et nous invite à créer un profil. La grande variété des options disponibles donne le tournis. Non seulement peut-on remapper virtuellement toutes les touches de sa manette (au point de placer le bouton croix sur la gâchette R1 par exemple), mais aussi régler finement la courbe de sensibilité des gâchettes et des sticks analogiques. On peut opter pour quelque chose de très nerveux, sans aucune inertie pour les jeux de combat ou, au contraire, un schéma très progressif idéal – selon moi – pour les jeux de tir.
Pour ces derniers, on pourra d’ailleurs basculer à la volée entre plusieurs profils grâce aux touches Fn abordées plus haut. Pour les combats à distance, on préférera notamment une sensibilité moindre pour viser correctement. Pour les escarmouches rapprochées, la réactivité prime. Il suffit de maintenir Fn et de presser carré, rond, croix ou triangle pour charger instantanément le profil. Ingénieux, et vertigineux de profondeur.
La bonne nouvelle, c’est que tous ces réglages s’inscrivent ensuite dans la mémoire interne de la manette. Autrement dit, si vous l’embarquez pour jouer chez un ami, en compétition ou tout simplement que vous souhaitez l’utiliser sur PC, vos réglages (et vos profils) restent utilisables. La contrariété étant, sur PC, qu’il est impossible de les modifier – il faut forcément le faire depuis une PS5.
Concernant le jeu sur PC, la DualSense Edge fonctionne exactement comme sa petite sœur. À savoir qu’il est tout à fait possible de l’appairer en Bluetooth, mais au sacrifice des retours haptiques et des gâchettes adaptatives qui, sur les jeux compatibles, ne sont disponibles qu’en filaire.
L’épineux sujet de l’autonomie
La nouvelle a fuité quelques semaines avant la sortie de la manette : oui, la DualSense Edge a une autonomie décevante… encore plus décevante que la DualSense classique qui, déjà, est loin de briller à ce chapitre.
Alors oui, il y a matière à froncer les sourcils… Mais doit-on vraiment en tenir rigueur à Sony ? Pas si sûr. Voyez plutôt : par essence, les manettes « pro » ont vocation à proposer les meilleures performances possibles. Des performances qui, dans tous les cas, ne sont atteintes qu’avec une connexion filaire afin de se débarrasser de toute forme de latence inhérente au Bluetooth ou à une connexion wifi 2,4 GHz.
Par conséquent, oui, sans fil, la DualSense Edge sera à bout de souffle après cinq heures de jeu. Mais on trouve dans la boîte de la manette un câble USB-C tressé de plus de 2 mètres, qui a la bonne idée d’être fourni avec un verrou afin d’éviter toute déconnexion accidentelle.
Suffisant pour pardonner, alors même que la Wolverine V2 Pro dont nous parlions plus haut revendique plus de 20 heures d’endurance ? Pas si sûr. Du moins cela dépendra de ce que vous recherchez avant toute chose dans ce type de périphérique.
Conclusion
La DualSense Edge est une manette haut de gamme à destination des professionnels du gaming. Mais pas seulement. À la manière de la Xbox Elite Series 2 de Microsoft, elle a aussi vocation à apporter aux joueuses et joueurs de blockbusters solo un confort supplémentaire grâce à des boutons additionnels et à un contrôle total de la sensibilité des touches. Un peu le séant entre deux chaises, la première manette Pro de Sony conjugue de très bonnes idées (les sticks amovibles, les différents types de palettes) à des choix qu’on a du mal à saisir (pourquoi uniquement deux boutons dorsaux ?). Aussi, il faut se demander si la DualSense Edge répondra réellement aux besoins des gamers les plus compétitifs qui, le plus souvent, ont de toute façon une sainte horreur des sticks symétriques. Un produit pour le moins étonnant, donc, qui plus est vendu à prix d’or, qui respecte néanmoins sa promesse : celle d’être la meilleure façon de profiter de ses jeux PlayStation 5.
